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22 avril 2015 3 22 /04 /avril /2015 14:54

Si la parité est un vieux sujet en politique, il n'en reste pas moins que celui-ci revient régulièrement sur le devant de la scène. Et cela a été le cas avec les élections départementales où une réforme du scrutin a imposé de présenter un binôme homme-femme. Si la parité est effectivement respectée dans les assemblées départementales, on en est encore loin au niveau des exécutifs avec seulement 10 femmes présidentes sur 101. Et les chiffres sont tout aussi mauvais au Parlement avec 27 % de femmes à l'Assemblée Nationale et 25 % au Sénat.

Bien que des progrès soient constatés avec le temps, on peut noter que dans notre pays la parité est souvent appréhendée sous son aspect coercitif. Pour preuve, la loi du 6 juin 2000 sur l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives prévoit, entre autres, des amendes pour les partis ne présentant pas 50% de femmes aux élections législatives. Cela ayant pour conséquence de réduire le financement public de 4 M€ pour l'UMP et 1,4 M€ pour le PS.

La lutte contre les carences des partis est certes nécessaire mais insuffisante. A mon sens, il est préférable de s'interroger sur les causes de la sous-représentation des femmes en politique. Car comment combattre un phénomène sans le comprendre ?
Indéniablement les hommes trustent une grande partie des postes. Mais s'arrêter à cette seule explication n'est pas suffisant dans la mesure où on ne peut que constater la grande difficulté à trouver des femmes pour constituer des listes comme aux élections municipales par exemple.
Une autre explication peut alors être avancée. Pendant des décennies voire des siècles, la femme était cantonnée à la gestion du foyer et à l'éducation des enfants. Au fur et à mesure du temps, la femme s'est émancipée et à trouver une nouvelle place dans la société, notamment au travers du travail et de l'autonomie financière.  Aujourd'hui, les femmes doivent alors concilier leur vie de mère, d'épouse, de travailleuse … Endosser de nouvelles responsabilités politiques se révèle donc parfois compliqué.
Enfin, et sans généraliser, on peut imaginer que les femmes se censurent elles-mêmes, par peur de l'inconnu, par manque de confiance … Sentiments pouvant d'ailleurs être renforcé par leur environnement masculin.

On remarque finalement que la vie politique est à l'image de la société avec un certain conservatisme qui perdure et une perpétuation d'une sorte de modèle patriarcal. On retrouve d'ailleurs les mêmes problématiques dans le monde de l'entreprise avec toujours de fortes inégalités hommes-femmes.

Si le paysage politique français n'est clairement pas représentatif de la population en termes de sexe, il ne l'est pas non plus pour ce qui est des catégories socioprofessionnelles. On peut d'ailleurs même dire que ce mal est plus profond dans la mesure où rien n'est réellement fait pour changer la donne.

Là encore se limiter au constat ne suffit pas si l'on souhaite faire évoluer les choses.
Plusieurs raisons peuvent expliquer la prépondérance des cadres et professions libérales aux dépens des ouvriers et employés. Avant toute chose, on peut écarter la seule question des compétences. Certes il existe parfois de fortes disparités de culture et de connaissances liées notamment au parcours scolaire et à la formation mais cela ne justifie en rien l'absence quasi-totale des ouvriers et employés à l'Assemblée Nationale et au Sénat.
En revanche, la question de l'organisation de la vie politique française avec  le (non) statut de l'élu doit être posée. En effet, cela entraine une exclusion de fait d'une partie de la population avec deux barrières principales qui les empêche de se présenter. D'une part, le coût très important d'une campagne électorale ainsi que le seuil des 5% pour le remboursement public. Difficile alors pour les classes populaires de se porter candidat hors des principaux partis politiques. D'autre part, la conciliation d'un mandat avec le monde du travail. Si les professions libérales (médecins, avocats …) peuvent aisément mettre leur carrière entre parenthèse le temps d'une élection, il n'en est clairement pas de même pour un salarié lambda. Au vu de la conjoncture, on peut donc comprendre la réticence à quitter son emploi et ce d'autant plus que l'issue d'une élection est toujours incertaine.
Parallèlement à cela, on peut également ajouter que les préoccupations des gens peuvent différer selon leur catégorie socioprofessionnelle. Autrement dit, les classes populaires ont peut-être d'autres priorités que l'engagement public. Sans parler évidemment de la déception, du désintérêt voire du dégoût croissants des plus modestes pour la politique.

Finalement, on s'aperçoit que la parité est un sujet ancien qui touche à la fois la vie politique et la sphère économique. Cette question de représentativité de la population dans les différentes instances du pays est une réelle problématique qui doit dépasser la seule question des femmes.
Pour l'heure, nos gouvernants ont choisi la voie coercitive avec les résultats que l'on connait. Si des progrès ont été faits, on ne peut que constater que le chemin est encore long. Si la sanction peut être un moyen, elle ne doit pas constituer une fin en soi et il est nécessaire d'adapter notre système et de faire évoluer les mentalités afin de dépasser ce stade.

Attention toutefois à ne pas passer d'un extrême à l'autre en instaurant, si ce n'est déjà fait, une forme de discrimination positive. Car malgré l'adjonction du terme "positif", cela n'en reste pas moins de la discrimination. Et cela reviendrait à enfermer les personnes dans des cases et à les choisir pour ce qu'elles sont, ce qu'elles représentent (sexe, CSP …) et non pour leurs qualités intrinsèques.
Soyons donc vigilants à ce que le remède ne soit pas pire que le mal.

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22 décembre 2014 1 22 /12 /décembre /2014 15:21

Sauf à vivre reclus loin de la civilisation moderne, il est difficile voire impossible d'échapper à la polémique née autour de la décision d'I-Télé de se séparer d'Eric Zemmour. Et c'est justement sur cette polémique que je souhaitais revenir aujourd'hui.

 

Dans cette affaire, tout est parti d'un article sur le blog de Jean-Luc Mélenchon faisant référence à une interview donnée en octobre par le journaliste au Corriere della Sera. Il y était notamment question d'immigration et d'intégration. Eric Zemmour défendant la thèse qu'une partie des musulmans vivant en France ne cherchaient pas à s'intégrer et se repliaient au contraire sur eux-mêmes dans les banlieues.

