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22 février 2013 5 22 /02 /février /2013 18:32

Ceux qui fréquentaient déjà ce blog au moment de la primaire socialiste connaissent ma proximité idéologique avec Arnaud Montebourg. Aussi, je ne peux que me réjouir de la joute verbale menée actuellement par le ministre du redressement productif contre le PDG du groupe Titan International.

 

Petit rappel des faits pour ceux qui auraient manqué un épisode.

Après plusieurs années de difficultés, Goodyear a annoncé fin janvier que l'usine d'Amiens-Nord serait fermée à court terme, laissant sur le carreau plus de 1000 salariés. Cette annonce a évidemment contraint le gouvernement à agir et Arnaud Montebourg a appelé le groupe Titan à revenir à la table des négociations malgré un précédent échec. Rien d'exceptionnel jusque là.

C'est en réalité la réponse de Maurice Taylor, PDG du groupe Titan, au ministre qui a mis le feu aux poudres. En effet, celui-ci n'a pas hésité, dans son courrier du 8 février, à fustiger ouvertement les ouvriers français (Les salariés français touchent des salaires élevés mais ne travaillent que trois heures. Ils ont une heure pour leurs pauses et leur déjeuner, discutent pendant trois heures et travaillent trois heures) et la CGT (syndicat fou). Pire que son arrogance, classique des républicains américains, Taylor a fait preuve d'un cynisme démesuré : " Titan va acheter un fabricant de pneus chinois ou indien, payer moins de 1 euro l'heure de salaire et exporter tous les pneus dont la France a besoin".

Heureusement, et je l'en félicite, Arnaud Montebourg ne s'est pas dégonflé face à ce sinistre individu et l'a gratifié d'une réponse à la hauteur du courrier initial : "vos propos aussi extrémistes qu'insultants témoignent d'une ignorance parfaite de ce qu'est notre pays. Les compagnies [étrangères présentent dans notre pays connaissent et apprécient la qualité et la productivité de la main-d'œuvre française, l'engagement, le savoir-faire, le talent et les compétences des travailleurs français.".Mieux, Montebourg s'est laissé aller à quelques piques renvoyant clairement Taylor dans ses 22 : "Titan, l'entreprise que vous dirigez est vingt fois plus petite que Michelin, notre leader technologique français à rayonnement international, et trente-cinq fois moins rentable. Soyez assuré de pouvoir compter sur moi pour faire surveiller [...] avec un zèle redoublé vos pneus d'importation."

 

Au-delà de l'aspect "divertissant" qui enchante les médias, cette affaire me semble tout à fait révélatrice du système économique dans lequel notre pays évolue. En effet, c'est aujourd'hui Maurice Taylor qui est à l'origine de ces propos abjects mais bien d'autres patrons de grands groupes, français ou étrangers, auraient pu tenir le même discours. Et c'est bien là tout le problème de notre économie qui se trouve coupée en deux entre la base (ouvriers, employés …) qui permet la création de richesse et la coalition actionnaires-"top management" qui œuvrent à la défense de leurs intérêts propres en s'appropriant une partie toujours plus grande des richesses créées (dividendes, bonus …). Il est bien loin le temps de l'entreprise familiale gérée en bon père de famille et du patron paternaliste. Tout cela a laissé place à un capitalisme débridé et libéralisé à outrance.

 

Alors certains diront, Alain Minc le premier, que la mondialisation est une chance pour notre pays et que c'est à la France de s'adapter aux nouvelles contraintes économiques. Je m'inscris bien évidemment en faux contre ces propos. Comment peut-on encore aujourd'hui prononcer de telles inepties, sauf à être aveuglé par le dogmatisme ? Il n'y a qu'à voir les conséquences désastreuses de cette mondialisation (et de son cheval de Troie, l'union européenne) sur notre industrie. Allez donc demander à ces dizaines de milliers d'ouvriers licenciés pour cause de délocalisation ce qu'ils pensent de la "mondialisation heureuse" …

Dire que la mondialisation n'a que des inconvénients serait faire preuve de malhonnêteté intellectuelle. De fait, ce phénomène a permis, au moins en partie, d'avoir accès à de nouveaux marchés donc de nouveaux débouchés pour nos entreprises. Sans parler du développement exceptionnel de certains pays émergents.

 

Mais tout cela a bien évidemment un prix. Un prix parfois lourd à payer pour ceux qui en sont les victimes. Cela ne semble toutefois pas déranger notre cher Maurice Taylor. Bien au contraire, puisque celui-ci n'a aucun scrupule à exploiter la misère humaine en "achetant un fabricant de pneus chinois ou indien pour payer moins de 1 euro l'heure de salaire".

Car s'il est une caractéristique indéniable de la mondialisation, c'est bien cette mise en concurrence forcée des peuples du monde entier. C'est d'ailleurs par ce moyen, en recourant massivement aux délocalisations vers des pays à faible coût de main d'œuvre, qu'un grand nombre d'individus se sont enrichis. Je parlais dans un précédent article de l'esclavage. Et bien cette exploitation d'ouvriers chinois contraints de travailler durant des heures dans des camps de travail dans des conditions intolérables, le tout pour des clopinettes, n'est ni plus ni moins qu'une forme d'esclavage moderne (exemple de Foxconn, sous-traitant d'Apple).

 

Dans ce processus de course au moins disant fiscal, social et environnemental, la France est logiquement la grande perdante. De fait, et comme le dit très bien Taylor, "les Français sont trop chers à cause notamment de leurs avantages sociaux". Il est donc impossible de s'aligner sur la Chine ou l'Inde par exemple, sauf à remettre complètement en question notre modèle social, ce que certains libéraux rêvent de faire depuis des décennies. Mais outre le fait que cela n'est pas souhaitable, cela sera clairement vain dans la mesure où certains pays sans aucune réglementation sociale arriveront toujours à produire pour moins cher.

 

Mais plutôt que de niveler par le bas, pourquoi ne pas adopter le raisonnement inverse en cherchant à pousser les moins bons pour rattraper les meilleurs ? La réponse est simple : le profit. Car si les pays émergents se dotaient de réglementations plus contraignantes, il est certain que les conditions de vie et de travail des ouvriers s'amélioreraient, parallèlement à un accroissement des coûts de production donc une dégradation des bénéfices. Et ça les patrons n'en veulent pas. Pour eux seul l'argent compte comme le résume une fois encore à la perfection l'incroyable Maurice Taylor : "nous sommes ceux qui avons le carnet de chèques et vous nous dites que nous devons d'abord rencontrer les syndicats ? Vous êtes dingues".

 

Puisque le seul langage parlé par ces personnes est celui du dollar alors c'est au porte-monnaie qu'il faut taper pour se faire entendre. Et plus particulièrement par la fiscalité qui constitue l'arme de prédilection de l'Etat pour ce genre de besognes. Plusieurs mécanismes sont évidemment envisageables et doivent faire partie d'une réforme fiscale d'ampleur, notamment en ce qui concerne la taxation des revenus.

 

Mais plus largement c'est notre modèle économique et commercial qu'il faut repenser. Comme nous l'avons dit, la France mais également les autres nations européennes voire même occidentales ne peuvent plus faire face à la concurrence déloyale des pays émergents. De même, chercher à rivaliser serait à la fois vain et dangereux. Aussi, il me semble impératif de faire fi du dogmatisme libéral qui gangrène nos dirigeants pour en revenir à un réel interventionnisme d'Etat. Et par interventionnisme d'Etat je pense bien évidemment, dans le cas qui nous intéresse, au protectionnisme.

