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28 mai 2014 3 28 /05 /mai /2014 19:44

C'est dimanche soir à 20h00 que les résultats des élections européennes sont tombés. Et pour beaucoup la nouvelle a été catastrophique. Certains ont même parlé de véritable séisme et chacun y est allé de son petit commentaire.

 

Mais de quoi parle-t-on en réalité ? Rien de plus qu'un évènement annoncé depuis longtemps. Un évènement que beaucoup avaient anticipé et que d'autres ont préféré ignorer.

Oui le Front National a remporté les élections européennes en France.

Oui le parti de Marine Le Pen est arrivé en tête dans la plupart des circonscriptions électorales.

Et oui ce résultat était clairement prévisible même si certains, notamment au gouvernement, n'ont pas voulu le voir.

 

Il est facile aujourd'hui de se lamenter sur le score du FN et de jeter l'anathème sur ses électeurs. Mais il serait nettement plus utile et intéressant de s'interroger sur les raisons d'un tel vote. Car la carte du Français xénophobe ne peut à nouveau être abattue.  

 

Le vote Front National est aujourd'hui plus vaste et plus complexe qu'il ne l'était auparavant. Et il revêt dorénavant des réalités sociologiques, économiques et géographiques bien différentes. Dans cette élection, le FN a bénéficié d'un contexte plutôt favorable et s'est appuyé principalement sur trois facteurs : situation économique et financière du pays déplorable, rejet de l'UE et contestation du PS et de l'UMP qui déçoivent chaque jour un peu plus.

 

Cette élection européenne, aux enjeux importants mais aux conséquences indirectes sur notre pays, a donc été le moyen pour les électeurs d'envoyer un message au pouvoir en place. Plus encore que les municipales. Le FN a ainsi pu capitaliser les voix de son propre socle électoral qui s'est mobilisé mais aussi celles des personnes opposées à l'Europe sans oublier évidemment toutes les voix de ceux qui ont "nationalisé" cette élection en votant contre le PS et l'UMP.

 

Comme souvent, le bulletin FN est donc davantage un vote contre qu'un réel vote d'adhésion à une ligne politique, même s'il est vrai que cela tend progressivement à s'inverser. Autrement dit, ce résultat ne conditionne en aucun cas l'issue des prochaines élections et cette victoire aux européennes n'implique pas forcément que les résultats aux autres scrutins seront du même ordre. Rien n'est alors joué d'avance et c'est à nos dirigeants de tenir compte des votes successifs.

 

Mais laissons quelque peu de côté le FN pour s'intéresser aux autres paramètres de ce scrutin. Car au final le FN n'est qu'un élément parmi d'autres.

L'abstention est ainsi une donnée toujours importante. Et contrairement à ce que je pensais, le taux d'abstention n'est pas si catastrophique que cela. Certes 57 % n'est pas un chiffre négligeable mais au vu du contexte national et européen, de la proximité avec les municipales et de la date choisie (fête des mères), on pouvait légitimement s'attendre à une participation bien plus faible. Cela étant, il est clair que l'abstention dans notre pays est un phénomène préoccupant.

 

S'agissant des résultats en eux-mêmes, on ne peut que constater que le PS (13,98 %) et l'UMP (20,79 %) engrangent des scores relativement faibles, ce qui me semble être une juste récompense pour l'ensemble de leur œuvre. Copé a beau additionner les résultats de l'UMP et de l'UDI-Modem pour passer artificiellement en tête, les résultats des partis de gouvernement traduisent un désaveu des Français.

 

Si le FN a bénéficié à plein de cette élection, il en est tout autrement pour le Front de Gauche qui réalise un score assez décevant avec 6,34 %. Bien qu'en pointe sur la lutte contre l'austérité et le traité transatlantique, le Front de Gauche n'a pas obtenu le résultat qu'il méritait. On peut penser que le manque de clarté dans le discours (position sur l'euro notamment) et les divisions passées à l'occasion des municipales ont pesé dans la balance. Sans parler du fait que l'électorat ouvrier visé se positionne davantage en faveur du Front National.

 

Parallèlement aux six forces traditionnelles qui trustent le haut du tableau (FN, UMP, PS, UDI-Modem, Europe-Écologie, Front de Gauche), on voit se développer dans ce scrutin deux "petits partis" portant tous deux une alternative et qui ont réalisé des scores plus qu'honorables au vu des leurs moyens. Je parle évidemment de Debout la République (3,82 %) et Nouvelle Donne (2,90 %). Bien sûr ces mouvements n'ont aucun élu au Parlement Européen et bien sûr ces résultats sont plutôt faibles. Mais il me semble important malgré tout de constater que ces partis ont nettement progressé par rapport aux dernières échéances électorales, à la fois en valeurs relative et absolue. Il sera alors intéressant de suivre l'évolution de ces partis lors des prochains scrutins.

 

Alors que retenir de ces élections ? Au final pas grand chose dans la mesure où tout était plus ou moins couru d'avance.

Au niveau national, on remarque une progression du FN en pourcentage mais pas forcément en nombre de voix. Ainsi que l'affaiblissement croissant des deux principaux partis de notre pays.

Au niveau européen, car il ne faut pas oublier que c'est de cela dont on parle, les conservateurs emportent la première place avec une courte majorité sur les sociaux démocrates. Bien que l'extrême-droite et les eurosceptiques progressent fortement par rapport à la précédente mandature, il est clair que le PPE et le PSE continueront à gouverner main dans la main. Bref, rien de nouveau sous le soleil d'Europe …

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23 mai 2014 5 23 /05 /mai /2014 23:07

"La France est notre patrie et l'Europe notre avenir". Telle était la formule lancée par François Mitterrand dans les années 1980.  Plus de trente après, cette phrase reste vraie pour un grand nombre de personnes et de partis politiques qui revendiquent leur attachement à l'Union Européenne. A l'inverse, d'autres courants expriment une pensée quelque peu différente s'opposant à cette Europe.

 

Et c'est justement entre ces différentes options que les électeurs auront à trancher dimanche. Car c'est bien en ce 25 mai qu'aura lieu le seul et unique tour des élections européennes. Comme tous les cinq ans, les Français auront donc la possibilité de s'exprimer sur leur vision de l'Europe.