 

Rien de neuf jusque là dans la mesure où Zemmour défend cette thèse depuis de nombreuses années. Arrive alors une question tendancieuse à mon sens du journaliste et qui est à l'origine de la polémique : "Alors que suggérez-vous? Déporter cinq millions de musulmans français ?"

C'est donc bien le journaliste italien qui utilise le mot "déporter". Je ne peux croire que cela n'a pas été fait à dessein, nul ne pouvant ignorer les références historiques de ce terme. On peut certes considérer que la réponse de Zemmour est douteuse mais il mentionne des faits historiques avec son parallèle sur les exodes des pieds-noirs ou des Allemands.

 

Toute la polémique initiale lancée par Jean-Luc Mélenchon tournait alors autour de l'utilisation du terme "déportation". Or et contrairement à ce qui avait été avancé, ce n'est pas Eric Zemmour qui en est à l'origine. Finalement, et que l'on soit ou non d'accord avec lui, celui-ci n'a fait que défendre une nouvelle fois son point de vue.

 

Trop tard. La machine à scandale s'était déjà emballée. Et nos chers dirigeants, plutôt mal en point en ce moment vu leurs incroyables résultats en matière économique, se sont rapidement engouffrés dans la brèche. Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur, a ainsi "condamné avec une extrême fermeté les propose d'Eric Zemmour, a affirmé son soutien aux musulmans de France odieusement attaqués et a appelé tous les républicains à réagir et à manifester leur solidarité". De son côté, Bruno Le Roux, patron des députés PS, a estimé "qu'il était temps que les plateaux télé et les colonnes des journaux cessent d'abriter de tels propos".

 

Conséquence de tout cela, la chaine d'information continue I-Télé a décidé de se séparer de son journaliste et de mettre un terme à son émission hebdomadaire "Ça se dispute". Faisant preuve d'un courage exemplaire, les patrons de la chaine ont donc cédé à la pression de quelques uns en censurant purement et simplement un éditorialiste.

 

Il n'est pas uniquement question d'Eric Zemmour dans cette histoire. La problématique est nettement plus large. On peut apprécier ou non le personnage, on peut adhérer ou non à ses théories. Peu importe au final. Je ne suis d'ailleurs moi-même pas forcément en adéquation avec l'ensemble de ses prises de positions.

En revanche, et après des décennies de combat pour la liberté d'expression, nous en sommes arrivés à censurer une opinion car celle-ci dérangeait. Aujourd'hui c'est Eric Zemmour mais à ce rythme ce ne sera que le premier d'une longue série.

Bien sûr que la pensée de Zemmour et d'autres peut déranger. Mais n'est-ce pas aussi cela la démocratie ? Et la censure est-elle vraiment la solution ? Je ne le crois pas. Au contraire. Car cela conduit à victimiser son auteur et à lui donner une importance qu'il ne mérite pas forcément. C'est alors par la controverse et le débat d'idées qu'il faut répondre.

 

Alors Zemmour, coupable ou victime ?

Victime de la bien-pensance, condamné par le tribunal médiatique et censuré pour une opinion qui dérange assurément.

Coupable de propos racistes ou xénophobes ? Je ne le sais pas. Et si c'était effectivement le cas, ce serait à la Justice de le dire et non à une poignée d'individus qui ne représentent qu'eux-mêmes.

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20 octobre 2014 1 20 /10 /octobre /2014 08:11

Chambre haute de notre système parlementaire, le Sénat est composé de 348 sénateurs élus pour six ans avec renouvellement par moitié tous les trois ans. Contrairement aux députés, les sénateurs sont élus au suffrage universel indirect sur la base des départements par un collège de 150 000 grands électeurs (députés, conseillers généraux, conseillers régionaux et délégués des conseils municipaux). En cela, et comme mentionné explicitement dans la Constitution, les sénateurs sont les représentants des collectivités territoriales.

Tout comme l'Assemblée Nationale, les pouvoirs du Sénat sont fixés par l'article 24 de la Constitution. On y retrouve notamment le vote des lois, le contrôle de l’action du gouvernement et l'évaluation des politiques publiques. Il faut également noter que le président du Sénat (Gérard Larcher, UMP, depuis le 01/10/14) assure l'intérim en cas de vacance de la présidence de la République et nomme des personnalités dans différentes instances (conseil constitutionnel, conseil supérieur de la magistrature, ARCEP, AMF, CSA).

 

Suite au renouvellement partiel de 2011, le Sénat est passé pour la première fois de son histoire à gauche suite notamment aux bons résultats du PS aux élections locales de 2008. Cette nouvelle majorité n'a toutefois pas duré dans la mesure où la droite est redevenue majoritaire lors du dernier renouvellement partiel du 1er octobre dernier.

A l'occasion de ces élections sénatoriales, des critiques se sont à nouveau fait entendre à l'encontre de la haute assemblée. D'une part, les détracteurs mettent en avant le coût important du Sénat (budget 2014 : 347 M€ dont 12 M€ pour les jardins, 316 M€ de fonctionnement et 18 M€ d'investissement) ainsi que les privilèges dont bénéficient les parlementaires (20 685 € d'indemnités mensuelles, train gratuit en 1ère classe …), particulièrement en période d'austérité. D'autre part, la question de la représentativité démocratique est régulièrement avancée. En effet, il apparait que le collège électoral représente uniquement 0,25 % de la population française et que 98 % de ce corps électoral est composé de membres des zones rurales. En conséquence, cela conduit à une surreprésentation des communes rurales par rapport aux communes urbaines et qui explique alors le poids historique de la droite dans cette assemblée.

 

Partant de ce constat, la question de l'avenir même du Sénat peut être posée. Trois pistes peuvent ainsi été identifiées : maintenir le système en l'état, supprimer complètement le Sénat ou le réformer.

En tout état de cause, il semble difficile de se satisfaire de cette situation. Conserver le Sénat sous sa forme actuelle n'est donc clairement pas une solution envisageable.

