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14 juin 2014 6 14 /06 /juin /2014 23:22

C'est donc jeudi 12 juin 2014 que la 20ème édition de la coupe du monde de football a débuté. Et cette année c'est le Brésil, pays du foot par excellence, qui est l'organisateur de cet évènement planétaire.

 

Je ne parlerais pas ici de la coupe du monde en tant qu'évènement sportif et cet article ne sera donc pas le lieu de pronostics ou de commentaires d'après-match. Je préfère davantage m'intéresser à l'organisation même de cette compétition.

 

Comme toute manifestation sportive de cette ampleur, la coupe du monde est un évènement très attendu qui va attirer une masse énorme de supporters venus soutenir leur équipe. De même, les joueurs viendront accompagner de leur staff et de leurs familles. Or l'accueil de toutes ces personnes nécessite un nombre important d'infrastructures à la fois sportives (stades) et "civiles" (logements, transports …) dont le Brésil a du se doter.

 

Et ce sont justement ces infrastructures qui sont au cœur de manifestations de masse. Si le foot est un sport majeur au Brésil, la vie quotidienne continue malgré la coupe du monde. Et pour beaucoup de Brésiliens ce quotidien n'a rien à voir avec le climat de fête ambiant. Bien au contraire.

 

Il est vrai que la situation s'est quelque peu améliorée ces dernières années et que le président Lula a fait d'importants efforts en faveur des plus pauvres. Mais il n'en reste pas moins que la situation d'une grande partie de la population reste très préoccupante. Cela explique alors la vague de manifestations qui a vu le jour à Porto Alegre en 2013 et s'est progressivement étendu au reste du pays.

 

L'approche de la coupe du monde n'a alors fait que renforcer cette contestation. Et cela d'autant plus que les sommes dépensées pour la construction de stades et l'accueil de touristes sont considérables (environ 11 milliards de dollars selon les estimations). Beaucoup nous expliquent que les retombées  économiques du mondial seront conséquentes pour le Brésil. C'est une possibilité en effet. Mais comment ne pas comprendre le désarroi de ces gens qui voient leur gouvernement privilégier le sport à l'Education et la santé ? Comment ne pas comprendre leur colère alors que leurs dirigeants préfèrent construire des stades plutôt que des écoles et des hôpitaux ?

 

Ces manifestations populaires sont donc clairement légitimes et je ne peux que soutenir ces démarches. Même si cela dérange, les manifestants ont tout à fait raison d'utiliser cette compétition comme caisse de résonnance pour leurs revendications. Plusieurs joueurs ont d'ailleurs apporté leur soutien.

Il n'y a bien que Michel Platini, président de l'UEFA, pour demander au peuple brésilien de cesser leur mouvement social durant la coupe du monde. Platini, la Marie-Antoinette de la planète foot ?

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11 février 2013 1 11 /02 /février /2013 18:02

Les lecteurs assidus de ce blog auront pu constater que l'art et la culture ne sont pas mes thèmes de prédilection. Non pas que je n'y sois pas sensible mais je leur préfère grandement la politique et l'économie. Cela étant, c'est de ma récente sortie au cinéma dont il sera question aujourd'hui.

 

Un certain nombre de mes amis m'avaient fortement recommandé d'aller voir Django Unchained de Quentin Tarantino. Et les excellentes critiques de ce film m'encourageaient effectivement en ce sens. Malgré tout, j'avais quelques réserves concernant le réalisateur depuis que j'avais vu Inglorious Basterds avec Brad Pitt. En effet, je n'avais que peu apprécié l'enchainement plutôt décousu du film ainsi que cette articulation en chapitre assez frustrante pour moi. Mais finalement les quelques extraits visionnés ont fini par me convaincre d'y aller.

 

Et bien m'en a pris tant ce film est excellent. Mieux il s'agit là du meilleur film que j'ai vu depuis longtemps : 2h45 de pur bonheur sans longueurs ni ennui. En termes de pitch basique, on retrouve bien là le grand classique américain à savoir un héros qui va sauver une demoiselle en détresse avec l'aide de son fidèle compagnon. Traditionnel certes mais toujours aussi efficace. De même, et c'est également une marque du cinéma américain, l'opposition entre le bien et le mal, les gentils et les méchants est clairement posée tout au long du film.