 

Malgré des enjeux très importants pour notre pays, nous savons déjà que l'abstention sortira grande gagnante de ce scrutin. Outre des questions de date (fête des mères, arrivée des beaux jours, proximité avec les municipales), il est de coutume que les élections européennes n'attirent pas les foules et cette tendance s'accentue malheureusement d'année en année depuis la première élection en 1979.

 

Cela étant, pour ceux qui iront voter, le choix est on ne peut plus large. Tout du moins en quantité. Ainsi, dans le Sud-Est qui est ma circonscription de vote, 23 listes sont en compétition. Et le nombre est sensiblement le même dans les autres régions de France. Symbole d'un pluralisme ou dévoiement de la démocratie, chacun pourra en juger. Mais personnellement je trouve qu'il s'agit là d'une dérive de notre système démocratique qui conduit à la multiplication de listes de témoignage.

 

Attaché à la démocratie et au pluralisme politique, il peut paraître paradoxal de regretter le "surplus de candidats". Pour autant, je ne suis pas convaincu que cette situation serve la démocratie. Bien au contraire. En effet, on se retrouve aujourd'hui en présence de listes qui sortent de nulle part, sans réel programme européen et dont l'unique but est d'utiliser ce scrutin comme tribune pour leurs revendications. On remarque d'ailleurs que ces listes apparaissent pour la plupart uniquement à l'occasion des européennes et n'ont pas d'existence autre que cette élection. Sans parler d'une absence quasi-totale des panneaux électoraux et même des enveloppes contenant les professions de foi.

 

Heureusement internet existe et permet d'avoir accès à une information large et plurielle. Et chaque citoyen peut alors se renseigner sur chaque liste et faire son choix. Et c'est justement ce travail que j'ai cherché à effectuer. Suite à cela j'en suis arrivé à la conclusion qu'il existe quatre types de liste :

 

            - les listes européistes

Il s'agit de listes portées par des partis s'engageant clairement en faveur de l'Europe avec une tendance fédéraliste. On y retrouve notamment Europe Ecologie les Verts, l'UDI-Modem, le parti fédéraliste européen.

N'étant pas du tout sur cette ligne politique, je ne peux évidemment pas voter pour ces listes. En revanche, celles-ci ont au moins le mérite de la cohérence en affichant clairement leurs positions.

 

            - les listes de témoignage

Comme je le disais précédemment, ce sont des listes ayant des revendications ciblées mais sans réelle ambition européenne. Force Vie, Alliance royale, parti pirate … font parties de celles-ci. Outre des divergences de points de vue, je ne suis pas en adéquation avec les méthodes de ces partis.

 

            - les listes "schizophrènes"

UMP, PS, FN. Voila le tiercé gagnant des listes "schizophrènes". Pourquoi "schizophrènes" ? Pour la simple et bonne raison que ces partis tiennent un double discours entre Paris et Strasbourg. Bref, de vrais Janus des temps modernes. Comment continuer à croire les promesses de l'UMP et du PS (Europe sociale, réforme de l'espace Schengen …) alors que ces derniers n'ont rien fait lorsqu'ils étaient au pouvoir ? Comment faire confiance à des partis qui sont allés à l'encontre du référendum de 2005 en court-circuitant le peuple ?

Mais si l'UMP et le PS font la course en tête, le FN n'est pas loin derrière. Car il ne faut pas oublier que ce parti est présent au Parlement européen depuis plusieurs décennies. Et il est intéressant de constater que ses députés européens (famille Le Pen au premier chef) ne brillent pas par leur activité, sans parler de leur assiduité. Pire encore, leurs votes vont parfois à l'encontre des positions tenues en France, et notamment sur le traité transatlantique qui est un sujet majeur du moment. Et s'il fallait une raison supplémentaire de passer son chemin, outre les griefs traditionnels, la présence de Jean-Marie Le Pen et Bruno Gollnisch dans les premières places de la liste dans le Sud-Est me parait on ne peut plus suffisante.

 

            - les listes souverainistes

Et pour finir, pendant des listes fédéralistes, nous retrouvons les listes souverainistes. On peut en compter au minimum trois : Front de Gauche, Union Populaire Républicaine (UPR), et Debout la République (DLR). Ceux qui me connaissent quelque peu auront bien évidemment deviné que je penche en faveur de ces listes souverainistes.

Si j'ai effectivement quelques convergences avec le Front de Gauche (refus de l'austérité, lutte contre le traité transatlantique …), il n'en reste pas moins que des divergences existent (internationalisme, ambiguïté sur l'euro …), en particulier au niveau national.

S'agissant de l'UPR, j'ai quelques doutes sur la stratégie menée. D'une part, ce petit parti rejette toute discussion avec d'autres entités, ce qui me semble contre-productif. D'autre part, son programme européen se résume à sortir de l'Union Européenne par le biais de l'article 50 du traité de Lisbonne. En somme, on nous propose de nous engager dans un processus juridique long et complexe prévu par un traité dont la légitimité est remise en cause. Cela revient donc à persister dans un système que l'on dénonce et à suivre des règles que l'on rejette, ce qui est paradoxal. Par ailleurs, cette position conduit à privilégier le juridique au politique alors que je crois personnellement à la nécessité de réaffirmer la primauté du politique.

Reste alors les listes portées par Debout la République pour lesquelles je voterai dimanche. Outre ma proximité idéologique avec ce parti, je dois reconnaître que la campagne menée a été plutôt intéressante dans la mesure où elle a combiné critiques du système en place mais également propositions concrètes avec notamment la mise au point d'un traité alternatif de 26 articles.

 

Remettre en cause l'Union Européenne dans son fonctionnement actuel ne signifie pas être anti-européen contrairement à ce que peuvent dire certains médias et responsables politiques. Au contraire, c'est justement en dénonçant les dérives de cette Europe et en promouvant une nouvelle organisation plus démocratique, plus sociale et plus respectueuse des peuples qu'il sera possible de redorer l'idéal européen.

 

Partout en Europe les peuples se voient imposer une austérité sans fin et sont sommés de payer les pots cassés d'une crise dont ils ne sont pas responsables. Et les choses ne sont pas prêtes de s'améliorer dans la mesure où une oligarchie non élue négocie dans le plus grand secret un traité de libre échange avec les Etats-Unis. Traité qui aboutira sans douter à un nivellement par le bas de nos réglementations nationales.

 

Pour toutes ces raisons et plus encore, il est important d'aller voter dimanche. Il s'agit là d'une des seules possibilités pour les peuples d'Europe de s'exprimer et d'instiller un peu de démocratie dans cette machine infernale.