 

A l'opposé total d'un statu-quo, une solution plus radicale est possible : la suppression complète et totale du Sénat. Plusieurs arguments viennent alors en faveur de cette piste. Comme nous l'avons indiqué précédemment, le Sénat représente un coût pour les contribuables d'environ 0,10 % du budget annuel de l'État. Cette somme peut paraître anecdotique par rapport au déficit et à la dette du pays mais cette économie constituerait un signal positif en direction de la population à qui il est demandé d'importants efforts. Par ailleurs, nous avons vu que l'élection sénatoriale se faisait au suffrage indirect avec un collège électoral réduit qui conduisait à une représentativité biaisée des collectivités territoriales avec une répartition communes rurales/urbaines en opposition avec les réalités démographiques, ce qui n'est évidemment pas optimal. Enfin, la question de l'utilité même du Sénat peut être posée. Notre système parlementaire actuel repose sur un modèle bicaméral avec la coexistence de deux chambres qui ont les mêmes pouvoirs. Cela signifie donc qu'il existe une certaine redondance entre Sénat et Assemblée Nationale en termes de pouvoirs législatifs. L'existence des sénateurs pourrait donc légitimement être remise en cause. Et cela d'autant plus que notre processus législatif prévoit que l'Assemblée Nationale, représentante directe du peuple, a le dernier mot en cas de désaccord entre les deux chambres. Ajoutons également que 925 parlementaires (577 députés et 348 sénateurs) œuvrent à la même mission, soit environ 1 parlementaire pour 70 000 habitants contre 1 pour 595 000 aux États-Unis ou 1 pour 115 000 en Allemagne.

 

Comme nous l'avions annoncé précédemment il existe une voie intermédiaire entre suppression et conservation en l'état, à savoir une réforme. Évidemment le terme de réforme est parfois fourre-tout mais au vu de la situation actuelle, il paraît nécessaire d'engager une réforme d'ampleur afin de redonner au Sénat ses lettres de noblesse et de lui rendre toute sa légitimité en remettant en cause les fondements mêmes des critiques émises à son encontre.

La réforme du Parlement français revient fréquemment dans les débats notamment au travers de l'instauration d'une dose de proportionnelle à l'Assemblée Nationale. Si je suis favorable à une évolution de nos institutions, je me méfie de ces demi-mesures qui pourraient nous conduire à un retour à la IVème République et son instabilité politique. En revanche, il me paraît intéressant de développer cette idée de proportionnelle en poussant le concept à l'extrême. Plutôt que de se limiter à une dose de proportionnelle à l'Assemblée Nationale, il semble intéressant de changer le mode d'élection du Sénat en allant vers une élection au suffrage universel direct à la proportionnelle intégrale. Ce nouveau mode d'élection permettrait ainsi aux Français de se réapproprier le Sénat par le biais du vote direct mais également d'aboutir à une meilleure représentativité du pluralisme politique dans notre pays en favorisant la présence au Parlement de formations politiques diverses. Concrètement, cela conduirait à la mise en place d'un Sénat reflétant mieux les différentes sensibilités politiques de nos concitoyens. Ainsi "l'anomalie démocratique" de la quasi-absence du FN au Parlement ou de la forte présence des communistes et écolos par rapport à leurs résultats électoraux serait corrigée. A noter toutefois que l'Assemblée Nationale conserverait toujours sa prédominance en cas de désaccord afin d'éviter toute paralysie du système.

 

Quelle que soit la piste retenue, suppression ou réforme, il semble impensable de conserver le Sénat sous sa forme actuelle. Une révision de notre Constitution doit donc sérieusement être envisagée. Néanmoins, du fait la modification à apporter, un vote du Parlement réuni en Congrès paraît inapproprié. Le recours au référendum devenant alors l'unique alternative possible afin de redonner réellement la parole au peuple.

 

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17 septembre 2014 3 17 /09 /septembre /2014 09:18

C'est hier qu'avait lieu la déclaration de politique générale de Manuel Valls à l'Assemblée nationale. Je ne reviendrai pas sur ce discours tant celui-ci ne présente que peu d'intérêt. Une fois encore, le premier ministre nous a joué la carte de l'autorité et de la responsabilité tout en tendant des perches ci et là. Bref rien de nouveau sous le soleil.

 

En revanche, cette intervention a été suivie d'un vote confiance qui fut nettement plus intéressant. Bien évidemment, et le contraire aurait été surprenant, Valls a obtenu la confiance (relative) avec 269 voix pour, 244 contre et 53 abstentions. Pour rappel, le même vote avait eu lieu au mois d'avril lors de la première mouture du gouvernement Valls avec des résultats plus favorables (306 pour, 239 contre et 26 abstentions).

 

Bien que ce vote ait déjà été largement anticipé et commenté dans les médias, je souhaitais tout de même y consacrer quelques mots. Indéniablement, le fait marquant est ici la progression du nombre d'abstentions qui passe de 26 à 53, dont 31 socialistes et 17 écolos. Les "frondeurs" ont donc su globalement gonfler et serrer les rangs face aux pressions et autres menaces.

 

Personnellement, et d'autant plus sur ce type de vote, je suis quelque peu gêné par la notion d'abstention. En effet, la question posée ici est simple et sans ambigüité. A la manière d'un référendum. En conséquence, il me semblerait logique que la réponse soit tout aussi simple, à savoir oui ou non. Oui je fais confiance au premier ministre et à son gouvernement pour diriger le pays ou non je ne leur accorde pas ma confiance. Dans ce cas de figure, comme bien d'autres d'ailleurs, l'abstention n'a pas grand sens. Toutefois, pour les principaux intéressés, cela représente une manière de s'opposer en douceur, sans trop froisser le pouvoir en place. Une opposition light en somme.

 

Si on peut effectivement admettre ce raisonnement, je considère qu'il ne s'agit pas là de la bonne solution. D'un point de vue stratégique et en fonction des intérêts personnels peut-être mais certainement pas pour le pays. D'une part cela signifie que le gouvernement n'arrive pas à rassembler réellement sa majorité sur son programme politique et d'autre part cela sous-entend que nos représentants sont pour beaucoup des godillots qui n'ont pas le courage de leurs opinions.

 

Alors bien sûr je ne suis pas naïf et je ne viens pas de découvrir qu'un grand nombre de parlementaires font passer leur propre intérêt avant celui de la nation. Pour autant, je garde quelques espoirs dans notre système politique et ne veux pas encore me convaincre du "tous pourris".

 

Il apparait en revanche que ces nouveaux évènements, couplés à tous les précédents, ne va faire que creuser davantage le fossé entre le peuple et la classe politique. Le cas des "frondeurs" socialistes ne fera donc que diminuer un peu plus la confiance des Français dans leurs représentants. Et dans cette histoire, députés et médias ont leur responsabilité. Les uns comme les autres ont entretenu la fable d'un groupe de députés fidèles à leurs valeurs qui souhaitaient s'opposer fermement à la politique menée par le gouvernement. En définitive, cela s'est résumé à des déclarations dans la presse, des réunions à la Rochelle mais rien de concret lors des votes au Parlement. Bref des paroles plus que des actes, dans la droite lignée de Nicolas Sarkozy et François Hollande.