 

Longtemps honni officiellement par les organisations supranationales (OMC, FMI, UE), il n'en reste pas moins que de très nombreux pays du monde entier, pour ne pas dire la plupart d'entre eux, ont allègrement recours à des mesures protectionnistes de manière déguisée. Il ne s'agit plus de barrières douanières trop visibles mais plutôt d'un ensemble de mécanismes plus subtils et plus efficaces (sous-évaluation de la monnaie, appels d'offres biaisés, normes particulières …).

Or l'union européenne, sous prétexte de respecter une concurrence libre et non faussée (qui n'existe que dans les livres), se refuse à recourir à toute forme de protectionnisme malgré des déficits commerciaux abyssaux. Pire, invoquant la crise de 1929, les soi-disant experts économiques nous expliquent que la situation serait pire  du fait de mesures de rétorsion.

 

Une fois encore cela prouve que l'UE est gangrénée par un dogmatisme libéral qui ne tient en aucun cas compte des réalités (exemple des plans d'austérité à répétition qui aggravent les choses au lieu de les améliorer).

Si certains dirigeants politiques plaident pour un changement de cap, d'autres continuent à persister dans l'erreur. C'est notamment le cas de l'actuel et  du précédent gouvernement et plus largement d'une majorité des membres du PS et de l'UMP. Seuls perdurent quelques irréductibles qui cherchent à ouvrir les yeux à la population. Malheureusement pour nous, il n'est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir …

 

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25 janvier 2013 5 25 /01 /janvier /2013 19:08

Cela faisait maintenant plus d'un mois que je n'avais pas écrit un article sur ce blog. Lors de ma dernière publication, je pensais, et avais annoncé, reprendre un rythme d'écriture plus régulier mais ce ne fut visiblement pas le cas. Pas de panne d'inspiration cette fois-ci tant les sujets d'actualité pullulent ces dernières semaines mais plutôt un manque cruel de temps. De fait, mon nouveau travail et mon nouveau logement accaparent une grande partie de mes journées, ne me laissant que peu de répit pour écrire.

 

Mais cessons de nous égarer pour en venir à ce qui nous occupe aujourd'hui, à savoir l'accord sur la sécurisation de l'emploi signé récemment entre les partenaires sociaux. Pour beaucoup ces négociations ont été un succès et constituent une avancée sociale historique pour le pays, tant sur le fond que sur la forme. Les signataires (Medef et CFDT notamment) ainsi que le gouvernement s'en sont d'ailleurs allégrement félicités.

 

Pour autant, il apparaît clairement que la portée de cet accord n'est pas si importante qu'on voudrait nous le faire croire. Là encore, qu'il s'agisse de son contenu même ou des conditions de sa signature. Dans l'absolu, l'idée d'associer les partenaires sociaux pour les questions de droit du travail est intéressante. Et cela traduit bien le côté social-démocrate de François Hollande. En revanche, je crois que l'Etat ne doit pas se désengager entièrement de ce processus comme ce fut le cas. En fervent défenseur de l'Etat interventionniste, je pense au contraire que c'est au gouvernement d'impulser les évolutions de législation, tout en y associant les syndicats.

 

Le cas précis de la conclusion de cet accord montre bien les limites de ce système. En effet, seules la CFDT, la CGC et la CFTC ont signé, FO et la CGT refusant de valider le document final. On peut alors s'interroger sur la légitimité de l'accord dès lors que deux des plus puissants syndicats du pays ne le valident pas. Sans parler du fait que certaines centrales (SUD, UNSA) n'étaient même pas associées au processus.

 

S'agissant du fond, c'est-à-dire des mesures adoptées, on remarque là encore que qualifier cet accord d'historique est loin d'être justifié. Il n'y a qu'à regarder dans le détail pour s'en rendre compte. Ce que nous allons bien évidemment faire.

 

Commençons tout d'abord par les efforts concédés par le patronat. En premier lieu, et c'est certes un progrès, on peut constater une hausse des cotisations chômage sur les contrats courts (+ 3 points pour les contrats inférieurs à un mois et + 0,5 à 1,5 points pour les contrats compris respectivement entre un et trois mois et supérieurs à trois mois). A priori, il s'agit là d'une bonne mesure. Pour autant, il faut reconnaître que ces hausses sont marginales et surtout il est important de relever que ce dispositif concerne uniquement les CDD et exclut donc de fait l'intérim. Bref, ce n'est qu'un leurre qui ne limitera en rien le recours aux contrats précaires.

Ensuite, l'accord instaure la mise en place de droits chômage rechargeables. Autrement dit, le salarié pourra conserver le reliquat de ses droits non utilisés en cas de reprises d'activité. Outre le fait que le salarié a cotisé pour obtenir ses droits, il apparait que les patrons concèdent ici un point qui ne les concerne que de manière lointaine dans la mesure où cela ne les impactera pas directement. De fait, ce sont bien les caisses chômage qui financeront cette mesure et non la trésorerie des entreprises.

Enfin, il faut malgré tout souligner la volonté de généraliser les complémentaires santé à des salariés qui en sont aujourd'hui exclus. Nuançons toutefois cela en rappelant que l'employeur ne financera que la moitié du coût, l'autre étant à la charge de l'assuré.

 

Et du côté salarié alors ? Et bien là les concessions sont nettement plus importantes et ne relèvent pas de la symbolique. Bien au contraire les conséquences seront visibles, et probablement à (très) court terme au vu de la situation économique de notre pays. Deux points ont ainsi particulièrement retenu mon attention.

Le premier concerne les "accords de maintien de l'emploi". Pour résumé, cela consiste à imposer demander aux salariés une baisse de salaire et/ou une augmentation du temps de travail pour une durée maximale de deux ans en cas de difficulté pour l'entreprise. En réalité il s'agit, ni plus ni moins, de légaliser le chantage à l'emploi mené actuellement par de nombreuses entreprises (Renault …). Gageons d'ailleurs que le recours à ce dispositif sera massif dans les prochains mois.

Dans la droite lignée du premier point, et satisfaisant ainsi la volonté de dérégulation du Medef, la seconde mesure accorde aux entreprises une plus grande souplesse dans les licenciements, notamment collectifs, par la réduction de certains délais légaux (durée de contestation d'un licenciement ...).

 

Au vu de ces éléments, et contrairement à ce que disent certains, il apparaît clairement que le Medef est le grand vainqueur de cette négociation. En effet, celui-ci a obtenu d'importantes concessions, demandées de longue date, de la part des syndicats et n'a cédé, de son côté, que de manière anecdotique. On peut donc se féliciter que FO et la CGT aient refusé de signer et, à l'inverse, que les autres organisations syndicales se soient une nouvelle fois couchées devant le patronat.

 

Sous couvert de compétitivité, mot à la mode du XXIème siècle, cet accord se révèle être finalement une nouvelle attaque contre le droit du travail qui conduit à davantage de flexibilité pour les entreprises, c'est-à-dire plus de précarité pour les salariés.

Cela montre une fois de plus qu'employeurs et salariés ne sont clairement pas sur un pied d'égalité. Ces dernières années les négociations ont très souvent, pour ne pas dire toujours, tourné à l'avantage du patronat, aidé en ce sens par les gouvernements successifs de droite et en particulier sous la présidence de Nicolas Sarkozy.

Si le dialogue est généralement préférable, il ne faut pas oublier que dans notre pays les plus grandes avancées sociales ont été obtenues par la lutte et le combat, pas par la discussion. Plutôt que les vaines tractations c'est donc un rapport de force qu'il faut engager aujourd'hui. La lutte des classes n'est clairement pas terminée et tend au contraire à revenir au premier plan. Bien naïfs sont ceux qui ne veulent pas le voir …

 

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6 novembre 2012 2 06 /11 /novembre /2012 15:02

Après plusieurs semaines de travail, c'est donc hier matin que Louis Gallois, commissaire général à l'investissement, a remis son rapport au premier ministre. Et c'est ce matin que Jean-Marc Ayrault a détaillé les mesures adoptées par le gouvernement et découlant de ce fameux rapport.