Et j'en terminerai par une phrase d'Albert Einstein qu'il conviendrait de méditer avant chaque élection : "Ne comptez pas sur ceux qui ont créé les problèmes pour les résoudre."

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6 mai 2013 1 06 /05 /mai /2013 17:41

Une fois n'est pas coutume, l'européisme béat a une nouvelle fois frappé dos dirigeants politiques. Dernier épisode en date, la fuite dans la presse d'un texte rédigé par le PS dans le cadre de sa future convention sur l'Europe.

 

Tout est ainsi parti d'un document de travail du PS qui s'est "malencontreusement" retrouvé dans les médias. En soi cela n'a rien d'exceptionnel et arrive de manière très fréquente. En revanche, c'est le contenu même de ce document qui pose problème dans la mesure où il se révèle être une charge violente contre Angela Merkel et sa politique : "intransigeance égoïste de la chancelière Merkel", "bras de fer avec la chancelière de l'austérité et les conservateurs européens"

 

UMP et membres du gouvernement se sont alors empressés de réagir à ce non-évènement qui se résume ni plus ni moins à dire ses quatre vérités à la chancelière. Ainsi, la droite a sorti le panzerschreck en blâmant des propos irresponsables et honteux qui remettent en cause le fondement même de l'amitié franco-allemande. Celle-ci a d'ailleurs été rapidement rejointe par plusieurs ministres dont Manuel Valls qui se sont mis à hurler avec les loups.

 

Mais le pire était à venir puisque le PS a également effectué un énième rétropédalage afin de désamorcer un futur conflit en son sein. On voit alors bien que les plaies ouvertes à l'occasion du référendum de 2005 sur le traité constitutionnel ne sont pas totalement cicatrisées, conduisant sur certains sujets à l'alliance de la carpe et du lapin.

 

Alors quels enseignements tiré de cette affaire ?

D'une part, et même si cela n'est pas nouveau, que le PS manque cruellement de courage politique et que ses responsables, en premier lieu François Hollande, n'hésitent pas à changer d'avis au gré des évènements. Enfin comme on dit, ce n'est pas la girouette qui tourne mais le vent.

 

D'autre part,  et c'est peut-être là le plus important, qu'il est impossible d'émettre la moindre critique sur l'Allemagne. On a ainsi rapidement vu se répandre le terme de "germanophobie", comme si le seul fait d'exprimer un désaccord conduisait à détester l'autre. Les accusations en irresponsabilité faites aux détracteurs de Merkel vont d'ailleurs en ce sens.

Dans notre pays, le seul comportement visiblement toléré par nos dirigeants vis-à-vis de notre voisin semble donc être la complaisance voire même la vassalité. Toute critique, somme toute légitime et fondée, paraît donc impossible au risque d'être vilipendé.

 

Parallèlement à cela, on peut également remarquer que nos bien-pensants invoquent généralement notre Histoire, même de manière déguisée ou indirecte, pour jeter l'anathème sur ceux qui osent contester la suprématie allemande. Or ce n'est pas parce que nous avons connu la guerre avec ce pays par le passé, guerre déclenchée par celui-ci d'ailleurs, que nous devons aujourd'hui nous soumettre à toutes ses volontés. Evoquer sans cesse ce conflit mondial dans ce dossier me semble complètement hors de propos et n'est finalement qu'une manœuvre éhontée pour fuir le débat.

 

Indéniablement nous avons le droit de critiquer l'Allemagne pour la politique économique égoïste qu'elle mène. Evidemment nous avons le droit de contester l'hégémonie de l'Allemagne au niveau européen. Nécessairement nous avons le droit de remettre en cause ce diktat de l'austérité et de la rigueur qui appauvri les peuples d'Europe. Et c'est justement en raison de notre Histoire commune que nous avons le devoir d'être en pointe sur ces sujets. Si ce n'est pas la France qui peut faire entendre raison à l'Allemagne alors il est probable que personne ne le pourra. Et c'est clairement au nom de cette sacro-sainte amitié franco-allemande que nous devons avertir notre allié de l'impasse socio-économique dans laquelle il se dirige.

 

Malheureusement, ce n'est vraisemblablement pas la voie que semble emprunter François Hollande. Bien au contraire puisque celui-ci, malgré ses promesses de "réorientation de l'Europe", s'est inscrit dans les pas de Nicolas Sarkozy en prêtant allégeance à la chancelière et à l'Union Européenne. Et il est assez risible de voir le PS vouloir mener une fronde contre Merkel alors même que ce parti, tout comme l'UMP d'ailleurs, a voté l'ensemble des traités européens ayant conduit à cette situation  et ignorant de fait le Non des Français au référendum de 2005.

 

Comment seulement envisager de changer les choses en refusant tout affrontement direct ? Depuis trop longtemps nous menons une politique timorée vis-à-vis de l'Allemagne qui est mis sur un piédestal alors même que son modèle de développement n'est possible qu'en raison de la structuration des économies des autres nations européennes. Seule l'Allemagne n'est donc rien tant elle est dépendante de ses voisins, en  particulier pour ses exportations.

 

Comme je l'ai exprimé à de maintes reprises, je ne crois pas que le couple franco-allemand, si tant est qu'il existe encore aujourd'hui, soit la seule option viable. Je considère au contraire qu'une autre voie est possible en direction des pays du sud de l'Europe avec qui nous avons davantage en commun. Peut-être faudrait-il alors mettre un terme à cette "germanophilie" à outrance et ouvrir enfin les yeux sur ce qu'est réellement la situation de l'Union Européenne …    

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18 mars 2013 1 18 /03 /mars /2013 09:12

La zone euro et le FMI ont trouvé samedi matin un accord sur un plan de sauvetage d'un maximum de 10 milliards d'euros pour Chypre, en échange d'une taxe exceptionnelle sur les dépôts bancaires qui rapportera près de 6 milliards. Nicosie devient ainsi le cinquième pays de la zone euro à bénéficier d'un programme d'aide internationale.