 

Outre ces aspects, il est clair que cette production est mise en valeur par la qualité de ces acteurs avec un casting haut en couleurs, si je puis dire. Les personnages principaux, à savoir King Schultz (Christoph Waltz) Django (Jamie Foxx) et Calvin Candie (Léonardo Di Caprio) sont tout simplement géniaux, à la fois dans leurs caractéristiques propres et leur interprétation. Sans oublier bien sûr le fidèle Steven campé par le célèbre Samuel L. Jackson.

 

Par ailleurs, il faut noter l'importance accordée à la musique par Tarantino. Musique qui rappelle indéniablement les westerns dont le réalisateur a voulu s'inspirer. Et prépondérance également de l'humour distillé par petites touches tout au long de l'intrigue qui permet de prendre du recul et de dédramatiser et de tourner à la dérision certains personnages et situations. Je pense notamment à la scène des cagoules lors de l'attaque des hommes du Ku Klux Klan.

 

Pour en finir avec l'aspect artistique, je soulignerais la violence du film. Il s'agit certes d'une marque de fabrique de Tarantino (cf Inglorious Basterds ou Kill Bill par exemple) mais certaines scènes peuvent malgré tout être assez choquantes, en particulier du fait de leur réalisme. Personnellement, ce n'est pas tant la violence physique qui m'a mis mal à l'aise par moment mais plutôt la "violence "psychologique et verbale" qui existe entre les différents protagonistes et en particulier entre les blancs et les noirs.

 

Mais si Django Unchained est plus qu'un bon film c'est, je crois, notamment en raison du thème qu'il aborde et du contexte particulier dans lequel les personnages évoluent. En effet, l'histoire de déroule en 1858 aux Etats-Unis quelques années seulement avant la guerre de Sécession. C'est donc dans une période noire des Etats-Unis, durant les années d'esclavage que se situe l'intrigue. Du fait de cet environnement, le film oblige donc d'une certaine manière à réfléchir sur l'esclavage et l'égalité entre les Hommes.

 

Le parti pris de Tarantino est on ne peut plus explicite du début à la fin. De fait, la plupart des personnages blancs sont assez primaires avec une intelligence clairement limitée et sont souvent tournés en dérision. De plus, le personnage du docteur Schultz, lui aussi blanc, incarne une sorte de conscience qui cherche à tempérer les ardeurs des esclavagistes.

Cela étant, Quentin Tarantino entend rappeler la terrible réalité de l’esclavage : châtiments corporels, travail dans les champs … Si celui-ci était très répandu à l'époque et a permis un enrichissement de nombreuses nations, il n'en reste pas moins qu'il s'agit d'une pratique d'asservissement et de soumission d'un être humain sur la seule base de sa couleur de peau.

 

Si l'action se déroulait à la fin du XIXème siècle, je crois malgré tout que des parallèles peuvent être faits avec des périodes plus proches de nous, et en particulier la seconde guerre mondiale. Je prendrais notamment deux exemples pour illustrer cela.

En premier lieu, et la scène du repas dans la maison de Calvin Candie l'éclaire à merveille, Calvin Candie (Léonardo Di Caprio) explique à ses hôtes la supériorité de l'Homme blanc en se justifiant avec des données scientifiques et notamment la constitution du cerveau. En somme, les blancs exploitaient les noirs car il s'agissait d'êtres inférieurs avec une intelligence moins développée et une soumission plus forte. C'est ainsi avec ce genre de propos qu'Hitler et l'Allemagne Nazie ont réussi à exterminer des millions de juifs dans les années 1940.