Bien que celles-ci soient nombreuses, j'ai décidé de me concentrer sur quelques unes seulement, qui relèvent davantage du concret que de l'incantation. Ce sont d'ailleurs ces mesures que la plupart des médias reprennent dans leurs colonnes.

 

- Crédit d'impôt de 20 milliards pour les entreprises

Globalement, il s'agit de l'une des deux mesures phares annoncées ce matin. Afin de relancer la compétitivité des entreprises, le gouvernement a donc décidé d'accorder une réduction d'impôts financée à moitié par une nouvelle baisse des dépenses publiques. Comme préconisé par Louis Gallois, Ayrault propose donc une économie de 20 milliards mais cela passe non pas par un transfert vers la fiscalité tel qu'envisagé dans le rapport mais plutôt par une nouvelle contraction des dépenses publiques.

Personnellement je suis très dubitatif sur ce genre de dispositif qui revient, finalement, à faire un chèque en blanc aux entreprises, sans aucune contrepartie tangible. Par ailleurs, je suis d'autant moins favorable à celui-ci que cette recette a déjà été mise en oeuvre à de très (trop) nombreuses reprises par le passé, sans effet réel sur l'emploi.

 

- Modification des taux de TVA

Alors que les socialistes critiquaient vivement le mécanisme de "TVA sociale"

 

 

- Faciliter le financement des PME

 

 

 

- Favoriser la formation des jeunes par l'apprentissage

De même que le financement des PME, l'apprentissage des jeunes est une antienne bien connue des Français. De fait, chaque gouvernement prône l'apprentissage comme si cela était la solution à tous nos problèmes. Effectivement les formations aux alternances permettent aux jeunes d'acquérir de l'expérience et d'allier théorie et pratique. Pour autant, cela ne garantit en rien un emploi à la sortie. Et ce d'autant plus en période de crise avec 5 millions de chômeurs.

 

Au final que ressortir-t-il de ces annonces du premier ministre ? Pas grand chose en réalité tant celles-ci sont des copié-collé de celles mises en oeuvre par le passé. Malgré toutes ses promesses, qui n'engagent il est vrai que ceux qui y croient, le président Hollande ne fait que suivre la voie empruntée par ses prédécesseurs de gauche comme de droite.

Le changement c'est maintenant ? Vraiment ?

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13 juillet 2012 5 13 /07 /juillet /2012 20:31

La fermeture tant redoutée de l'usine d'Aulnay en Seine-Saint-Denis (3 000 salariés) est prévue courant 2014. Rennes va perdre 1 400 nouveaux salariés. Hors production, ce sont 3 600 postes qui vont être supprimés, dont 1 400 dans la recherche et le développement. Au total, environ un emploi sur dix dans l'activité automobile de PSA en France va disparaître. PSA tente désormais d'expliquer ses décisions basées sur des prévisions d'une baisse durable du marché européen, où le constructeur vend 60 % de ses véhicules.

Source : lepoint.fr

 

C'est finalement sans grande surprise que le groupe PSA a annoncé hier son intention de supprimer 8 000 postes en France, notamment par le biais de la fermeture du site d'Aulnay. Bien évidemment, il faut ajouter à cette addition l'ensemble des emplois indirects qui seront touchés, en particulier parmi les sous-traitants du constructeur automobile.

 

Alors bien sûr toute la classe politique s'est indignée suite à cette annonce. De même, les syndicats ont crié au scandale et ont rivalisé d'imagination pour qualifier l'évènement : "crime social", "séisme" ... Bref chacun s'est laissé aller à la surenchère. Dans la continuité, et de manière assez logique je dois dire, le gouvernement a avancé quelques mesures  pour ne pas sembler inactif avec en particulier l'évocation d'un nouveau plan de soutien à la filière automobile.

 

Si le comportement du groupe PSA n'est pas socialement tolérable, il n'en reste pas moins que les réactions du PS et de l'UMP ne sont pas plus acceptables. En effet, il ne s'agit là que de postures, que de comportements de façade. Mais en vérité, comme Nicolas Sarkozy en son temps, François Hollande ne fait qu'aligner des mots sans que les actes ne suivent. Il est bien loin le temps de la primaire où Arnaud Montebourg, aujourd'hui ministre du redressement productif, se posait en chantre de la démondialisation.

 

Dans ce domaine, comme dans d'autre d'ailleurs, le gouvernement socialiste s'inscrit dans la continuité de ses prédécesseurs. Si les personnalités ont changé, les méthodes sont restées les mêmes : aides aux entreprises sans contrepartie, poursuite des politiques d'austérité, persistance du dogmatisme européen ... Bien que ces solutions aient échouées depuis des décennies, les sociaux-démocrates du PS persistent immuablement dans la même voie, provoquant désillusion et amertume chez les électeurs de gauche.

 

Durant la campagne François Hollande avait pour slogan "le changement c'est maintenant". Si de sensibles évolutions se sont faites sentir sur la forme, il apparaît clairement que le fond n'a que peu varié depuis le 6 mai. Comme beaucoup, dont moi-même, l'avaient pressenti, le président Hollande n'a aucunement la volonté de remettre en question le système actuel. Il n'y a qu'à examiner l'issue du dernier sommet européen pour s'en rendre compte.

 

De manière paradoxale, et en dépit de sa non mise en oeuvre, le changement promis par François Hollande est on ne peut plus nécessaire. Mais c'est d'un profond changement que notre pays a besoin, pas de légères transformations. C'est toute notre organisation économique et financière qu'il faut changer avec l'intérêt général pour seul objectif. Mais cela nécessite au préalable un changement de mentalités de nos dirigeants.

 

Pendant de trop nombreuses années, nos gouvernants se sont laissés confisquer le pouvoir. Peu à peu, les politiques se sont vu déposséder de leurs prérogatives au profit de la sphère économique et financière. En outre, et cela est peut-être encore plus grave, les peuples se sont vus progressivement dessaisir de leur souveraineté par des instances supranationales non élues. C'est donc de ce système où la démocratie est la grande perdante qu'il convient de s'extirper au plus vite.

 

Alors comment faire pour ne pas que ces objectifs restent des voeux pieux ?

Personnellement je crois que tout part de la volonté politique. Nos gouvernants successifs, de manière plus ou moins active et consciente, ont fait des choix qui nous ont conduits à cette situation. Je pense donc que ce sera de la Politique que viendra la solution. Autrement dit, c'est par l'Etat et ses pouvoirs que nous pourrons mettre fin à ces années d'égarement. Le politique doit donc rapidement reprendre la main sur l'économique et redevenir la pierre angulaire de notre système.

 

Mais soyons plus précis encore et venons-en aux mesures concrètes pour bien comprendre de quoi il s'agit.

En premier lieu, il me semble indispensable que le droit national prime à nouveau sur le droit communautaire. En clair, cela signifie que le droit français, contrairement à aujourd'hui, sera plus important que le droit européen. Ainsi, l'Union Européenne ne pourra plus imposer quoi que ce soit à notre pays.

Ensuite, l'Etat doit retrouver sa force d'intervention en matière économique. L'investissement dans les services publics, les nationalisations ou encore la réforme de la fiscalité en seront les principaux moyens.

Enfin, notre nation doit recouvrer sa pleine et entière souveraineté en termes de politiques monétaires, budgétaires et commerciales. Cela passera notamment par la mise en place de mesures protectionnistes (droits de douanes, quotas d'importation ...), le financement direct par la Banque de France ou également la sortie de l'euro.