Mais, chose nouvelle, pour réduire leur participation, les bailleurs de fonds ont demandé à Nicosie d'instaurer une taxe exceptionnelle de 6,75 % sur les dépôts bancaires en deçà de 100 000 euros, et de 9,9 % au-delà de ce seuil, ainsi qu'une retenue à la source sur les intérêts de ces dépôts. Ces prélèvements devraient rapporter au total 5,8 milliards d'euros, a indiqué samedi le chef de file de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem. À ces taxes s'ajoutent des privatisations et une hausse de l'impôt sur les sociétés, qui passera de 10 à 12,5 %.

Source : lepoint.fr

 

Sauve qui peut ! Voila qui pourrait résumer les scènes de cohue aperçues ces derniers jours à Chypre. En effet, depuis l'annonce de ce "plan de sauvetage", des milliers de Chypriotes se sont pressés aux guichets des banques pour vider leurs comptes bancaires, ce qui n'est pas sans rappeler la crise de 1929 durant laquelle des millions d'américains avaient fait de même.

Si cette mobilisation populaire massive est on ne peut plus logique et compréhensible, on peut malgré tout penser que ces efforts seront vains dans la mesure où les autorités auront sûrement pris leurs précautions pour contrecarrer ce phénomène.

 

Cela étant, il s'agit clairement d'une mesure singulière. Singulière au niveau européen dont c'est la première mise en œuvre. Mais singulière également sur le principe même de cette taxation. A mon sens, il ne s'agit ni plus ni moins que d'une "spoliation (il)légale", pour ne pas dire un vol en bonne et due forme des citoyens.

Car c'est bien de cela dont il est question en vérité. De fait, toute personne ayant des avoirs domiciliés sur l'île s'en verra déposséder d'une partie sans pouvoir s'y opposer. De là à y voir une remise en cause du droit de propriété …

 

Si je suis favorable à un interventionnisme économique de l'Etat et si je peux entendre que des efforts sont nécessaires en temps de crise, je suis néanmoins farouchement opposé à ce procédé que je trouve malhonnête et ce pour plusieurs raisons. Tout d'abord, il apparaît que l'objectif premier est de venir en aide à des établissements financiers et bancaires. Or on peut remarquer que ce plan exclut une participation des créanciers privés par le biais d'un effacement de dette. Ainsi, seule la population sera mise à contribution. Ensuite, cette mesure est une fois de plus imposée par la troïka (UE, BCE, FMI) dans la droite ligne de leur politique d'austérité qui s'est révélée au mieux inefficace, au pire destructrice pour les économies européennes. Enfin il ne faut souligner que cet énième plan européen est la conséquence directe de la participation de Chypre au "sauvetage  de la Grèce", dégradant ainsi la situation du pays.

 

Une fois encore ce sont donc des institutions supranationales non élues qui se chargent d'imposer leur volonté ultralibérale aux peuples. Une fois encore ce sont les peuples qui sont sacrifiés sur l'autel du profit. L'UE et l'euro devaient nous apporter paix, croissance et prospérité. Mais c'est finalement tout le contraire que l'on nous sert aujourd'hui : troubles sociaux, misère et pauvreté sont devenus le quotidien de millions d'européens. Et au lieu d'une légitime et souhaitable remise en question, nos dirigeants persistent aveuglément dans leur dogmatisme.

 

A l'heure où j'écris ces lignes, ce plan n'a pas encore été adopté par le Parlement chypriote. Et visiblement rien n'est encore fait tant une majorité sera difficile à trouver. Espérons que les parlementaires sauront faire preuve de courage et de fermeté au moment de défendre leur souveraineté nationale. Plus que des considérations purement locales, c'est une partie de l'avenir de l'Union Européenne qui se joue aujourd'hui à Chypre. Car si cette mesure est adoptée, gageons que les technocrates de Bruxelles et Washington chercheront à la généraliser à toutes les nations d'europe. Et si cela arrive, comme cela arrivera probablement à plus ou moins longue échéance, alors il faudra s'attendre à une forte mobilisation des peuples. Mobilisation légitime qui risque même de se transformer en une révolte explosive avec les excès que cela peut engendrer.  

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3 mars 2012 6 03 /03 /mars /2012 17:04

Herman Van Rompuy a été reconduit jeudi à la tête de l'Union européenne et va voir son champ d'action étendu à la zone euro. Lors d'un sommet à Bruxelles, l'ancien Premier ministre belge âgé de 64 ans a obtenu un nouveau mandat de deux ans et demi à la présidence du Conseil européen, le forum des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE. Il avait été nommé fin 2009 à ce poste créé par le traité de Lisbonne.

Herman Von Rompuy va hériter en fait d'une double casquette puisqu'il sera aussi chargé de présider les sommets dorénavant réguliers des dirigeants des seuls 17 Etats de la zone euro, incarnation de son "gouvernement économique".

Source : Libération.fr

 

Dans la plus grande discrétion voire même le plus grand secret, Herman Van Rompuy a donc été reconduit dans ses fonctions pour deux ans et demi supplémentaires. Mieux (ou pire, c'est selon) celui-ci s'est vu accorder une promotion dans la mesure où il sera dorénavant en charge de la présidence des sommets de la zone euro.

 

Comme l'indique parfaitement l'article de Libération, le président du conseil européen est un parfait inconnu issu de la pure technocratie européenne. Bien que je ne remette à aucun moment en cause les compétences de cet homme, il faut bien reconnaître que le charisme et l'art oratoire ne sont pas ses principales qualités. Bien au contraire. D'ailleurs, Nigel Farage, eurodéputé anglais, l'avait traité de serpillère humide lors d'une de ses interventions au Parlement européen.

 

Il apparaît donc clairement qu'Herman Van Rompuy n'a pas la carrure pour incarner à lui seul l'Union Européenne. Mais en réalité n'est-ce pas grâce à cela qu'il a été choisi ? L'ancien premier ministre Belge n'est-il pas en fait un homme de paille, une marionnette entre les mains du couple franco-allemand ?

 

Indéniablement, la France et l'Allemagne, enfin surtout cette dernière, sont aujourd'hui les leaders de l'UE. Pour preuve, les récents traités ont été élaborés par ces deux pays laissant, malgré les apparences, les autres nations en marge. Aussi, la mise en place d'un président du conseil européen plus flamboyant, plus robuste se serait traduit par une perte d'influence des chefs d'Etats européens.