Ensuite, et c'est peut-être plus discutable, je pense que le "comportement zélé" de certains esclaves peut être rapproché de celui des collabos sous l'occupation. Ainsi, Steven (Samuel L. Jackson) le majordome était d'une grande fidélité envers son maître et n'a pas hésité à dénoncer sa camarade d'infortune dans l'unique but de plaire à son propriétaire. Comme une partie des Français à l'époque, cet homme est allé au-delà des attentes de son maître au risque de trahir les siens.  Si cela est difficilement compréhensible sur le plan moral, on peut toutefois penser que ces comportements s'expliquent par une volonté (légitime) d'améliorer leur sort en s'attirant les faveurs du tyran.

 

Mais au-delà de la seconde guerre mondiale, des ressemblances existent avec l'ensemble des conflits où un peuple est opprimé par un autre. Dans l'Histoire du monde, les situations de domination ont été multiples et existent encore aujourd'hui. Quelles que soient les régions et les époques, les despotes ont toujours une bonne raison de faire régner la peur et la violence. Et ce jusqu'à ce qu'un soulèvement populaire massif permette d'inverser la tendance.

Aujourd'hui, dans notre monde moderne et "civilisé", l'esclavage existe malheureusement toujours. Celui-ci ne se présente plus sous la même forme de manière aussi ouverte mais les situations d'asservissement d'un individu par un autre sont encore légions, que ce soit en France ou à l'étranger. Et comme à l'époque l'objectif reste le même : exploiter la misère humaine pour s'enrichir toujours plus.

 

Plus que l'esclavage en tant que tel, le film de Tarantino conduit à s'interroger sur le respect de chacun et l'égalité entre les Hommes. Dans cette histoire, les noirs sont maltraités et dévalorisés en raison de leur seule couleur de peau. Par chance, les choses ont évolué dans le bon sens depuis mais il existe encore trop de comportements intolérables dans notre société. Alors bien sûr l'égalité parfaite n'existe pas et chaque personne est (heureusement) différente. Pour autant, les Hommes, quelles que soient leur couleur, leur origine ou leur ethnie, se ressemblent malgré justement leurs disparités. Et plutôt que d'exacerber ce qui nous éloigne, il serait préférable pour le bien de tous de chercher à valoriser ce qui nous rapproche. Et c'est là l'essence même de la Nation que de rassembler des gens différents autour de valeurs communes et dans un dessein collectif.

 

Juger l'autre fait partie intégrante de la nature humaine et chacun y est confronté au quotidien. Mais il faut, je crois, savoir dépasser ces a priori pour voir plus loin que le seul aspect physique.

 

En 2007, durant la campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy avait pour slogan : "ensemble tout devient possible". C'est bien évidemment lui qui avait raison et cette phrase est indéniablement toujours d'actualité. Or en ces temps difficiles où la crise fait rage, il est bien plus facile de se replier sur soi-même et de rester avec ses semblables dans une forme confortable de communautarisme. Malgré tout, cela ne conduira en rien à résoudre les problèmes mais au contraire à les accentuer.

Si l'union fait la force, certains ont bien compris que diviser permet de mieux régner. Et ils n'hésitent donc pas à mettre de l'huile sur le feu, quitte à embraser le pays, en jouant sur les peurs et les angoisses. Rentrer dans leur jeu serait la pire des choses et conduirait irrémédiablement à une remise en cause de la cohésion nationale.

 

"L'Homme est un loup pour l'Homme" disait Thomas Hobbes. Cela était vrai au temps de la citation mais cela l'est encore plus aujourd'hui que l'argent, la finance et l'économie sont devenus l'alpha et l'oméga de nos civilisations. C'est généralement dans l'adversité que naissent les plus belles idées. Or c'est dans un tel moment que nous nous trouvons actuellement. Tâchons donc de rester unis en nous serrant les coudes les uns les autres afin de sortir de la tempête plutôt que de nous tirer dans les pattes pour de futiles raisons.

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21 juillet 2012 6 21 /07 /juillet /2012 14:27

L'année scolaire étant finie, j'ai davantage de temps à consacrer à la lecture. Et c'est donc par le livre d'Aurélien Bernier, "désobéissons à l'Union Européenne" que j'ai attaqué cette période estivale.