 

Bien évidemment, ces mesures ne se feront pas en un jour. Pis, il est possible que celles-ci ne soient même jamais mises en oeuvre tant elles vont à l'encontre de l'ordre établi et de la pensée unique. Je crois pourtant que la situation actuelle n'est plus tenable pour les membres de l'UE. Malgré les échecs des politiques de rigueur, les dirigeants européens persistent dans l'austérité alors même que c'est tout l'inverse qu'il faut faire.

 

Depuis la crise économique et financière de 2008, les États ont multiplié les plans de sauvetage pour l'Irlande, la Grèce, l'Espagne ... En réalité, il ne s'agissait que de faire payer aux peuples les dérives de la finance. Une fois de plus, une fois de trop, les banques et les spéculateurs se tirent sans grand dommage d'une situation dont ils sont à l'origine. En outre, il apparaît que l'austérité est un véritable cercle vicieux qui s'auto entretient. En coupant dans les dépenses publiques, les États font une croix sur la consommation des ménages et l'activité des entreprises donc sur leurs recettes fiscales, ce qui nécessite alors davantage d'économies. Cela n'est donc clairement plus possible et il est donc grand temps de faire place au changement.

 

Pour finir, j'aimerais avoir une pensée pour l'ensemble des salariés PSA sacrifiés sur l'autel du profit et de la mondialisation. Je tiens également à exprimer à ces personnes ainsi qu'à leur famille tout mon soutien dans cette épreuve difficile. Il ne s'agit là que d'un acte purement symbolique mais je crois qu'il est important que tous nos concitoyens soient solidaires car, d'une manière ou d'une autre, nous sommes tous des salariés PSA.

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14 juin 2012 4 14 /06 /juin /2012 18:24

Hier Pierre Moscovici, ministre de l'Economie, a dévoilé en conseil des ministres le décret venant limiter le salaire des dirigeants des entreprises publiques. Prévu pour le mois de juillet, ce décret plafonnera ce salaire à 450 000 € par an, ce qui correspond à 20 fois la moyenne des 10 % des salaires les plus bas dans ces entreprises soit 1 875 €  bruts par mois.

 

Si la mesure peut paraître extraordinaire à première vue, il apparaît que celle-ci se révèle être, tout en étant une avancée considérable par rapport au passé, quelque peu petit bras. En effet, ce décret ne concernera, pour l'heure, qu'une vingtaine de personnes puisque celui-ci se limite aux mandataires sociaux donc aux dirigeants de sociétés publiques. Ainsi, cela exclut de fait l'ensemble des cadres de ces entreprises qui pourront donc être davantage payés que leur patron, ce qui est assez ubuesque.

 

Par ailleurs, il faut bien savoir de quoi on parle dans cette histoire. Il est ici question de salaire et non de rémunération. En conséquence, rien n'empêche les entreprises de compenser cette limitation salariale en agissant sur les rémunérations accessoires telles que les parachutes dorés, les retraites chapeaux ou encore les stock-options. Bien qu'un projet de loi soit en préparation pour l'automne prochain afin de régler ces questions, le problème n'est aujourd'hui pas tranché.

 

Évidemment cette annonce a créé une polémique tant dans la sphère politique qu'économique. Ainsi, si certains crient au retour du bolchevisme et de l'économie administrée, d'autres nous expliquent que cela risque de faire fuir les talents vers le privé. Clairement je m'inscris en faux contre ces allégations caricaturales et maintes fois entendues. En effet, je crois qu'il est grand temps d'ouvrir les yeux concernant notre système économique et surtout d'apprendre de la crise que nous traversons. La supériorité des marchés est une utopie qui conduit à enrichir une minorité de privilégiés. Seul les États ont la capacité et la légitimité pour réguler la finance et son fonctionnement. De plus, je refuse de croire que l'argent est la seule motivation des dirigeants du public. Considérer qu'une baisse même substantielle des rémunérations conduirait à un exode massif me semble donc réducteur.

 

Malgré ces critiques il faut avoir l'honnêteté de reconnaître que ce décret constitue un progrès majeur et est un énorme pas dans le bon sens pour plus d'égalité. Pour autant, je crois qu'il ne faut pas s'arrêter en si bon chemin et qu'il faut aller encore plus loin. Ainsi, ce plafond ne doit pas être réservé aux seuls dirigeants mais doit au contraire être étendu à l'ensemble des salariés quel que soit leur statut.

 

De même, se limiter aux entreprises publiques ne me paraît être suffisant. Cela ne doit être qu'une première étape vers une généralisation à toutes les entreprises. En revanche, cela sera nettement plus compliqué dans la mesure où l'Etat ne possède pas d'influence directe sur ces entités. Hormis ben évidemment le recours à l'impôt qui constitue l'arme absolue en termes de redistribution des richesses. La tranche à 75 % souhaitée par François Hollande va d'ailleurs dans ce sens et je ne peux donc que m'en réjouir.

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8 juin 2012 5 08 /06 /juin /2012 23:53

Hier soir, M6 diffusait le premier numéro de sa nouvelle émission de télé-réalité : patron incognito. Le concept est simple et consiste à ce qu'un chef d'entreprise soit plongé en immersion dans sa propre société. En somme, il s'agit plus ou moins d'un "vis ma vie d'employé" à destination des patrons.

Après avoir visionné le premier épisode avec Jean-Claude Puerto, PDG de Ucar, je dois reconnaître avoir été séduit par le concept. Certes les images sont à prendre avec recul car il s'agit d'une émission de télé mais plus que le format de l'expérience, c'est bien l'idée en elle-même qui m'intéresse au plus haut point.

 

Il n'aura échappé à personne sur ce blog que je ne porte pas, et c'est un euphémisme, le patronat dans mon coeur. Je dirais même plus que j'ai une fâcheuse tendance à critiquer, à juste titre je crois, les manières de nos grands patrons. En effet, j'ai beaucoup de mal à accepter que des entreprises licencient leurs salariés alors même que leurs dirigeants sont conservés avec des rémunérations démesurées. Pour moi le chef d'entreprise doit être un leader qui sait prend ses responsabilités à l'image d'un capitaine qui sombre avec son navire. Or aujourd'hui, dans la plupart des grandes sociétés, les dirigeants ne sont que des mercenaires débauchés chez la concurrence pour couper dans les dépenses, et en particulier les charges de personnel, pour offrir une rentabilité toujours plus importante à ces requins que sont les actionnaires.

 

La réalité actuelle du monde des affaires est donc complètement à l'opposé de ma conception de l'économie. Ou plus précisément le fonctionnement des grandes entreprises est totalement déconnecté de la vérité du terrain. Si je prends soin de préciser "grande entreprise" c'est qu'il serait malhonnête de mettre tous les patrons dans le même sac. De fait, il n'y a que peu de similarités entre le PDG d'une société cotée et le petit patron de PME puisque seul leur statut de chef d'entreprise les rapproche. Selon moi, et sans démagogie aucune, l'utilité sociale de l'artisan ou du commerçant est sans comparaison possible avec celle d'un directeur général. Si le premier est essentiel à la continuité de son activité, le second est parfaitement interchangeable. D'ailleurs, il n'y a qu'à voir avec quelle vitesse les actionnaires changent de dirigeant en cas de mauvais résultats.

 

Bien évidemment il serait idiot et contre-productif d'accuser le patronat de tous les maux de notre société. Pour autant, je suis convaincu que ceux-ci ont joué un rôle prépondérant dans l'évolution qu'a connu notre pays ces dernières décennies. De fait, leur vision à court terme couplée à une course au profit et à un dogmatisme libéral ont conduit à dévoyer le phénomène de mondialisation pour aboutir à une disparition de notre industrie synonyme de croissance du chômage et de précarisation du travail.

