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16 février 2013 6 16 /02 /février /2013 09:12

Depuis plusieurs années, et en particulier sous Nicolas Sarkozy ministre de l'Intérieur puis président de la République, les problématiques de sécurité sont devenues un sujet majeur dans notre pays. Pour preuve, c'est ce qui a conduit, entre autres, à la défaite de Lionel Jospin en 2002 et à la victoire de Nicolas Sarkozy en 2007.

 

Le thème de la sécurité n'est évidemment pas nouveau et tous les candidats, des maires aux députés en passant par les conseillers généraux et régionaux, se doivent d'aborder ce sujet sensible au risque de passer pour des laxistes en cas d'impasse. Du petit village de campagne à la grosse métropole urbaine, la (in)sécurité est donc partout.

 

Mais croire que celle-ci est l'apanage du XXIème serait bien évidemment une erreur. De tout temps, depuis la naissance de l'humanité en fait, l'Homme a cherché à se protéger et à protéger ses biens, que ce soit par ses propres moyens ou par le biais d'un "structure collective" (Etat, royaume …). En revanche, et cela paraît indéniable, ces questions sont devenues prépondérantes dans le débat public depuis peu.

 

Et c'est sur ces raisons qu'il me semble intéressant de s'interroger.

Sur ce thème, et bien d'autres d'ailleurs, la politique peut être assimilée à un marché avec une offre et une demande. L'offre est ici constituée d'une politique sécuritaire musclée (plus dans les paroles que les actes en réalité) de la part de la droite et une politique plus timorée venant de la gauche, tout du moins avant l'arrivée de Manuel Valls place Beauvau. En face, on trouve une demande de sécurité, à la fois des biens et des personnes, des électeurs.

 

Comme en économie, une des deux composantes du marché, à savoir l'offre et la demande, prend l'ascendant et entraîne l'autre. Dans notre cas précis, il apparaît que c'est la demande qui conditionne l'offre et non l'inverse. En effet, c'est dans une visée électoraliste et afin de répondre aux attentes de la population que les questions de sécurité sont si présentes. C'est justement en raison d'une demande de l'électorat que l'offre politique sur ce sujet s'est développée.

 

Sur bien des sujets, les positions des électeurs ne sont pas forcément rationnelles. Et la sécurité fait clairement partie de ces sujets là.  Mais est-ce à dire que les inquiétudes et requêtes des Français sont totalement déconnectées de la réalité ? En vérité non. Ou plutôt pas complètement. Indéniablement la France n'est pas le pays des Bisounours et dire que tout va bien dans le meilleur des mondes serait idiot. Chacun est bien conscient que chaque jour connaît son lot de meurtres, viols, vols … Pour autant, la France n'est pas un pays en guerre avec des crimes à chaque coin de rue. Il existe certes des zones de non droit ou des lieux plus sensibles que d'autres mais cela ne constitue pas la majorité des cas.

 

Cela étant, il faut bien reconnaître qu'une partie de la population vit dans la peur. Pas forcément dans la peur de ce qui leur arrive mais plutôt de ce qui pourrait éventuellement leur arriver. Et c'est cette nuance, fondamentale à mon sens, qui fait toute la différence entre insécurité bien réelle et sentiment d'insécurité.

 

Sans nier tout problème d'insécurité, qui n'est en rien une lubie populaire, il est clair que le sentiment d'insécurité fait des ravages dans les foyers. Aujourd'hui les gens sont plus méfiants et ont davantage peur qu'autrefois. Ce phénomène conduit alors à une demande de toujours plus de sécurité, notamment chez les particuliers. On voit alors se multiplier portails, barrières et digicodes comme si l'enfermement était la solution à tous les problèmes.

J'en prends comme exemple mon cas personnel. Je vis actuellement dans une copropriété dont la majorité des habitants sont des retraités. Le quartier est assez calme avec quasiment aucune nuisance ni dégradation hormis une voiture brulée à l'occasion. On est donc loin des cités remplies de dealers ! Pourtant, il nous a été proposé de fermer le quartier par des portails, justement pour des questions de sécurité. Soi-disant que cela rassurerait les gens et sécuriserait les lieux. Pire, j'ai même entendu certains résidents invoquer la peur de l'agression pour justifier ce projet. Preuve que parfois la peur annihile toute capacité de réflexion.

 

Le sentiment d'insécurité né donc et est entretenu par les peurs des gens. Peurs qui peuvent être légitimes par moment mais qui reposent parfois sur des réalités fantasmées. Comme je le disais précédemment, les gens sont aujourd'hui plus craintifs. Si les délinquants et criminels ne sont pas forcément plus nombreux qu'auparavant, il apparaît que leurs méfaits sont davantage connus. A l'ère du tout communication et en raison des évolutions technologiques, l'information se diffuse partout et plus vite. La moindre violence est donc connue de tous ce qui donne l'impression d'un accroissement de celle-ci. Il n'y a qu'à voir l'importance accordée aux faits divers dans les médias pour s'en rendre compte. Sans parler d'une partie de la classe politique, et notamment la droite et l'extrême droite, qui joue largement sur les peurs des gens pour récolter des voix.

 

L'action combinée des médias et des politiques à laquelle s'ajouter la réalité des faits conduit finalement à entretenir un climat de tension permanente au sein de la population et à cultiver un sentiment de méfiance générale aboutissant parfois à un recul net de la fraternité et de la solidarité.

 

Les questions de sécurité sont donc à la fois sensibles et complexes dans la mesure où il est nécessaire de traiter des problèmes concrets dans un contexte intellectuel particulier. Si certains jouent la carte de l'apaisement d'autres, dont c'est le fonds de commerce, n'hésitent pas en revanche à mettre de l'huile sur le feu pour des raisons purement électoralistes.

C'est donc pourquoi le sentiment d'insécurité, s'il s'agit d'un phénomène contemporain, a encore de belles années d'existence devant lui.

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