 

Mais au-delà de la problématique des personnes, je crois que la question de l'existence même du poste doit être posée. A l'heure actuelle, la direction de l'UE est à la fois multiple et bancale ce qui nuit à l'efficacité. De fait, nous avons une commission avec son président José Manuel Barroso et un conseil européen dirigé par Herman Van Rompuy qui coexistent en parallèle des chefs d'Etat et de gouvernements, sans compter le Parlement. Bref, cela fait un paquet de décideurs, chacun avec leur propre ego.

 

Je crois donc que l'on peut légitimement s'interroger sur l'actuelle gouvernance européenne qui essaye de conjuguer fédéralisme avec la Commission et europe des nations par le biais du conseil européen. A mon sens cette organisation, adoptée pour ménager la chèvre et le chou,  est mauvaise car elle revient à entraver le fonctionnement des institutions européennes. Sans parler de son caractère démocratique plus qu'inexistant.

 

Voila pourquoi il me semble nécessaire de trancher entre deux visions opposées de l'europe. Entité fédérale d'un côté contre coopération des nations de l'autre. Et c'est de ce choix que devra naître une nouvelle structuration des organes européens afin que l'Union Européenne redevienne ce qu'elle n'aurait jamais du cesser d'être, c'est-à-dire un lieu de paix, de démocratie, de solidarité et de prospérité.

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21 février 2012 2 21 /02 /février /2012 18:12

L’harmonisation doit se faire dans le sens du progrès social, dans le sens du relèvement parallèle des avantages sociaux et non pas au profit des pays les plus conservateurs et au détriment des pays socialement les plus avancés.

En quelque sorte, l’autorité internationale va avoir le droit de légiférer d’une manière autoritaire à laquelle nous ne pourrons pas échapper et de prendre des décisions qui primeront celles du gouvernement et même celles du Parlement. Ce sera une loi supérieure à la loi française qui s’imposera à nous.

 

Qui peut bien être l'auteur de ces déclarations ? Jean-Luc Mélenchon ? Jean-Pierre Chevènement ? Nicolas Dupont-Aignan ?

Et surtout en quelle année ? En 2005 à l'occasion du référendum ? En 2007 durant la campagne présidentielle ? En 2008 lors de la ratification du traité de Lisbonne par le Parlement ?

 

Et bien non. Ces propos ont été tenus par Pierre Mendès France le 19 janvier 1957 dans le cadre des débats sur le traité de Rome. Or on constate que 55 ans plus tard, malheureusement, ce discours est toujours d'actualité, particulièrement en cette période de crise européenne.

 

Comme beaucoup qui n'ont pas été écoutés ni entendus, Pierre Mendès France avait raison avant les autres. En effet, il apparait clairement, comme celui-ci le pressentait, que l'harmonisation s'est faite au détriment des pays socialement les plus avancés. Pire, l'exemple de la Grèce montre bien que l'europe n'a aucun scrupule à sacrifier le progrès social sur l'autel de la finance.

 

Mais cela ne parait pas suffisant pour les technocrates européens qui souhaitent toujours plus de sacrifices de la part des peuples pour sauver les banques et le système financier. Dans cet objectif, de nouveaux traités vont voir le jour, asservissant un peu plus les Etats au profit d'instances supranationales.

 

C'est notamment le cas du MES (Mécanisme Européen de Stabilité) qui va être examiné aujourd'hui à l'Assemblée nationale. Pour résumer, le MES, qui prendra la suite du FESF (Fonds Européen de Stabilité Financière) est un organe indépendant du pouvoir politique qui vise à assurer la stabilité de la zone euro. Pour ce faire, il s'appuiera sur un capital garanti par les Etats de l'UE (jusqu'à 142 milliards pour la France avec un transfert immédiat de 16,3 milliards).

 

Bien que l'on n'entende que peu parler de ce mécanisme dans les grands médias, il n'en reste pas moins que la contestation gronde sur le net. Trois griefs lui sont principalement reprochés. Tout d'abord, la part de contribution de chaque Etat, tant au niveau de son montant que de ses possibilités d'être ajustée à tout moment et sans refus possible. Ensuite, l'immunité dont jouît cet organe. Ainsi, celui-ci aura la pleine personnalité juridique et pourra donc agir en justice ou passer des contrats. Mais surtout, aucune action judiciaire ni opposition de quelque sorte que ce soit ne pourront être entreprises du fait de cette immunité. Enfin, le traité établissant le MES est intimement lié au Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance (TSCG) signé en janvier dernier. Effectivement, tout Etat souhaitant bénéficier du MES devra préalablement avoir ratifié le TSCG qui instaure notamment la règle d'or et renforce la discipline budgétaire.

En somme, et dans la plus grande discrétion, nos parlementaires s'apprêtent à voter pour un monstre anti-démocratique au possible qui met sous tutelle les Etats en toute impunité. Comme disait Mendès France, l’autorité internationale va avoir le droit de légiférer d’une manière autoritaire à laquelle nous ne pourrons pas échapper et de prendre des décisions qui primeront celles du gouvernement et même celles du Parlement.

 

Et c'est bien là tout le problème. Car il s'agit là d'un transfert immense de compétences vers un organe non-élu et illégitime qui ne rend des comptes à personne. Voilà pourquoi il me semble impératif que nos députés et sénateurs votent contre ce traité qui ôte à notre pays une grande partie de notre souveraineté.

 

Malheureusement, je n'ai pas de grandes illusions quant à un éventuel rejet. En effet, les parlementaires UMP voteront en faveur de celui-ci puisque porté par leur cher président, comme le feront probablement les centristes et François Bayrou, qui l'a inclus dans son projet présidentiel. Du côté de la gauche, seul le Front de Gauche semble prendre la direction d'un vote contre. En effet, les socialistes, qui ne sont plus à une contradiction près, préfèrent s'abstenir, uniquement en raison du lien avec le TSCG et non du fait de l'esprit même du traité. Comment alors croire François Hollande quand il nous explique qu'il ira renégocier des traités que son parti n'a même pas le courage de rejeter ?

 

Quoi qu'il en soit, et après la première trahison de 2008 avec le traité de Lisbonne, il semble que nos parlementaires, c'est-à-dire les représentants du peuple, se préparent une nouvelle fois à s'exprimer sur un sujet qui relève de la démocratie directe tant ses effets seront lourds de conséquences.

 

Tout récemment, Nicolas Sarkozy s'est posé en candidat du peuple contre les élites et a exprimé la volonté de redonner la parole aux Français. Plutôt que de consulter le peuple sur des sujets insignifiants, pourquoi ne pas alors passé des paroles aux actes en ratifiant les nouveaux traités européens par référendum ?