 

Plus que des "frondeurs", dont le terme est largement usurpé, ces socialistes ne sont finalement ni plus ni moins que des crocodiles : grande gueule mais petits bras.

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27 août 2014 3 27 /08 /août /2014 11:52

"Mais avant d’évoquer mon projet, je vais vous confier une chose. Dans cette bataille qui s’engage, je vais vous dire qui est mon adversaire, mon véritable adversaire. Il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera donc pas élu, et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance. Sous nos yeux, en vingt ans, la finance a pris le contrôle de l’économie, de la société et même de nos vies."

 

Tels étaient les propos de François Hollande lors de son discours au Bourget du 22 janvier 2012. Mais nous étions alors en pleine campagne présidentielle. Depuis, le candidat socialiste a été élu et le temps des promesses de combat face à la finance est bien loin. Fini le champ lexical guerrier, abandonnées les velléités de régulation …  

Tout au contraire, François Hollande est rapidement rentré dans le rang et a plié comme ses petits camarades face aux semonces du patronat. Ainsi le MEDEF, malgré ses critiques pour garder la face, s'est vu accorder plusieurs de ses requêtes, pacte de responsabilité et CICE (Crédit d'Impôt pour la Compétitivité des Entreprises) en tête. Et tout cela sans réelles contreparties évidemment.

 

Il serait long et rébarbatif de lister l'ensemble des mesures pro-entreprises adoptées depuis le début du mandat tant elles sont nombreuses. Il me semble toutefois impossible de ne pas s'arrêter sur la dernière en date, à savoir le micro remaniement de ces derniers jours. Celui-ci est d'ailleurs intéressant à double titre. D'une part pour les raisons de son existence et d'autre part pour les changements ministériels opérés.

Disons le clairement, ce remaniement n'est pas un réel remaniement dans la mesure où les changements sont limités. En réalité, il ne s'agissait que d'un prétexte pour sanctionner des individualités (Montebourg, Hamon et Filippetti). Je ne peux toutefois qu'approuver cette démarche dans la mesure où je considère que les ministres en exercice n'ont pas à faire part de leurs états d'âme dans la presse. Le débat peut certes exister au sein du gouvernement mais le linge sale doit être lavé en famille et non sur la place publique. D'ailleurs, comme disait Chevènement, "un ministre ça ferme sa gueule ou ça démissionne". Cet épisode a toutefois permis au président de la République d'envoyer un signal d'autorité, tant à son gouvernement qu'à la population.

 

Trois principaux changements sont donc intervenus : Fleur Pellerin à la Culture en remplacement d'Aurélie Filippetti, Najat Vallaud-Belkacem prenant la suite de Benoit Hamon à l'Éducation Nationale et Emmanuel Macron au ministère de l'Économie en lieu et place d'Arnaud Montebourg. Et c'est justement cette dernière passation de pouvoir qui est la plus symbolique et importante.

Pour ceux qui l'ignoreraient, Emmanuel Macron est inspecteur des finances, ancien conseiller économique de François Hollande, ancien associé de la banque Rothschild et proche de Jacques Attali. Le nouveau ministre est donc un homme de l'ombre passé dans la lumière. Mais plus que ses fonctions de conseiller, c'est davantage son passé de banquier et son positionnement idéologique qu'il faut retenir. Car Macron est un pur produit du sérail de la finance qui entretient des relations étroites avec le monde économique et financier. Gageons donc que la politique qu'il mènera ne sera que peu défavorable à ses amis. N'est-ce pas d'ailleurs Michel Sapin, Hollandais historique, qui affirmait récemment que "la finance était notre amie" ?

 

On peut clairement regretter ce choix mais il faut bien reconnaître à François Hollande le mérite de la cohérence. De fait, quoi de plus logique que de nommer un ancien banquier d'affaires pour mener une politique libérale ?

Ce qui est le plus problématique, à mon sens, c'est le signal envoyé aux électeurs en général et à ceux de gauche en particulier. Je pense ainsi à tous les militants socialistes qui doivent aujourd'hui être amers, si ce n'est plus. Car j'ai la désagréable impression, pour ne pas dire autre chose, que le PS fait ce que l'UMP n'aurait jamais pu entreprendre. Le PS mène actuellement, sous couvert d'être de gauche, une politique libérale que la droite ne pourrait clairement pas se permettre, ou tout du moins pas avec une telle facilité. Je n'ose ainsi imaginer les réactions si c'était un président de droite qui avait nommé un banquier comme ministre de l'Économie …

Une phrase semble alors résumer assez bien la situation : Sarkozy en a rêvé, Hollande l'a fait.

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12 mai 2014 1 12 /05 /mai /2014 22:44

François Hollande l'avait évoqué et Manuel Valls l'a confirmé, la réforme territoriale aura bien lieu. Et les choses s'accélèrent cette semaine avec la réception par le président de la République des responsables de partis représentés au Parlement. Après être revenu sur le projet élaboré par la droite dès le début du quinquennat, les socialistes s'attellent à leur tour à la tâche. Au programme notamment, suppression des départements et baisse du nombre de régions.

 

La question du millefeuille territorial en France ne date pas d'aujourd'hui et il est clair celui-ci doit être réformé, en particulier dans un objectif de rationalisation des dépenses publiques. Cela étant, je ne suis pas convaincu que la réforme portée par ce gouvernement soit la bonne. Leur constat de base est de considérer que notre pays comporte trop d'échelons et qu'il faut donc chercher à les réduire. Et c'est de ce constat que découle la volonté de supprimer les départements.

 

Personnellement, je n'aborde pas la question sous le même angle. On peut certes disserter sur le nombre de départements ou de régions mais je considère qu'il est plus intéressant de se pencher sur l'articulation entre ces différentes collectivités. Autrement dit, ce n'est pas tellement l'existence même des départements ou régions en tant qu'entité administrative qui pose problème mais plutôt leurs champs d'action qui se recoupent souvent. C'est donc à ce niveau là, en termes de compétences, qu'il faut agir.