 

En fait, et malgré des effets de communication, les grands patrons se sont enfermés dans des considérations purement comptables en faisant complètement abstraction des conséquences de leurs décisions. Leur objectif est malheureusement devenu uniquement financier dans une optique de satisfaction des marchés financiers et donc des actionnaires. C'est d'ailleurs dans ce contexte que nous avons vu émerger une génération de "jeunes cadres dynamiques" issue de ces si fameuses écoles de commerce : les cost killer. Dans ces institutions de promotion du capitalisme déluré et du libre-échange intégral, on apprend à restructurer les entreprises pour gagner en flexibilité et optimiser son fonctionnement et améliorer ses performances. Ou autrement dit à multiplier les plans sociaux et encourager la précarité pour diminuer les dépenses et verser plus de dividendes.

 

En général, les cours de RH sont assez réduits dans ce genre de formation. Il est d'ailleurs plus souvent question de charges de personnel que de ressources humaines. Et si l'aspect social est abordé, c'est plus souvent sous l'angle d'une contrainte ou d'une entrave que d'un élément de solidarité indispensable à la cohésion de la nation. Pour ces gens là, les salariés ne sont ni plus ni moins qu'une variable d'ajustement parmi tant  d'autres.

 

Comme vous l'aurez sûrement compris, je n'ai que peu d'estime et de considération pour ces personnes. Bien sûr tous les étudiants d'école de commerce ne correspondent pas au portrait que j'en ai dressé, et heureusement. Malgré tout, il faut être conscient que ce sont de telles notions que l'on enseigne à nos jeunes. Après des années d'endoctrinement, comment ne pas devenir alors un adepte de ces principes qui ont cours parmi les puissants ?

 

C'est donc pour éviter ce genre de dérives aux lourdes conséquences que je crois qu'il est indispensable que les dirigeants d'entreprise ne soient pas coupés des réalités. Il me semble impératif que ceux-ci gardent à l'esprit que même la plus petite de leur décision a une incidence parfois énorme sur leurs salariés.

Et quoi de mieux pour ne pas se couper du terrain que d'y retourner de manière régulière ? C'est en ce sens que l'émission de M6 revêt tout son intérêt puisqu'elle permet de montrer que les dirigeants de société ne voient les problèmes que par le bout de la lorgnette.

 

En conséquence, je crois que deux mesures s'imposent à nous.

La première est applicable à court terme du fait des possibilités de recours au pouvoir législatif. Elle consiste à intégrer au sein des formations de gestion un ou plusieurs stages ouvriers. A la différence des stages classiques existants, ces stages ouvriers ont pour objectif de montrer au moins une fois la réalité de la production industrielle en forçant les étudiants à "mettre les mains dans la merde". Cela serait alors l'occasion pour ces jeunes destinés à travailler dans les bureaux de vivre pendant quelques semaines le quotidien, souvent difficile, de ces ouvriers afin de mesurer toute l'ampleur de leurs tâches.

La seconde mesure est certes nettement plus délicate mais est d'autant plus intéressante. Elle se résume finalement à généraliser le concept de cette émission, c'est-à-dire à envoyer les directeurs sur le terrain pour se rendre réellement compte de ce qu'ils demandent à leurs employés.

 

Je ne suis  évidemment pas naïf et je sais donc pertinemment que j'exprime ici des voeux pieux. Malgré tout, je crois profondément que notre pays irait mieux si la frontière entre "conception et exécution", si chère à Frederick Taylor, était moins prononcée. Fortement attaché à la notion de légitimité, je pense que ces expériences seraient très positives pour le patron mais également pour l'employé. Car il est clair que les salariés français souffrent aujourd'hui d'un manque de reconnaissance et de considération qui impacte inévitablement à leur travail.

 

Depuis quelques années maintenant, le concept de lutte des classes tend à revenir sur le devant de la scène. Personnellement, je crois que cette lutte n'a, en vérité, jamais disparue mais que celle-ci s'est atténuée durant les trente glorieuses du fait d'une situation économique favorable. Or en ces temps de crise, les réflexes de caste reviennent logiquement à l'ordre du jour.

Dans l'intérêt de tous, il me semble préférable que cette opposition entre patronat et ouvriers ne prenne pas des proportions trop importantes afin de ne pas dégénérer en conflit ouvert. En ce sens, il est impératif que le gouvernement agisse rapidement sur le partage des richesses afin de rééquilibrer la balance en faveur des salariés. Pour cela de nombreuses solutions existent parmi lesquelles on trouve la mise en place d'un écart maximal des salaires, la revalorisation du SMIC ou encore l'augmentation des impôts sur les plus hauts revenus.

Espérons simplement que le gouvernement socialiste soit à la hauteur des enjeux actuels ...

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11 avril 2012 3 11 /04 /avril /2012 18:13

Après l'interview de Denis Kessler hier, je voulais partager avec vous un extrait d'une tribune d'Axel de Tarlé également parue dans le JDD du 8 avril. Le voici :

 

"Faisons ... un cauchemar.

Lundi 7 Mai 2012 : à peine remise de sa victoire, le (nouveau) président est informé d'une bien mauvaise nouvelle : l'agence Standard & Poor's dégrade de nouveau la France. Les taux d'intérêt s'envolent à 6 % contre 3 % aujourd'hui.

Jeudi 10 mai, le Trésor français ne parvient plus à emprunter d'argent sur les marchés financiers. La douche froide ! Le lendemain, une réunion d'urgence est organisée à Bruxelles. Il faut débloquer une aide internationale pour la France.

Dimanche 13 mai, les cow-boys du FMI débarquent à l'Elysée et imposent une cure d'austérité et des réformes drastiques.

Le quinquennat aura duré ... une semaine."

 

Pour ceux qui ne le connaîtraient pas encore, Axel de Tarlé est un journaliste et animateur télé qui rédige notamment une chronique chaque semaine dans le Journal du Dimanche. Parallèlement, celui-ci intervient sur Europe 1, France 5 ou dans Paris Match. Clairement, et malgré quelques bon papiers que j'ai lu dans le JDD, je dois reconnaître que je ne porte par Axel de Tarlé dans mon cœur. Ou plus précisément, je ne partage pas forcément ses idées.

 

Une fois n'est pas coutume donc, j'ai trouvé cette nouvelle tribune abjecte. Pas sur la forme car je trouve que le style de l'auteur est intéressant mais il en est tout autre chose sur le fond qui empeste la pensée unique et le conformisme économique. Bref, Axel de Tarlé est un magnifique défenseur de l'ordre établi et du système en place.

 

Mais laissons là ce pauvre bougre et penchons-nous sur les reproches que je fais à ce texte. En fait ceux-ci sont de trois ordres.

Tout d'abord, on peut remarquer que l'histoire racontée par le journaliste débute par la dégradation de la note de la France par Standard & Poor's. Implicitement, cela signifie que l'agence de notation sanctionne le vote des Français à l'élection présidentielle et qu'elle ne fait pas confiance au président nouvellement élu. Au passage, cela semble étonnant car qu'il s'agisse de François Hollande ou de Nicolas Sarkozy, gageons que le vainqueur saura être docile et ne fera pas de vague malgré leurs promesses. Mais passons.

Ce qui me dérange le plus, en l'état actuel des choses, c'est le pouvoir considérable et démesuré accordé à ces agences. Et cela d'autant plus que ce sont ces mêmes entités qui ont, en quelque sorte, fait la promotion des subprimes, entrainant ainsi le monde entier dans la crise. En quoi ces agences sont-elles légitimes ? Pourquoi accepte-t-on de laisser nos taux d'intérêt entre les mains de cassandres privées ?