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11 décembre 2011 7 11 /12 /décembre /2011 19:53

S'il est un mot à la mode en ce moment, c'est bien celui de "sommet", terme auquel on adjoint souvent le qualificatif "européen". Bref depuis quelques mois maintenant, les sommets européens se suivent et se ressemblent : on se réunit, on discute, on ne décide rien et on reporte le tout au prochain sommet en disant que des avancées ont été obtenues.

Une fois n'est pas coutume, cette semaine a vu se réunir une nouvelle fois les dirigeants européens qui, au terme d'un suspense haletant, a accouché d'un énième accord.

 

Que peut-on retenir de tout cela ?

Tout d'abord que l'europe est un navire fantôme qui erre au gré du vent. Seules deux nations, la France et l'Allemagne, s'accordent pour imposer aux autres leur volonté. On peut certes se réjouir de l'entente franco-allemande (déséquilibrée  et de façade selon moi) mais cela pose la question de la souveraineté des autres Etats qui se révèlent être de simples suiveurs sans réelle influence. D'ailleurs, cela fut bien visible avec l'opposition de David Cameron qui a vu son pays être mis un peu plus en marge de l'UE.

 

Ensuite, il apparaît de manière indéniable que la démocratie n'est pas une priorité de l'UE. Pire, celle-ci ne fait même pas partie de ses pratiques dans la mesure où les décisions seront imposées aux peuples, sans que ceux-ci aient le moindre mot à dire, ni assentiment ni réprobation.

Pour autant, cela est-il vraiment surprenant de la part de ceux qui sont passés outre le NON français, hollandais et irlandais ? Bien sûr que non. On nous rétorquera alors que des mesures courageuses et responsables doivent être rapidement prises pour faire face à l'urgence de la crise. De là à y voir un parallèle avec le "moi ou le chaos" de certains dictateurs, il n'y a qu'un pas que l'on pourrait aisément franchir.

 

Enfin, on peut constater que ce nouveau sommet n'aura que peu d'impact dans la mesure où il ne propose pas les bonnes solutions. De fait, celui-ci conduit à continuer dans la même direction que sont la rigueur et l'austérité. En bref, on prend les mêmes et on recommence ! En revanche, et sous la volonté (le diktat ?) de l'Allemagne, des mesures de rétorsion seront mises en place à l'égard des Etats qui ne suivraient pas la ligne directrice fixée au niveau européen.

A l'inverse, aucune proposition concernant la relance de la croissance, la régulation de la finance ou encore la gestion de la monnaie n'a été évoquée alors même qu'il s'agit de points essentiels quant à notre avenir.

 

Une fois encore nos dirigeants nous ont prouvé qu'ils n'étaient décidément pas à la hauteur des enjeux auxquels notre pays est confronté. Plutôt que de se remettre en question et de reconsidérer les politiques menées ces dernières années, Nicolas Sarkozy et ses acolytes continuent à foncer tête baissée droit dans le mur.

 

Ce n'est pas davantage d'austérité et de rigueur dont la France a besoin. Au contraire, notre pays souffre de son asservissement. Servitude à l'égard de l'europe, servitude à l'égard de la finance mais aussi servitude à l'égard de toutes ces instances supranationales qui nous dictent notre comportement (FMI, OMC ...).

 

Cette situation de soumission ne peut décemment plus durer. Notre pays doit redevenir une nation libre et souveraine afin de reprendre son destin en main.

Et cela ne se fera clairement pas avec Nicolas Sarkozy et François Hollande.

 

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13 novembre 2011 7 13 /11 /novembre /2011 12:14

S'il est ici des fans de l'émission Koh-Lanta diffusée sur TF1, je leur recommande vivement de suivre avec attention la crise de l'euro tant elle présente de grandes similitudes avec ce programme de téléréalité :

- 17 candidats réunis dans une zone hostile

- un manque cruel de croissance et de démocratie

- des évènements extérieurs aggravant la survie : crise financière, spéculation dégradation par les agences de notation

- des épreuves toujours plus complexes : plans de sauvetage, sommets européens

- des stratégies abjectes visant à sauver leur peau

 

Bref, tous les ingrédients assurant à coup sûr une audience de folie. Sans oublier, évidemment, les éliminations qui ponctuent chaque semaine la fameuse émission. Et bien au niveau européen c'est la même chose puisque deux candidats sont déjà passés à la trappe : Georges Papandréou et Silvio Berlusconi.

 

Plus sérieusement, et même si la comparaison peut prêter à rire, il ne faut pas oublier que la situation est effectivement grave. Je ne parle pas tant de notre situation économique que de cette destitution de dirigeants politiques européens. En effet, je trouve cet état de fait tout simplement honteux et indigne de la part de soi-disant démocraties modernes.

 

Quelle était la situation ? Pour résumer, la Grèce et l'Italie (entre autres) se trouvaient confronter à des problèmes d'endettement et de déficit importants. Face à cela, leur dirigeant respectif ne semblait pas forcément apte à gérer et surmonter la crise. En tout cas, c'est ce qu'estimaient les marchés financiers et les agences de notation. En conséquence, les taux d'intérêt proposés à ces deux pays ont considérablement augmenté, rendant les emprunts hors de prix. S'en est alors suivi l'intervention de la Troïka  (BCE, FMI, UE) qui a imposé un véritable diktat en obligeant ces nations souveraines à adopter sous la pression des plans d'austérité de grande ampleur.

 

Malheureusement cela ne suffit pas et la pression des financiers fut de plus en plus forte, demandant toujours plus d'économies. Juste pour rappel, l'austérité n'est pas une solution car elle ajoute de la crise à la crise en cassant la croissance. Nous sommes alors tombés dans un cercle vicieux sans fin qui a conduit à un affrontement parfois violent entre les peuples d'une part et les institutions financières d'autre part.

 

Ainsi, au lieu de choisir son camp, l'Union Européenne a préféré accélérer à toute allure vers un fossé pointant le bout de son nez. De fait, plutôt que de prendre des mesures radicales permettant de mettre au pas la finance, les institutions européennes ont choisi, en bon soldat ultralibéral, de plier et de se soumettre à la bonne volonté de marchés. Concrètement, cela s'est traduit par la démission contrainte et forcée des premiers ministres grec et italien. Le pire étant que ces derniers ont été ou vont être remplacés par des technocrates dogmatiques issus des entités ayant contribuées à la crise (BCE, commission européenne, banques).