 

A mon sens la suppression des départements est une mesure simpliste qui s'inscrit dans une logique purement comptable et non dans une vision politique de long terme. En effet, par cette action, le gouvernement cherche à couper à la hache dans une source de coûts, les conseils généraux. Raisonnement on ne peut plus simple : les départements nous coûtent trop cher donc supprimons les départements. Raisonnement qui peut d'ailleurs être tenu pour bien d'autres entités : communes, régions … et pourquoi pas l'État ?

 

Je crois donc que le problème se pose en des termes quelque peu plus complexes. Effectivement les collectivités locales sont réputées pour être dépensières et peu économes en personnel. Encore que cela peut se discuter sur certains points. Mais passons.

Il ne faut pas oublier que ces mêmes collectivités bénéficient d'une capacité d'investissement et possèdent des compétences propres, autrefois attribuées à l'État et qui ont été déléguées aux régions et départements dans le cadre de la décentralisation. L'objectif étant, je le rappelle, de rapprocher les centres de décision des citoyens. Supprimer les départements reviendrait donc à remettre en cause un pan entier de cette politique et à revenir à un système plus concentré et plus éloigné de la population. Si cela sera probablement sans effet notable en ville du fait de l'importance des communautés de communes, l'impact en sera d'autant plus grand en zone rurale. Par ailleurs, mais cela peut paraître plus anecdotique pour certains, les départements sont un héritage de notre passé.

 

Mais laissons de côté l'aspect politique pour nous concentrer sur des considérations économiques. Car c'est bien de cela dont il s'agit au final dans la mesure où la motivation unique principale est d'ordre financier. L'objectif attendu est clairement de faire des économies. Mais cela n'est malheureusement pas aussi simple qu'il n'y parait. Car comme nous l'avons dit les départements ont des missions propres (collèges, RSA, pompiers, routes départementales …) qui seront obligatoirement transférées à d'autres entités comme les régions ou les communautés de communes. Ce qui sous-entend évidemment que les coûts inhérents ne disparaitront pas. Tout au plus nous aurons quelques économies d'échelle ou synergies mais sans aucune certitude.

 

En revanche, et c'est là la vraie source d'économies, les départements bénéficient d'une clause de compétence générale comme les régions. Autrement dit, ces collectivités peuvent intervenir librement dans des champs de compétences autres que leurs attributions. Et cela occasionne très souvent des doublons ou des redondances, notamment entre départements et régions voire même avec l'État. Cela conduit alors à un saupoudrage d'aides publiques sans réelle cohérence d'ensemble et donc source des gaspillages.

 

A la lumière de ces différents éléments, la suppression de l'entité administrative "département" ne parait plus être la solution miracle présentée. Cela ne veut toutefois pas dire que rien ne doit être entrepris. Bien au contraire. Mais cela ne passe pas forcément par une suppression arbitraire de nos chers départements.

En ce sens, la réforme entreprise en son temps par Nicolas Sarkozy avec la création d'un conseiller territorial n'est pas totalement à rejeter comme l'ont fait les socialistes. Je crois au contraire que l'ambition de regrouper les élus des conseils régionaux et généraux est une bonne chose. Et je reprends d'ailleurs cela à mon compte en proposant que les conseillers généraux soient élus, comme c'est le cas aujourd'hui, sur la base des cantons et que ce soient ces mêmes élus qui siègent dans les conseils régionaux. Cela permettrait ainsi de limiter le nombre d'élus tout en gardant des élus locaux de proximité.

Par ailleurs, il me parait impératif de revoir les missions de chaque entité en clarifiant bien les domaines d'actions de chacune afin d'éviter tout recoupement ou doublon. Et cela passe bien évidemment par la suppression de la clause générale de compétence.

 

La mise en place conjointe de ces deux mesures permettrait ainsi de conserver des collectivités proches des citoyens et des lieux d'action tout en rationnalisant leurs dépenses publiques par une baisse du nombre d'élus et une remise à plat des champs de compétences.

Voila les deux objectifs que François Hollande devrait poursuivre au travers de sa réforme des collectivités territoriales. Cela ne semble toutefois pas le chemin emprunté pour le moment. On pourrait d'ailleurs s'interroger sur la réelle ambition de cette réforme : améliorer la situation du pays ou entreprendre un chantier d'ampleur, même non nécessaire et démesuré, afin de laisser une trace de son passage ? Intérêt général ou intérêt personnel, là encore la question se pose …

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12 avril 2014 6 12 /04 /avril /2014 09:52

Suite à sa nomination comme premier ministre la semaine dernière, Manuel Valls a prononcé ce mardi son discours de politique générale. Et c'est devant une assemblée digne d'une cour d'école que l'ancien ministre de l'Intérieur a obtenu la confiance des députés (306 pour, 239 contre et 26 abstentions).

 

Comme je l'exprimais dans un précédent article, cette nomination n'est pas vraiment surprenante et s'inscrit certainement dans une stratégie politicienne du président de la République. Mais là n'est pas la question. En revanche, comme je l'avais annoncé, ce changement de gouvernement n'influe en rien sur la politique menée. Pire, elle tend même à l'accélérer.

 

Il est vrai que Manuel Valls est quelqu'un que j'apprécie assez au PS. Et notamment sa ferveur patriote et républicaine que l'on sent particulièrement bien à la fin de son discours. En revanche, et j'ai pris réellement conscience de cela durant la primaire socialiste, j'ai nettement plus de mal avec son côté libéral. Et c'est justement cet aspect là qui ressort majoritairement de ses propos.

 

Une phrase de ce discours résume à merveille la teneur de la politique économique menée actuellement dans notre pays : "Soutenir les entreprises, c'est soutenir l'emploi, l'investissement, les exportations". La volonté affichée ici est donc clairement de mener une politique de l'offre visant à favoriser les entreprises dans l'objectif (illusoire) de créer de l'emploi. Concrètement, cela revient, encore une fois, à exonérer de charges sociales les entreprises ou à alléger leur fiscalité pour soi-disant améliorer leur compétitivité et leur permettre ainsi d'embaucher.

 

Et les mesures annoncées en ce sens ne manquent pas : suppression des charges patronales versées à l'Urssaf pour un salarié au SMIC, baisse des cotisations à la branche famille comprise entre 1,8 et 3 points, suppression de la C3S (Contribution Sociale de Solidarité des Sociétés), baisse du taux de l'impôt sur les sociétés de 33 % à 28 % ... On notera toutefois, afin de contrebalancer quelque peu le côté pro-Medef, un effort à l'attention des salariés avec une baisse des cotisations salariales permettant une augmentation du salaire net.