 

Remarquons ensuite que les notes attribuées par ces agences ont une incidence non négligeable sur les nations en ce sens que celles-ci influent sur leur taux de financement sur les marchés financiers. Car oui, en particulier depuis la loi de 1973 reprise dans l'article 104 du traité de Maastricht et l'article 123 du traité de Lisbonne, la France ne peut plus de financer auprès de sa banque centrale. Concrètement, cela signifie que l'Etat français est contraint d'emprunter de l'argent sur les marchés financiers à des taux se situant pour l'instant autour de 3 % mais qui sont bien évidemment susceptibles d'évoluer. Et dans le même temps, comble de l'ironie mais logique libérale oblige, la BCE (Banque Centrale Européenne) a, ces derniers mois, mis à disposition des banques privées environ 1 000 milliards d'euros au taux de 1 %. Somme que ces mêmes banques se sont empressées de reprêter plus cher aux Etats, réalisant au passage des marges plus que confortables.

 

Enfin, toujours dans cet article, il nous est suggéré, en filigrane et de manière subtile, que la France n'arriverait pas à s'en sortir seule, que son destin est tracé sans possibilité d'en changer. Ainsi, on nous raconte que les marchés ne feraient plus confiance à la France et qu'il faudrait s'en remettre à Bruxelles et au FMI avant de se faire saigner comme des gorets. En somme, on cherche à nous préparer doucement à une situation à la grecque qui consiste à essorer le peuple pour sauver un système financier coupable qui ne se remet pas en question.

 

Bref, il ressort de cet article une vision pessimiste de la situation, certes problématique, de notre pays. Selon Axel de Tarlé, mais c'est aussi le sentiment de bien d'autres personnes, la France est condamnée d'avance.

Or je ne pense pas que notre sort soit scellé. Pas tant que nous ne l'avons pas décidé en tout cas. Je crois fermement à l'action de l'Etat, je crois à la primauté du politique sur l'économique. Bref je crois qu'un changement est possible.

 

Mais je parle d'un vrai changement. Pas d'un changement à la Sarkozy qui change de cap comme de chemise. Ni d'un changement à la Hollande qui se résume à de l'antisarkosysme primaire. Je parle d'une modification en profondeur de notre modèle de société et du système en place.

 

Pour rebondir sur les critiques émises précédemment, il me semble impératif de prendre les mesures qui s'imposent pour mettre un terme à ces aberrations. En premier lieu, il est nécessaire que notre pays recouvre sa souveraineté monétaire, c'est-à-dire le pouvoir de battre monnaie. Ou autrement dit la possibilité de se financer directement auprès de la banque centrale. Les Allemands étant opposés à un tel mécanisme, il est donc impossible de recourir à la BCE. Reste alors la solution de la Banque de France, ce qui suppose évidemment un retour aux monnaies nationales donc une sortie de l'euro.

 

Par ailleurs, il est clair que notre pays, mais ce n'est évidemment pas le seul, souffre du carcan européen dans lequel il s'est laissé enfermer. Une renégociation des traités actuels pour aboutir à une europe des nations dans laquelle les souverainetés nationales seraient respectées doit alors être à l'ordre du jour. En cas de refus de nos partenaires, une mise en retrait pure et simple doit être envisagée.

 

Alors bien sûr de telles solutions peuvent faire peur. D'ailleurs, les candidats des deux grands partis cherchent par tous les moyens à attiser et entretenir ces craintes pour éviter tout débat et tuer dans l'œuf l'émergence d'une alternative. Mais en y réfléchissant bien, en se documentant quelque peu sur le sujet, il apparaît que ces mesures ne sont pas utopiques ni extrémistes. Partout en europe ces idées commencent à faire leur chemin et il y a fort à parier que l'action de la France ferait boule de neige, notamment dans les pays du sud, qui sont pris à la gorge par les plans d'austérité imposés par la troïka (BCE, FMI, commission).

 

Dans l'Histoire de l'humanité des précédents existent (Tchécoslovaquie, Argentine ...). Et il ne faut pas oublier que d'autres Etats membres de l'UE (Angleterre, Suède ...) ne sont pas dans la zone euro et ne s'en portent pas forcément plus mal. Une fois de plus tout est question de volonté et de courage politique.

 

A quelques jours de l'élection présidentielle, les Français doivent faire un choix. Soit continuer comme avant avec quelques changements à la marge, soit opérer un virage avant de foncer dans le mur. C'est donc en conscience qu'il faudra trancher entre alternance et alternative. Et ne vous y trompez pas, le seul vote utile c'est le vote pour vos convictions.

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18 mars 2012 7 18 /03 /mars /2012 19:39

En cette période de campagne présidentielle où la question des déficits est omniprésente, le Figaro a publié, sur son site internet, 20 pistes pour baisser la dépense publique. Si certaines sont pleines de bon sens, d'autres relèvent davantage du credo libéral que je condamne.

Revue de détail.

 

1. Geler les rémunérations des fonctionnaires

S'il est une lubie des libéraux, c'est bien les fonctionnaires dont il s'agit. Ainsi, notre pays souffrirait d'un nombre trop important de serviteurs de l'Etat. Et comme en Grèce ou en Espagne on préfère agir sur le salaire des fonctionnaires plutôt que de s'attaquer au train de vie de l'Etat par exemple.

En outre, une politique de rigueur salariale de type allemande, dans le public mais aussi dans le privé, serait une hérésie dans la mesure où elle aurait des conséquences immédiates et dramatiques sur la consommation donc sur la croissance.

 

2. Poursuivre le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite

3. Appliquer le «un sur deux» à tous les opérateurs publics

Dans la droite lignée de la première proposition, et après s'être attaqué aux rémunérations des fonctionnaires, voila qu'il faut maintenant en réduire le nombre. Personnellement je suis opposé au principe de non-remplacement. Loin de moi l'idée de nier qu'il faut se pencher sur les effectifs dans la fonction publique mais je considère que l'application de cette règle de manière aveugle et purement comptable est une erreur. Je ne suis pas opposé à une révision des effectifs, notamment dans les collectivités locales, mais cela doit être fait avec parcimonie en tenant compte des besoins réels de la population.

 

4. Accélérer les cessions immobilières

La question du patrimoine, notamment immobilier, de l'Etat me paraît être un sujet hautement stratégique qui requiert un débat public et contradictoire. Pour autant, il convient de reconnaître que certains biens doivent être cédés car ils ne sont plus nécessaires à son fonctionnement. En revanche, il me semble impératif de ne pas brader les biens publics comme cela a trop souvent été le cas (autoroutes, hippodrome de Chantilly …). Donc oui à des cessions mais au juste prix !

 

5. Regrouper les établissements scolaires

De l'échec d'une telle politique dans le domaine de la santé a conduit à la création de déserts médicaux, le Figaro ne semble pas en avoir tiré les leçons. L'Education comme la santé sont des fonctions qui doivent relever de la puissance étatique en dehors de toute logique économique. L'avenir de nos enfants, donc de notre pays, est un sujet bien trop grave pour être subordonné à des considérations purement financières. De plus, il est clair que le regroupement de plusieurs écoles en une superstructure viendra aggraver encore un peu plus les maux dont souffre actuellement notre système éducatif (décrochage scolaire, violence …). Sans parler de l'accroissement des inégalités entre territoires, en particulier en milieu rural.

 

6. Réduire les allègements sur les bas salaires

Le proposant moi-même, je ne peux qu'approuver cette mesure. En plus d'être coûteux pour l'Etat (40 milliards d'euros), ces dispositifs ont une efficacité plus que douteuse et encourage les entreprises à pratiquer une politique de faible rémunération pour bénéficier de ces fameuses aides.