 

Pour résumer brièvement la thèse de l'auteur, je dirais que celui-ci nous explique que l'UE est une construction ultralibérale qui prône le libre-échange intégral, le tout avec un caractère démocratique très limité et une perte de souveraineté nationale. Estimant qu'aucun changement de l'intérieur n'est possible, Aurélien Bernier et le M'PEP (Mouvement Politique d'Education Populaire) dont il est membre encouragent alors à une désobéissance européenne. Concrètement, cela revient à rétablir la primauté du droit national sur le droit communautaire et donc à ne pas appliquer, c'est à dire à désobéir, aux traités, directives, règlements européens qui vont à l'encontre des lois nationales.

 

Évidemment, et ce ne sera une surprise pour personne, je me reconnais totalement dans les arguments du porte-parole du M'PEP. Et c'est d'ailleurs pour cela que j'ai acheté ce livre. Il n'est donc pas illogique que mon avis sur celui-ci soit très positif. Mais au delà de la teneur même des propos tenus, j'ai fortement apprécié la structuration de l'ouvrage en trois parties qui laissent paraître, je trouve, une certaine pédagogie et une volonté de convaincre.

Ainsi, l'auteur commence tout d'abord par nous décrire l'Union Européenne telle qu'elle est vraiment, c'est à dire ultralibérale, antidémocratique, soumis aux puissances de l'argent, en s'appuyant notamment sur des références et faits historiques précis. Ensuite, il nous est démontré que les partis politiques actuels, en particulier de gauche, sont impuissants face au défi européen en raison de leur aveuglement et de leur dogmatisme. Enfin, Aurélien Bernier nous présente ses solutions pour lutter contre cette Union Européenne.

 

S'agissant de ces solutions justement, je dois reconnaître de grandes convergences de point de vue avec le M'PEP sur le sujet. Transformation de l'euro en monnaie commune, investissements massifs dans les services publics, renationalisations dans le secteur de l'énergie ou encore mise en place de mesures protectionnistes, telles sont les propositions d'Aurélien Bernier et de son mouvement. Et il est bien évident que je souscris pleinement à l'ensemble de ces mesures tant j'en suis moi-même un fervent défenseur. Pour preuve, j'en avais avancé un certain nombre dans mon article sur PSA.

 

J'ai toutefois un reproche à faire à l'auteur. En effet, celui-ci semble considéré que seuls les partis de la gauche radicale peuvent mener des politiques sociales avec la réaffirmation des services publics, la nationalisation d'entreprises privées ou la mise en oeuvre de protectionnisme. Pour moi il s'agit clairement d'une erreur fondamentale puisqu'il existe d'autres partis institutionnels dans notre classe politique qui défendent les mêmes idées. Je pense ici bien évidemment à Nicolas Dupont-Aignan et son mouvement Debout la République (DLR) qui défendent sans varier depuis des années de telles solutions.

 

Arrêtons de toujours raisonner en ces termes de gauche et de droite qui apparaissent comme étant un référentiel erroné aujourd'hui. Il existe une proximité bien plus grande entre le M'PEP venu de la gauche et DLR venu de la droite qu'entre le M'PEP et le PS ou entre DLR et l'UMP. En ce sens, il faut souligner que Jacques Nikonoff, porte-parole du M'PEP, a apporté son soutien à Nicolas Dupont-Aignan à l'occasion des dernières législatives.

 

A tous ceux qui aiment l'europe, je vous invite à lire ce livre pour faire le bon choix.

A tous ceux qui soutiennent cette europe là, je vous encourage vivement à lire ce livre pour ouvrir les yeux

A tous ceux enfin qui hésitent, qui ne savent pas ... je vous incite à lire ce livre afin de vous faire une opinion sur le sujet.

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8 juillet 2012 7 08 /07 /juillet /2012 18:10

Jeudi 5 juillet l'IFAB (International Football Association Board) a rendu, par la voix de son président Jérôme Valcke, une décision qui fera date dans le monde sportif. En effet, cet organisme a autorisé le port du voile pour les footballeuses de confession musulmane.

 

Évidemment cette annonce a été différemment accueillie selon les parties. Alors que l'Iran et l'Arabie Saoudite se sont réjouies de la nouvelle, certaines associations, telles que la Ligue Internationale des Femmes (LIF) ou encore la Coordination Française pour le Lobby Européen de la Femme (CFLEF), ont exprimé leur colère.