Faisant preuve d'une originalité à toute épreuve, le premier ministre avance donc des propositions largement utilisées dans le passé et qui ont toutes montré leurs limites, leur inefficacité voire même leurs effets pervers. En effet, cela maintenant plusieurs décennies que les gouvernements successifs, de droite ou de gauche d'ailleurs, ont recours aux exonérations de charges sans réel effet sur le chômage. Sans parler du fait que ces mesures concernent principalement les salariés au SMIC, incitant les entreprises à recourir au salaire minimum légal et pénalisant de fait les personnes ayant un salaire légèrement supérieur.

 

Parallèlement à ces aspects sociaux et fiscaux, l'autre pendant du discours concerne les questions de réduction des dépenses publiques. Là encore rien de nouveau et tout le pays sera mis à contribution : 19 milliards pour l'État, 10 milliards pour l'assurance maladie et 10 milliards pour les collectivités locales. Au final, 50 milliards d'économies sont attendues entre 2015 et 2017. On peut également ajouter à cela la réduction de moitié du nombre de régions et la suppression des conseils départementaux d'ici 2021. Bref, une vraie réorganisation des collectivités afin de simplifier notre "millefeuille territorial".

 

Voila donc pour l'essentiel du discours de Manuel Valls. En somme et pour faire court : baisse de cotisations et impôts pour les entreprises et réduction des dépenses publiques. Tels sont donc les deux axes de la politique que mènera ce nouveau gouvernement socialiste !

Car oui, il ne faut pas l'oublier, François Hollande, Manuel Valls et la quasi-totalité des membres du gouvernement sont tous membres du PS, principal parti de la gauche française.

 

Une petite pensée, pour finir, pour tous les électeurs de François Hollande qui ont glissé son nom dans l'urne en 2012 afin de chasser Nicolas Sarkozy du pouvoir. Une petite pensée pour tous ceux qui, en entendant ce discours de politique générale, se sont crus revenir sept ans plus tôt lorsque François Fillon se tenait à son tour devant les députés. Une petite pensée pour tous ceux qui commencent enfin à prendre conscience que PS et UMP mènent sensiblement la même politique austéro-libérale ...

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5 avril 2014 6 05 /04 /avril /2014 22:02

La nouvelle est donc tombée cette semaine. A la suite du second tour des municipales de dimanche dernier, et comme cela était attendu depuis longtemps, François Hollande a procédé à un remaniement ministériel. Si certains s'attendaient à un grand chamboulement, il s'avère finalement que peu de changements sont intervenus. Plus qu'un tournant dans le mandat, il s'agit plutôt là d'un changement dans la continuité.

 

Bien que cela semblait nécessaire, voire indispensable, le doute a longtemps subsisté autour de la nomination d'un nouveau premier ministre. Et c'est ainsi Manuel Valls, précédemment ministre de l'Intérieur, qui succède à Jean-Marc Ayrault. Peu de surprise en somme tant il faisait office de favori. En revanche, si ce choix est assez logique de la part de François Hollande, en particulier afin de bénéficier de l'aura de son ministre, celui-ci peut être à double tranchant. Si Valls a clairement une ambition présidentielle, pouvant ainsi mettre en difficulté le président actuel, cette nouvelle fonction peut agir sur lui comme une rampe de lancement pour la suite mais peut également le conduire à exploser en plein vol en cas de mauvais résultats. Reste à savoir si Manuel Valls réussira à tirer profit ou non de la situation.

 

Parallèlement au cas du premier ministre, on peut noter l'absence des Verts dans ce nouveau gouvernement. Et personnellement, je m'en réjouis. Non pas que l'action des ministres écolos ait été plus mauvaise que les autres mais je n'affectionne pas particulièrement ce parti. Cela étant, ce départ me paraît tout à fait logique dans la mesure où la participation à une équipe gouvernementale requiert une certaine solidarité qui n'était pas toujours de mise chez Cécile Duflot et Pascal Canfin. Comme disait Chevènement en son temps, "un ministre ça ferme sa gueule ou ça démissionne".

 

Enfin, et pour en terminer avec ce jeu de chaises musicales, on ne peut que souligner le retour de Ségolène Royal au ministère de l'écologie. Nomination on ne peut plus stratégique qui fait revenir sur le devant de la scène la candidate de 2007, jusqu'ici laissée de côté. La fin de l'exil de Royal serait-il lié à la disgrâce de Trierweiler ?

 

Alors, au final, qu'attendre de ce nouveau gouvernement ?

En réalité pas grand chose selon moi. Effectivement les personnes ont changé. Encore que l'on pouvait s'attendre à davantage de mouvements en réaction à l'échec des municipales. Mais peu importe les individus au final car ce n'est pas ce qui compte dans la gouvernance du pays. Plus que l'équipage donc, c'est réellement le cap suivi qui est primordial. Or point de changement dans la ligne de conduite de ce gouvernement. Bien au contraire, les ministres changent mais la politique reste.

 

Et c'est bien là tout le problème selon moi. Car avant même le remaniement, il était clair pour tout un chacun que la politique ne changera pas d'un iota de celle menée depuis le début du mandat. Le pacte de responsabilité figure toujours en tête des priorités du président et la politique de l'offre continuera encore à être l'alpha et l'oméga de Bercy. Austérité pour la population contre allégements de charges pour les entreprises, voila la politique économique du président de la République. Politique que ne renierait en rien son prédécesseur !

 

Pour l'heure, François Hollande a fait le choix de la continuité. Sa seule action, soit disant afin de tenir compte du message envoyé par les Français, a été de réaliser un remaniement a minima. Cela ne suffira clairement pas et il est très probable que le résultat des élections européennes soit similaire, voire pire, à celui des municipales. Gageons d'ailleurs que les scrutins à venir connaitront un sort identique tant qu'aucun changement de fond n'interviendra pas. Le tout étant de savoir si ce changement arrivera un jour ...

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30 avril 2013 2 30 /04 /avril /2013 17:40

 Alors que la côte de popularité de François Hollande est au plus bas, un sondage paru dans le JDD du 28 avril nous apprend qu'une très large majorité de Français (78 %) sont favorables à la constitution d'un gouvernement d'union nationale. Mieux, ce panel prône à 47 % l'entrée de François Bayrou dans cette équipe gouvernementale.