 

Après tous ces évènements, j'ai de plus en plus de mal à comprendre comment nos concitoyens peuvent accepter cette situation et continuer à soutenir cette europe et ces dirigeants vendus à la finance. Pire, je conçois mal que l'on peut persister à soutenir des candidats, de gauche comme de droite, qui appuient ce système. Hollande comme Sarkozy sont prisonniers de ce cadre dont ils ont été les architectes. Pour le futur, ce n'est pas d'une alternance dont la France a besoin mais bel et bien d'une réelle alternative.

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4 août 2011 4 04 /08 /août /2011 11:02

Dans la lignée de mon précédent article, voici une tribune d'Hubert Védrine, ancien ministre des affaires étrangères, publiée dans le Monde du 2 août.

Comme moi, celui-ci doute de la pertinence de toujours plus de fédéralisme et n'est pas convaincu que la perte de souveraineté des nations soit une bonne chose.

Voici son point de vue :

 

Les sempiternelles lamentations sur les "égoïsmes nationaux" et les appels, pendant les semaines qui ont précédé l'accord de Bruxelles du 21 juillet - le meilleur possible -, à plus de fédéralisme, présenté comme la panacée, comme à de nouveaux transferts de souveraineté sont paradoxaux. 

 

A-t-on déjà oublié que l'aggravation dramatique de la dette publique européenne ne résulte pas seulement de la gestion irresponsable de l'Etat-providence et des décennies de budgets en déficit, mais aussi de l'effet sur le système financier européen de l'implosion de la finance américaine, devenue un "danger public", selon le banquier et ancien ambassadeur de Bill Clinton à Paris, Felix Rohatyn ? Et celle-ci n'a-t-elle pas été provoquée par la dérégulation, c'est-à-dire... les abandons massifs de souveraineté effectués pendant plus de vingt ans par plusieurs administrations américaines au profit des marchés ? Que faut-il abandonner ou transférer en plus ?


Il faudrait être plus "fédéraliste" parce que les marchés l'exigent (sans distinguer entre les opérateurs sincèrement inquiets des capacités des Etats emprunteurs à rembourser, les purs spéculateurs et ceux qui s'acharnent à fragiliser l'euro) ? Et être tétanisés par trois agences de notation, au pouvoir extravagant, qui sous-cotent aujourd'hui pour faire oublier qu'elles ont surcoté, par connivence aveugle, jusqu'en 2007 ?


Le "fédéralisme" est présenté comme allant seul dans le sens de l'histoire. Mais qu'entend-t-on par là ? Ce mot-valise, au sens des linguistes, peut vouloir dire la plus décourageante des choses (nous sommes trop petits, dépassés, fatigués, nous devons nous en remettre à l'Europe) ou la plus mobilisatrice (l'union fait la force, soyons plus solidaires).

 

Si fédéralisme veut dire subsidiarité claire, pas de problème. Si c'est une harmonisation réelle entre Etats membres de la zone euro dont il s'agit, très bien, c'était déjà dans Maastricht. Faisons-le, enfin.


Si cela signifie plus de solidarité entre Européens, fort bien. Mais Mme Merkel, premier contributeur potentiel (coût pour la France de l'accord de Bruxelles, 15 milliards), était fondée à exiger que celle-ci ne soit ni illimitée ni automatique. A-t-elle exigé les bonnes contreparties ? C'est autre chose. On peut débattre. En tout cas, il était normal que les institutions financières qui ont pris des risques qui font partie de leur métier "portent leur part de fardeau" (Jacques Delors), quoi qu'en pense la Banque centrale européenne (BCE). Fardeau d'ailleurs bien léger.


Mais si cela veut dire transfert supplémentaire de souveraineté, en quoi serait-ce automatiquement un progrès ? Après tant d'abandons, si peu convaincants, ou de transferts à des organes incontrôlés ? Certes, il faudrait "un chef des forces économiques de la zone euro" (Jean-Hervé Lorenzi, Christian de Boissieu), mandaté par le Conseil, pour réagir aux attaques. Mais les nouveaux fédéralistes proposent plus : qu'un "ministre des finances", ou de "l'économie", puisse arbitrer le cas échéant contre un gouvernement ou un Parlement national. Franchir ce pas, ce serait ouvrir un nouveau chapitre de l'histoire européenne, celui de l'Europe post-démocratique, tentation perceptible dans les milieux économiques, européistes, technocratiques ou médiatiques.


Croit-on qu'un tel "ministre" aurait plus de poids qu'un courageux Papandréou pour faire accepter par son peuple les douloureuses mais inévitables mesures d'assainissement ? Quel gouvernement européen lui transmettrait ses pouvoirs, alors même que le consentement à l'impôt est à l'origine même du processus démocratique ?


L'ACCORD DU 21 JUILLET


Ne faut-il pas, au contraire, combler le fossé déjà béant élites-populations, en re-responsabilisant les gouvernements nationaux, au lieu de l'approfondir avec une désinvolture périlleuse envers la démocratie ? De surcroît, ceux qui exigent ce saut dans l'inconnu ne contestent pas l'imposition à toute la zone euro (devenue un espace disciplinaire de surveillance et de sanctions), l'unidimensionnelle politique de rigueur à l'allemande, là où il faudrait une policy mix (c'est-à-dire l'alliage des politiques budgétaire et monétaire) d'assainissement et de croissance.


De toute façon, même si c'était une bonne idée, une révision majeure du traité de Lisbonne, avec des années de controverses, est hors de portée. Quel gouvernement voudra relancer l'Union dans un tel parcours du combattant, sous l'épée de Damoclès des ratifications ? De toute façon, l'Allemagne, qui conteste (via la Cour de Karlsruhe) la légitimité démocratique des institutions européennes, n'en voudra pas.


Alors pourquoi relancer cette controverse, et perdre temps et énergie ? Il faut absolument réunifier les solutions économiques et politiques des crises européennes, ainsi que le court et le long terme.