 

7. Diminuer les concours aux collectivités locales

Alors même que la décentralisation a conduit à déléguer toujours plus de compétences aux collectivités territoriales, les dotations de l'Etat n'ont pas toujours suivies en conséquence. Cela étant, il faut reconnaître que des dérives ont eu lieu, notamment en termes d'embauches, parfois pour des raisons électoralistes.

Une remise à plat des compétences de chacun (Etat, région, département …) me semble donc nécessaire dans un premier temps afin de savoir qui fait quoi et d'éviter les doublons donc de faire des économies. Par ailleurs, une sensibilisation des collectivités à une gestion plus rigoureuse ne serait pas forcément inutile.

 

8. Recentrer les subventions aux associations

Depuis quelques années maintenant le secteur associatif a pris une ampleur non négligeable et continuera probablement à se développer dans le futur. Si l'action de certaines associations est indiscutable, en particulier dans le domaine social afin de combler les lacunes de l'Etat, d'autres organismes ont une finalité plus discutable. La proposition du Figaro de recentrer les financements publics sur des secteurs clés doit donc être envisagée avec sérieux.

 

9. Plafonner les indemnités chômage

A l'heure actuelle, un chômeur français peut toucher jusqu'à 6000 € par mois pendant deux ans. Evidemment ces indemnisations ont un coût pour la société. Comme le Figaro, je suis partisan d'un plafonnement des indemnités chômage. Mais à la différence du journal qui envisage cette mesure comme une source d'économie, je propose, pour ma part, de réutiliser les sommes ainsi dégagées afin de prolonger la durée d'indemnisation de deux à trois ans.

 

10. Plafonner les aides aux ménages

11. Repenser la politique familiale

12. Mettre sous conditions de ressources les allocations familiales

13. Mettre fin au cumul allocations familiales/supplément familial des fonctionnaires

Aujourd'hui il existe un nombre impressionnant d'aides en tout genre (RSA, allocations familiales …) accordées par différents organismes publics (Etat, collectivités …). Ces aides aux ménages qui ont représenté un coût de 30 milliards d'euros en 2011 constituent donc un véritable méandre administratif complexe et incompréhensible. Une remise à plat ne me semble donc pas être un luxe.

Par ailleurs, je crois que l'idée un plafonnement global mais également la mise en place de conditions de ressources doit être mise en débat. Ainsi on peut se demander, légitimement je crois, s'il est normal qu'un foyer aisé touche les allocations familiales ou si un ménage bénéficie d'un montant d'aides sans limite de maximum.

 

14 Introduire des franchises

15. Définir un panier de soins remboursé intégralement par la Sécu

16. Lutter contre la surconsommation de médicaments

17. Revoir la liste des affections de longue durée (ALD)

La question des franchises médicales est un sujet qui revient fréquemment sur le devant de la scène, notamment lorsqu'il est question du fameux "trou de la sécu". Bien que ce dispositif existe déjà d'une certaine manière (50 cts par boîte de médicament dans la limite de 50 € par an ou 1 € sur chaque consultation), certains veulent aller plus loin en instaurant une franchise de 200, 500 ou 1000 €.

Personnellement je suis opposé à un tel système qui pénalisera fortement les plus modestes et qui conduira un grand nombre de nos concitoyens à renoncer aux soins comme c'est déjà malheureusement le cas aujourd'hui. De plus, il ne faut pas oublier que chacun contribue au financement de la sécurité sociale par le biais des cotisations.

En lieu et place d'une telle mesure, il me semblerait plus efficace de faire un tri entre les produits efficaces donc à rembourser et ceux inutiles à supprimer. Mais il faudra pour cela avoir le courage de tenir tête au lobby pharmaceutique.

 

18. Réserver l'aide médicale d'État aux soins d'urgence

Avec un coût de 650 millions d'euros par an, certains, dont Marine Le Pen, sont partisans de supprimer complètement ce dispositif visant à accorder un accès aux soins aux étrangers en situation irrégulière. Bien évidemment, et c'est d'autant plus le cas en situation de crise, il est difficile d'accepter de soigner gratuitement des sans-papiers, donc des gens qui n'ont pas le droit d'être sur notre territoire. Outre les considérations de solidarité, une telle suppression pose la question de problèmes sanitaires de grande ampleur. Voila pourquoi je ne suis pas spécialement favorable à sa disparition. En revanche, on pourrait imaginer de relever le ticket d'entrée qui est actuellement de 30 €.

 

19. Des hôpitaux moins nombreux mais plus grands

De même que j'y suis opposé pour les écoles, je n'y suis pas favorable pour les hôpitaux pour des raisons identiques.

 

20. Multiplier les opérations en ambulatoire

Dès lors que les soins peuvent être effectués dans la journée sans risque pour le patient, je ne vois pas au nom de quoi nous devrions nous opposé à une telle pratique.

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15 mars 2012 4 15 /03 /mars /2012 17:24

Récemment, je suis tombé sur la tribune de l'UIMM (Union des Industries et Métiers de la Métallurgie) du mois de mars 2012 intitulée "le temps de l'effort". Et je dois reconnaître que j'ai failli m'étouffer à plusieurs reprises en la lisant. Je respecte bien évidemment le point de vue de cette organisation patronale, mais je crois que celle-ci est complètement déconnectée des réalités.

Voici quelques extraits les plus représentatifs :

 

L’Allemagne, qu’on le veuille ou non, est devenue un modèle économique et financier, une référence en terme de compétitivité. [...] Force est de constater que nous avons beaucoup à apprendre d’un grand pays, hier encore divisé, qui a su mener avec courage et pugnacité une politique de l’offre faite de modération salariale et de flexibilité du marché du travail. [...]

La « fourmi » Allemande pouvait afficher en 2010 près de 190 milliards de surplus… alors que les « cigales » vivaient – et vivent encore – au-dessus de leurs moyens.

 

Il s’agit de reconnaître que les pays de la zone euro ont, de manière générale, dépensé sans compter, accordant à leurs actifs des hausses de salaire sans rapport avec leurs gains de productivité. [...] Les « médications » appropriées : une industrie forte et compétitive, davantage de rigueur budgétaire, et de réformes structurelles. [...]

Un grand quotidien du soir, parlant sans ambages, écrivait il y a peu : « L’équilibre budgétaire, oui… à condition de s’attaquer aux bonnes dépenses, celles liées au fonctionnement de l’État, et non les dépenses d’investissement cruciales pour l’avenir. Autrement dit, la réduction du nombre de certains fonctionnaires ou de leur rémunération – comme ce qui se fait en Italie, en Espagne ou au Portugal – serait, bien que difficile à faire accepter, en partie justifiable ». On ne saurait mieux dire…

 

Trop de déséquilibres constatés dans certains États membres « nécessitent de réduire le niveau élevé de leur endettement, et de regagner de la compétitivité». (Commission européenne). [...]

À cet égard, on ne peut passer sous silence les efforts méritoires que fait l’Espagne pour réformer son marché du travail. Conscient des rigidités de ce dernier, le gouvernement de Mariano RAJOY veut promouvoir la « flexibilité interne » dans les entreprises afin de permettre à ces dernières de s’adapter aux évolutions du marché. Les syndicats dénoncent l’assouplissement des conditions de licenciement mais en Espagne comme ailleurs, il faut garder à l’esprit que c’est en facilitant la sortie que l’on facilite l’entrée dans le monde du travail.

 

Alors que retenir de cette tribune ? Et bien tout simplement que l'UIMM veut nous servir une nouvelle ration de cette potion ultralibérale qui a déjà gravement rendu malade notre pays. Comme beaucoup de libéraux, cette organisation attaque notre fonctionnement social en mettant en avant l'exemple de l'Allemagne. Une énième rediffusion d'un grand classique en somme.