 

Notre pays n'ayant pas connu de tel gouvernement depuis de Gaulle, il est assez surprenant de voir émerger une telle hypothèse. Cela étant, on peut remarquer que plusieurs de nos voisins ont récemment eu recours à cette méthode, ce qui a pu inspirer nos compatriotes ou tout au moins les instituts de sondage. Il en est ainsi de l'Italie où le dirigeant de gauche Enrico Letta vient juste de former un gouvernement réunissant les principales forces politiques du pays (le Parti Démocrate de Bersani, Peuple De la Liberté de Berlusconi et les centristes de Monti). Sans oublier l'Allemagne et sa coalition CDU/SPD en 2005 lors du premier mandat d'Angela Merkel. 

 

Hormis ses considérations internationales, on peut malgré tout penser que le contexte franco-français joue un rôle non négligeable dans les résultats de ce sondage. Indéniablement François Hollande déçoit. Et ce ne sont pas ses gesticulations stériles sur le mariage homosexuel qui vont rassurer la population. De fait, se concentrer sur des questions sociétales clivantes n'est pas forcément le plus judicieux en temps de crise économique, d'autant plus que le chômage et le pouvoir d'achat sont connaissent une évolution inversement proportionnelle.

 

Face à cette déception, certes légitime mais prévisible, les Français interrogés semblent donc exprimer la volonté d'un réel changement. Assez logiquement l'UMP ne remporte pas les suffrages, notamment en raison du spectacle pitoyable qu'elle offre (élections internes, comportements autour du mariage pour tous …) mais également de ses précédents échecs lors de ses récents passages au pouvoir.

A l'inverse, Jean-Luc Mélenchon et le Front de Gauche ne rencontrent pas le succès auquel on pourrait s'attendre. Alors que le PS a entamé le tournant de la rigueur dès le début de son mandat, la camarade Jean-Luc n'arrive visiblement pas à capitaliser sur le rejet du pouvoir en place.  En fait, seul le Front National réussit à tirer son épingle du jeu, notamment grâce à la figure de Marine Le Pen et au contexte on ne peut plus favorable du "tous pourris".

 

Cela étant, ce sondage met en avant un scénario d'union nationale et non pas d'une simple alternance, ce qui n'est pas neutre et peut vouloir signifier plusieurs choses.

D'une part, il est clair que la situation du pays préoccupe les Français qui veulent donc que l'ensemble de la classe politique prenne les problèmes de la nation à bras le corps. D'où cette volonté de rassembler les grands partis en un seul gouvernement.

D'autre part, cela laisse entendre que la confiance dans les principaux partis s'est amoindrie et que leur capacité à changer la vie est donc sérieusement mise en doute. Bref, l'enseignement de cette étude pourrait être : plutôt que de continuer avec un parti (PS ou UMP) que l'on connaît et qui a déjà échoué, pourquoi ne pas essayer de tous les mélanger ?

 

En ce sens, l'arrivée en tête du sondage de François Bayrou n'est que peu surprenante. De fait, celui-ci bénéficie d'une relative "virginité politique" n'ayant pas été au pouvoir ces dernières années. Bayrou incarne donc un certain renouveau mais également une constance et une rigueur morale, notamment à la suite de son échec de 2012. Plus encore, de par son positionnement même et ses propos sur la rénovation politique ou la dette, le leader du Modem apparaît comme visionnaire sur ces sujets.

Cela étant, la réalité n'est pas aussi rose concernant Bayrou et les Français ont malheureusement la mémoire courte. Ainsi, peu de gens se souviennent qu'il fut ministre de Jacques Chirac et donc comptable de son bilan. De même, si les constats étaient bons, les solutions économiques proposées lors des campagnes présidentielles se résument à une politique européiste de rigueur. Soit exactement la même chose que sous Nicolas Sarkozy et François Hollande. N'oublions pas d'ailleurs que le succès du centriste en 2007 n'est pas imputable en totalité à son programme et sa personne mais doit au contraire beaucoup au rejet de ses deux adversaires de l'époque, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy.

 

Mais laissons là François Bayrou et revenons-en à ce qui nous préoccupe aujourd'hui.

Malgré ce sondage encourageant, il est très probable voire même certain que François Hollande ne remaniera fondamentalement son gouvernement. Au pire, on assistera à quelques ajustements afin de tenir compte du contexte actuel mais rien ne laisse présager un gouvernement d'union nationale. Et cela est somme toute logique car rien ne justifie une telle chose. Certes la situation économique et financière du pays est préoccupante mais pas au point de tout changer. A mon sens, seul un évènement d'une extrême gravité comme une guerre par exemple pourrait légitimer un tel scénario.

D'un point de vue plus politicien, la gauche étant arrivée au pouvoir après des années dans l'opposition, il serait incompréhensible que celle-ci se dépossède de son propre pouvoir, et cela d'autant plus qu'elle possède la majorité au Parlement.

 

Si la gauche refuse logiquement un gouvernement d'union nationale, il faut toutefois remarquer que les autres partis rejettent également cette possibilité. Car ceux-ci auraient davantage à perdre qu'à gagner. Le refus du FN, qui se veut hors du système et qui a de profondes divergences de fond avec le PS, est ainsi sans surprise. En revanche, et sur un modèle à l'italienne, l'UMP aurait pu adopter une position différente en jouant la carte de l'intérêt supérieur de la nation et donc en retournant la situation à son avantage. Cela aurait évidemment été sans risque dans la mesure où le PS n'aurait pas accepté cette offre.

 

Pour autant, le fait même de laisser la porte ouverte à une telle proposition pouvait mettre l'UMP en difficulté. De fait, il est difficile d'expliquer que l'on va finalement s'allier avec le parti que l'on n'a cessé de critiquer pendant des années. Difficile certes mais pas impossible, notamment en période de crise. En revanche, faire partie d'un même gouvernement suppose de s'accorder sur un programme commun, même réduit au minimum. En particulier au niveau fiscal et économique puisque ce serait l'enjeu principal d'un tel gouvernement.