 

Notons toutefois que la FFF (Fédération Française de Football) a rapidement pris position sur le sujet :

"En ce qui concerne la participation des sélections nationales françaises dans des compétitions internationales, ainsi que l'organisation des compétitions nationales, la FFF rappelle son souci de respecter les principes constitutionnels et législatifs de laïcité qui prévalent dans notre pays. Dans ces conditions, elle n'autorise pas les joueuses à porter le voile"

 

Depuis de nombreuses années, la coutume dans les différents sports était de respecter une certaine égalité et neutralité dans les tenues des joueurs. La loi n°4 de l'IFAB, qui précise que l'équipement ne doit présenter aucune inscription politique, religieuse ou personnelle, allait donc en ce sens avant cette récente remise en cause.

 

Alors que penser de cette décision ?

Certains estiment qu'il s'agit d'un progrès dans la mesure où cette modification du règlement permettra de ne plus exclure les équipes féminines de certains pays et notamment celle de l'Iran. De même, ces personnes mettent en avant la liberté de choix de ces femmes.

 

Bien évidemment, ce débat dépasse largement le seul contexte du sport puisqu'il s'agit d'une question qui revient de manière récurrente sur le devant de la scène. Personnellement, je crois que l'IFAB a opéré ici un choix qui va dans le mauvais sens. De fait, je considère que le sport est un domaine qui doit rester en dehors de toute considération politique ou religieuse. Je crois donc qu'il est préférable que les joueurs laissent à l'entrée du terrain leurs convictions quelles qu'elles soient et s'affrontent à armes égales.

Par ailleurs, cette décision me paraît dangereuse dans la mesure où elle conduit à ouvrir la boîte de Pandore. Le risque est donc de voir émerger d'autres revendications religieuses, ce qui ne serait pas totalement illogique vu les circonstances.

 

Au vu de tous ces éléments, je ne peux donc que me réjouir de la position de la FFF qui me semble être la plus raisonnable à l'heure actuelle. La France étant un pays de tradition laïque, il me paraît légitime que le voile ne pénètre pas dans les enceintes sportives.

Comme je l'ai répété à maintes reprises sur ce blog, je considère que la religion relève de la vie privée et qu'en conséquence celle-ci ne doit pas empiéter sur la sphère publique.

 

Pour finir, je ne peux m'empêcher de me demander si cette décision est un réel progrès pour les musulmans. Je me demande sincèrement si cette modification de règlement va servir les musulmans ou si au contraire elle risque de davantage leur nuire. En effet, alors que l'on ne cesse de parler de stigmatisation, je ne peux que m'interroger sur le bien fondé de cette revendication communautariste.

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4 juillet 2012 3 04 /07 /juillet /2012 19:13

C'est donc dimanche dernier que l'euro 2012 s'est achevé avec une très belle victoire de l'Espagne sur l'Italie. De manière assez prévisible, le parcours de l'équipe de France s'est révélé chaotique. Et je ne parle pas uniquement de l'aspect sportif, à mon grand regret d'ailleurs. Comme en 2010 à Knysna, les Bleus ont une nouvelle fois fait parler d'eux en raison de leurs comportements ... inadaptés dirons nous.

 

Mais je n'ai pas envie de disserter plus longtemps sur ces individus qui ne le méritent finalement pas. Et cela d'autant plus que d'autres joueurs sont davantage dignes de commentaires élogieux. En revanche, cet euro de football m'a fait remarquer un phénomène, que j'avais déjà identifié par le passé, sur lequel je souhaite revenir.

 

Depuis tout petit, chacun est incité, par l'école, par sa famille ... à faire du sport. Outre ses vertus sur la santé, il est de notoriété publique que le sport, quel qu'il soit d'ailleurs, est un excellent facteur de sociabilisation qui permet aux enfants  notamment de s'insérer au sein d'un groupe et de développer ses qualités relationnelles. Au même titre que l'école, le sport est donc un fantastique outil d'intégration. En outre, le sport est sensé promouvoir de nobles valeurs telles que le respect, la tolérance ou encore le dépassement de soi, le tout dans un environnement encadré par des règles.