Appliquons d'abord au mieux et au plus vite l'accord du 21 juillet ; mettons en oeuvre les mesures concrètes proposées pour le rachat des dettes souveraines les plus décotées ; creusons l'idée des euro-obligations (contre les spéculateurs, mais aussi pour des projets), et même celle de l'intervention de l'Union européenne en tant que telle sur le marché des CDS (Credit Default Swaps, l'instrument des spéculateurs) ; délégitimons les notations d'agences sur les dettes souveraines des pays aidés et mettons ces agences sous la pression de la concurrence ; accélérons la mise en place des textes de "responsabilisation" des banques dans la zone euro ; adoptons une taxe (modeste) sur les transactions financières ; obligeons l'Allemagne à un débat sur la politique économique de croissance saine dans la zone euro, et l'élargissement du mandat de la BCE.


Mettons en oeuvre, avec tout son potentiel, le "semestre européen" d'évaluation des projets de budget, sans que la Commission seule ait le dernier mot. Sans oublier que ce sont des moyens et non des fins.


Quand viendra, à l'automne, le moment de clarifier "qui" décide dans la zone euro, c'est-à-dire en quoi consiste le gouvernement économique souhaité par la France depuis l'origine, ne rompons pas le fil ténu qui subsiste entre "l'Europe" et la légitimité démocratique.


Hubert Védrine, ancien ministre des affaires étrangères

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11 juin 2011 6 11 /06 /juin /2011 12:25

La Commission reconnaît les progrès réalisés par la France (réforme des retraites, début de chasse aux niches fiscales, modération des hausses du SMIC, etc.) mais elle s'inquiète tout de même d'un certain flou entourant le redressement des finances publiques, "en partie lié à un scénario macroéconomique favorable à partir de 2012".

Bruxelles critique aussi la politique de l'emploi de la France, jugeant le bilan de Pôle Emploi "mitigé" et ses effectifs "insuffisants" pour un soutien individualisé des chômeurs. Le Smic et les charges sociales, tous deux trop élevés, sont aussi des obstacles à la reprise du marché de l'emploi, ainsi que la distorsion entre les salariés en CDI très protégés et la précarité des jeunes et des employés peu qualifiés, estime la Commission...

Source : boursier.com

 

La note maximale accordée à la France, "AAA", pourrait être menacée à l'horizon 2020, indique l'agence de notation Standard & Poor's. "Si les autorités françaises ne poursuivent pas la réforme des retraites, ne continuent pas de modifier la Sécurité sociale et ne consolident pas le budget face au risque d'accroissement des dépenses liées aux retraites et à la santé", alors "il est incertain que Standard & Poor's maintienne la note AAA", souligne une étude consacrée aux conséquences du vieillissement de la population.

Source : lemonde.fr

 

A la lecture de ces deux informations, je dois reconnaître hésiter en deux sentiments : l'effroi d'une part et la délectation d'autre part. Et il est fort possible que la plupart souverainistes soit dans le même cas. Je m'explique.

 

Dans un premier temps, et au vu des mes accointances idéologiques, je ne pouvais qu'être navré et dépité par ces articles. En effet, alors même que la situation économique, tant en France que dans le monde, n'est pas au beau fixe et qu'un grand nombre de nos concitoyens peinent à boucler leur budget, des bureaucrates (très) grassement payés osent nous sermonner et nous faire la leçon. Leur remède au mal qui nous touche : encore plus d'austérité et de rigueur. A les croire, la politique sociale de la France serait trop généreuse. Allez dire ça à ceux qui ne trouvent pas d'emploi ou à ceux qui vivent avec les minimums sociaux !

 

Alors bien sûr on pourrait me traiter de populiste tant ce terme est à la mode. Pourquoi pas ? J'assume ! Est-ce de ma faute si ces bien-pensants préfèrent saigner le peuple, qu'il soit français, grec ou portugais, au profit d'une oligarchie composé de nantis, de banquiers et de dirigeants en tout genre ? Non. Et il me semble utile de le rappeler afin que personne ne l'oublie et que chacun puisse en tirer les conséquences qui s'imposent.

 

Dans un second temps, il est vrai que je me suis "réjoui" de la nouvelle. Effectivement, il s'agit là d'une excellente chose pour la progression de nos idées tant elle atteste de leur pertinence et de leur véracité. De fait, ces articles montrent bien que l'Union Européenne et les agences de notation n'ont qu'un seul et unique objectif : la promotion et la défense du modèle libéral, voire même ultralibéral.

 

Ainsi, comment ne pas voir que ces deux entités, pour moi illégitimes au possible, marchent main dans la main et agissent de concert pour arriver à leurs fins ? La preuve, s'il en fallait encore une tant celles-ci s'accumulent depuis des mois, est que chacune vient confirmer les conclusions de l'autre et s'appuie même sur lesdites conclusions pour établir leurs recommandations. En bref, il s'agit là d'un cercle vicieux puisque la rigueur entraîne une dégradation de la note d'un pays qui décide alors d'un nouveau plan d'austérité qui conduit à une nouvelle dégradation ...

 

A tous ceux qui pensent que la France n'a pas d'autre solution que l'Europe, je leur demande d'ouvrir les yeux et de regarder le traitement que cette merveilleuse Europe inflige à la Grèce ou au Portugal par exemple. Est-ce cela que nous voulons pour notre pays ? Je ne le crois pas.

Ce que nous souhaitons c'est un avenir fait d'emploi, de prospérité et de croissance. Or il ne semble pas que cela soit possible dans le contexte actuel. Une reprise en main de notre destinée est indispensable et je suis persuadé que notre futur ne s'inscrit pas forcément dans le cadre européen tel qu'il existe aujourd'hui.

 

Malheureusement, je désespère de la si faible prise de conscience de nos concitoyens mais aussi autres populations d'Europe. Malgré les cures d'austérité, malgré les vagues de privatisations, malgré les dégraissages massifs de fonctionnaires, le peuple semble avoir choisi la fuite en avant. De fait, l'alternance est privilégiée à l'alternative comme l'ont montré les dernières élections partout en Europe.

 

Pour autant, je peux comprendre qu'un changement de système fasse peur. Il est évidemment plus rassurant de garder le cap, quitte à le payer à terme, que d'opérer un revirement de situation qui peut s'avérer éprouvant à brève échéance. Tout comme la sphère économique et financière, l'électeur a perdu toute notion de long terme et raisonne uniquement à court terme et de manière ethnocentrique voire égocentrique.

Pour que les choses changent vraiment, il me semble donc impératif de chercher à modifier ce mode de raisonnement afin de réinstaurer la notion d'intérêt général mais aussi de vision stratégique à plus long terme.

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