 

Comme je l'ai déjà expliqué sur ce blog, l'Allemagne n'est forcément un modèle à suivre pour notre pays, et ce d'autant plus que son paradigme économique n'est pas réplicable en l'état à d'autres nations européennes.

Evidemment, et c'est le cas de l'UIMM, l'Allemagne est un exemple pour tous ceux qui veulent mettre à bas notre modèle social. D'ailleurs, il n'est pas neutre de citer les politiques de modération salariale et de flexibilité du travail, car il s'agit là de vieilles revendications patronales.

Mais je crois que les césars de la mauvaise foi et de la désinformation peuvent être décernés à l'UIMM pour ce passage : La « fourmi » Allemande pouvait afficher en 2010 près de 190 milliards de surplus… alors que les « cigales » vivaient – et vivent encore – au-dessus de leurs moyens. Car je rappelle une fois de plus que l'excédent commercial allemand est réalisé au sein de l'UE. C'est donc bien car les autres pays ont mené une politique à l'inverse de l'Allemagne que les consommateurs ont suffisamment de pouvoir d'achat pour acheter des produits allemand. Enfin, rappelons également que l'Allemagne se sert allégrement de ses voisins à l'est pour toutes ses opérations de sous-traitance.

 

Les deux autres paragraphes sont globalement du même acabit. Pour résumé, l'UIMM nous explique que pour gagner en compétitivité, notre économie doit être davantage libéralisée. Concrètement, cela signifie baisse des salaires, coupe dans les effectifs et notamment dans le public, austérité, et bien sûr allégement des contraintes pesant sur les entreprises (droit du travail, fiscalité ...).

On retrouve bien là le parallèle avec l'Allemagne qui a opéré de telles réformes sous l'ère Gerhard Schröder. En revanche, et même si l'on nous en montre seulement les aspects positifs, il ne faut pas oublier de regarder toute la réalité des faits. Or on ne nous en parle que trop peu tant celle-ci n'est guère reluisante : accroissement des temps partiels, multiplication des jobs à 1 € de l'heure ... Bref, une précarisation à outrance du marché de l'emploi.

 

Alors bien sûr on peut penser que de telles propositions permettraient d'améliorer la situation économique et financière de notre pays. Personnellement je ne le crois pas. Et à tous ceux qui ne sont pas d'accord avec moi, je recommande de regarder ce qui se passe en Grèce où une telle politique est menée à grande échelle.

Une question alors : la Grèce va-t-elle mieux ? Les choses se sont-elles arrangées depuis ? Non, bien évidemment que non. Et c'est même le contraire qui se produit. En effet, comment peut-on envisager de relever un pays en affamant son peuple par la baisse des salaires ou des retraites ?

Cela est tout bonnement impossible.

 

A mon sens ce n'est pas une politique de l'offre qu'il faut mener mais bien une politique de la demande. Car c'est en stimulant la demande par la relance et l'intervention de l'Etat que les choses iront en s'améliorant. C'est par l'injection de pouvoir d'achat que les entreprises se remettront à produire donc à embaucher. Et cela, tout adepte de l'économiste britannique John Maynard Keynes pourra vous le confirmer.

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1 mars 2012 4 01 /03 /mars /2012 17:50

Lundi soir, dans l'émission "parole de candidat" sur TF1, François Hollande a annoncé vouloir créer une tranche d'impôt sur le revenu à 75 % pour ceux qui gagnent plus d'un million d'euros par an, soit environ 80 000 € par mois.

 

Avant toute chose, je tiens à préciser pour ceux qui ne seraient pas familiers avec la fiscalité que ce taux de 75 % ne s'applique à l'intégralité des revenus du fait de la progressivité de l'impôt. Concrètement, une telle mesure ne reviendrait pas à spolier un individu des ¾  de ses revenus. En revanche, et c'est là l'objectif, les plus aisés contribueront davantage à la solidarité nationale.

 

Bien évidemment cette proposition a été fortement commentée à gauche comme à droite. Et d'un côté comme de l'autre je crois que les réactions n'ont pas été à la hauteur. Effectivement, et de manière assez cohérente en réalité, l'UMP a réprouvé cette mesure arguant du risque d'exil des plus riches et donc de son effet contre-productif. Jean-Luc Mélenchon, quant à lui, a estimé qu'il s'agissait d'un premier pas mais qu'il fallait aller encore plus loin, à savoir un taux de 100 % au dessus de 360 000 € par an.

 

Sur le fond, je dois reconnaître que je suis plutôt en accord avec François Hollande sur ce sujet là. Encore qu'il me semblerait préférable de mettre en place davantage de tranches afin de rétablir une réelle progressivité de l'impôt. Mais il ne me semble pas illogique que chacun contribue à l'effort national en fonction de ses moyens car il ne faut pas oublier que cet argent sera soit redistribué soit investi dans des infrastructures publiques (écoles, hôpitaux, routes ...). Voila pourquoi je crois que personne ne devrait être exonéré d'impôt. Je suis donc partisan que chaque foyer fiscal, du plus modeste au plus aisé, soit imposé afin de n'exclure personne de ce mécanisme de solidarité.

 

Alors bien sur, et c'est d'ailleurs la théorie de l'économiste américain Arthur Laffer avec sa célèbre idée "trop d'impôt tue l'impôt", on peut penser qu'il ne faut pas trop taxer les riches. Dans l'absolu, je ne suis pas opposé à cela. Encore faut-il s'accorder sur la notion de "trop", qui est subjective au possible. Je rappelle simplement qu'en 1941, le président Roosevelt avait instauré un taux marginal d'imposition de 91 %. Or il ne me semble pas que Franklin Delano Roosevelt ait été un dangereux bolchevik. L'impôt a une vocation redistributive et non confiscatoire qu'il convient de préserver ou plus vraisemblablement de réaffirmer.

 

On m'opposera alors le fait que rien n'empêche les riches basés en France de s'exiler vers des contrées plus accueillantes, fiscalement parlant. On me dira qu'il est donc préférable de contenir notre pression fiscale pour ne pas accentuer ce phénomène.

Pour moi ces arguments ne sont pas valables. En effet, nous avons bien vu que la politique fiscale de Nicolas Sarkozy menée par Eric Woerth en début de mandat a été un échec cuisant, qui a simplement contribué à assécher les recettes de l'Etat. De plus, je crois qu'il ne faut pas être naïf sur ce sujet. Même si la France baissait son niveau de prélèvements obligatoires, elle ne pourrait s'aligner sur certains pays qui vivent de ce dumping fiscal, les fameux paradis fiscaux.

 

Clairement, la lutte contre l'exil fiscal doit s'inscrire dans un contexte de coopération internationale pour être vraiment efficace. Bien que le G20 ait émis cette volonté, il s'avère que cela fut un échec du fait d'un manque de volonté politique et d'un refus de collaboration des paradis fiscaux. Une fois encore la négociation a été privilégiée à la sanction, ce qui a hypothéquée toute chance de réussite.

 

A maintes reprises sur ce blog j'ai exprimé la nécessité de mettre en place un impôt sur la nationalité qui rendrait alors caduc l'exil fiscal. Je me félicite d'ailleurs que Nicolas Dupont-Aignan reprenne ce mécanisme dans son programme.

Pour rappel, une telle mesure consisterait à faire payer à toute personne de nationalité française et quel que soit son lieu de résidence la différence entre l'impôt qu'elle paierait en France et celui qu'elle paye effectivement dans le pays où elle se trouve.

Prenons l'exemple de M. A. qui vit en Suisse où il paye 350 € d'impôt. S'il résidait en France, il devrait payer 900 € d'IR. Avec le système que je propose, il devrait donc s'acquitter de 550 € d'impôt supplémentaires, ce qui supprimerait la concurrence fiscale entre Etats ...

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