 

Et c'est justement là que le bât blesse. Car les Français se rendraient enfin compte que le PS et l'UMP sont tous deux adeptes de la même pensée économique et que les politiques qu'ils mènent ne sont donc pas si différentes. Malgré les apparences, PS et UMP défendent le système économique et financier actuel sans aucune volonté de le réformer. Ce ne sont ni plus ni moins que des gestionnaires de la rigueur et de l'austérité. En fait, comme disait Philippe Séguin, l'UMP et le PS sont les deux détaillants d'un même grossiste : l'Union Européenne …

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14 avril 2013 7 14 /04 /avril /2013 22:25

Du fait de son histoire, la France est composée de différents échelons administratifs, péjorativement appelé millefeuille (communes, cantons, départements …). Plus récemment, d'autres étages sont venus s'ajouter à ceux existants en raison de nouvelles configurations : communautés de communes, métropoles … Sans oublier bien évidemment les niveaux national et européen qui chapeautent le tout.

Bref, tout cela a abouti à la multiplication des effectifs, des normes, des impôts ainsi qu'à l'enchevêtrement voire la redondance des compétences. Indéniablement une réforme de ce système est nécessaire afin de simplifier une articulation parfois saugrenue. Personnellement, je suis attaché aux départements et suis donc opposé à leur suppression comme cela est envisagé. En revanche, les cantons voire les régions sont peut-être d'une utilité discutable. Mais là n'est pas la question.

 

A chaque échelon donc son administration et ses élus. Elus qui ont normalement pour mission de traiter les enjeux correspondant à leurs fonctions. Depuis que je m'intéresse à la politique, mon attention s'est portée essentiellement sur le national. Cela s'explique en grande partie par le fait que c'est justement à cette échelle que sont fixées les grandes orientations du pays (modèle économique, système fiscal, politique étrangère …) qui influent sur notre vie. A mon sens, c'est donc à ce niveau que se joue la Politique avec un grand "p", que se dessine et décide notre modèle de société.

 

A l'inverse, j'ai longtemps considéré la démocratie locale avec dédain. Je pensais que les questions d'ordre local, et en particulier communal, se résumaient à l'installation de poubelles ou la construction d'aires de jeux.

En réalité, je me trompais. Car les enjeux locaux sont finalement bien plus stratégiques qu'il n'y parait. Plus que des problèmes de poubelles ou de parcs, ce sont des questions de transport ou d'urbanisme par exemple qui sont abordées avec des conséquences parfois majeures sur le quotidien. En somme, les thématiques sont certes différentes mais pas forcément moins intéressantes ni importantes.

On pourrait d'ailleurs, d'une certaine manière, faire une comparaison avec le monde de l'entreprise où l'échelon national correspondrait au niveau de la direction stratégique et le local au niveau opérationnel. Ainsi, chaque strate de décision a son importance dans le système global et tous deux sont étroitement liés. Chacun a donc besoin de l'autre pour fonctionner pleinement.

 

Si les Parlementaires sont donc indispensables à la bonne marche de notre pays (encore que l'Assemblée nationale se transforme de plus en plus en chambre d'enregistrement du fait de l'UE), il n'en reste pas moins que les élus locaux revêtent également une importance non négligeable, et en particulier les élus municipaux.

Cet attachement pour l'échelon communal est d'ailleurs nettement perceptible au travers de la forte participation (ou de la faible abstention selon les points de vue) aux élections municipales. De même, il apparaît que le maire est généralement le personnage politique préféré des Français.

 

Les raisons d'une telle affection sont finalement assez simples : la proximité et le concret.

La proximité tout d'abord. Décuplée dans nos villages où tout le monde se connaît, la proximité du maire avec ses administrés est généralement forte avec une importante présence sur le terrain et pas uniquement en période électorale.  Ainsi, les habitants d'une ville, même si cela est moins vrai pour les grosses métropoles, peuvent s'identifier assez aisément à leurs élus municipaux et tisser des liens plus étroits qu'avec des élus d'autres échelons.

Le concret ensuite. Indéniablement, les enjeux municipaux sont plus parlants pour nos concitoyens que la crise de l'euro ou la relance par la demande. Il est ainsi plus simple d'en saisir tous les tenants et aboutissants même si, reconnaissons-le, certains projets d'urbanisme tendent à se complexifier. Par ailleurs, les actions et résultats d'une équipe municipale sont visibles à plus courte échéance. De fait, l'avancée de la construction d'une école s'appréhende nettement mieux que l'impact de mesures socio-économiques sur le chômage ou le pouvoir d'achat.

 

On pourrait également ajouter un troisième élément à ces deux premiers. Mais celui-ci n'est pas forcément valable partout et pour tous. En revanche, je suis convaincu qu'il est un point essentiel de l'action municipale. Je pense ainsi au contact avec le réel, à la connaissance de la réalité. On le voit aujourd'hui, avec l'affaire Cahuzac par exemple, une (très) grande partie de la classe politique française évolue dans un monde complètement différent de celui de la majorité de la population. Malgré des visites de terrain (mais de quel terrain parle-t-on ?), nos gouvernants n'ont malheureusement pas  toujours conscience du quotidien des Français. Ce qui explique d'ailleurs parfois, outre le dogmatisme, l'incongruité des décisions prises.

A l'inverse, les élus municipaux sont, la plupart du temps et hormis dans les grandes villes, des citoyens comme les autres. On retrouve alors l'esprit de la célèbre formule d'Abraham Lincoln : "le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple".

 

Bien que je pensais le contraire il y a quelque temps, je suis maintenant persuadé que le mandat de conseiller municipal est une expérience hautement enrichissante. Celui-ci permet ainsi prendre part à la vie de la cité en restant en lien constant avec le terrain donc avec les habitants et leur réalité. De même, cela permet de mieux appréhender le fonctionnement d'une commune (budget, emploi, fiscalité …) tout en participant à son développement.

 

Si mon engagement politique se limitait dans un premier temps à des débats entre amis et à l'écriture d'articles sur ce blog, j'ai franchi un premier pas l'année dernière en prenant ma carte dans un parti politique. Au final, et pour diverses raisons, cet acte s'est résumé à un soutien purement financier.

En revanche, plus le temps passe et plus je ressens l'envie de me confronter à la réalité de la politique. En ce sens, le mandat de conseiller municipal pourrait être une possibilité à envisager sérieusement. Voila pourquoi, et même si cela ne reste qu'une hypothèse, je commence petit à petit à réfléchir à un projet  pour ma ville.

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