 

Pour autant, il apparaît que cet idéal tend à disparaître, notamment en raison de la perversion de l'argent. Il n'y a qu'à regarder les récentes dérives pour s'en rendre compte. Ajoutons à cela que le sport est également gangréné par des problèmes qui touchent la société dans son ensemble (drogue, violence ...) comme l'ensemble des composantes de notre économie. Malgré tout, et c'est le point positif, le sport reste, avec ses qualités et ses défauts, un facteur de développement personnel pour tous, du plus petit au plus grand.

 

Cela étant, et c'est justement ce phénomène que j'observe à l'occasion de toutes les compétitions internationales, il apparaît assez nettement que le sport conduit également à un certain repli identitaire. Concrètement, et je suis directement témoin de cela, cela consiste à soutenir de manière démesurée l'équipe de son pays d'origine, voire même à dénigrer parfois violemment son pays d'accueil, ici en l'occurrence la France.

 

Où est le problème me direz-vous ? A priori il n'y en a pas. Je ne conteste en aucun cas le fait de soutenir une équipe étrangère. Et je ne demande pas non plus à quiconque de renier ses racines. En revanche, j'ai beaucoup de mal à accepter que certaines personnes crachent sur le pays qui les nourrit et dans lequel elles vivent. Et cela m'est d'autant plus insupportable lorsque ces individus sont eux-mêmes Français et qu'ils ne connaissent que partiellement le pays de leurs ancêtres, souvent à l'occasion de congés.

 

Alors bien sûr, cet état de fait peut sembler dérisoire au vu des problèmes que rencontre notre pays. Mais je crois au contraire qu'il ne s'agit là que d'une manifestation de la question plus large qu'est l'intégration des étrangers. J'ai, à plusieurs reprises, exprimé sur ce blog mon hostilité à l'abandon du concept d'assimilation. De même, je suis clairement opposé à tous ces bien-pensants qui font la promotion de la diversité comme une fin en soi et un objectif à atteindre dans l'absolu. Personnellement, je considère que cela conduit à renforcer un communautarisme déjà fortement présent dans notre pays.

 

Pendant des années, gauche et droite ont laissé prospérer une certaine forme de repli identitaire notamment par le biais des politiques de la ville. Aujourd'hui, ce problème s'est grandement développé et tend à s'exacerber pour la plus grande joie du Front National qui surfe allègrement sur ces évènements. 

Dans ce domaine encore, l'UMP et le PS ont montré les limites de leurs solutions qui n'ont fait qu'acheter la paix sociale pour se maintenir au pouvoir. Il apparaît toutefois que les réponses du FN ne constituent pas non plus une voie envisageable du fait de leur caractère extrémiste.

Voila pourquoi il est indispensable qu'une réelle alternative puisse émerger, dans la droite lignée de l'héritage gaulliste.

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29 avril 2012 7 29 /04 /avril /2012 17:18

Récemment Canal + diffusait un film réalisé par Antoine de Caunes : Yann Piat, chronique d'un assassinat.

S'agissant d'un film à forte consonance politique, j'étais assez impatient de le voir. Et je dois dire ne pas avoir été déçu. Bien au contraire. Et il est clair que la qualité des acteurs, et notamment Karin Viard, y est pour beaucoup.

 

Mais c'est surtout l'aspect politique de ce film qui m'a grandement intéressé. Avant cela, je ne connaissais pas du tout Yann Piat. Et je crois que c'est bien dommage. En effet, je pense que cette femme et son histoire devraient être plus connues du grand public et en particulier de la jeunesse qui souhaite s'engager dans la vie publique.

 

Évidemment ma seule source d'information sur Yann Piat est la fiction d'Antoine de Caunes. Or il est possible que celle-ci soit subjective et parcellaire donc mon opinion le sera peut-être également. Cette réservé étant posée, je crois malgré tout que ce film permet de se faire une bonne idée de la personnalité de Yann Piat.

 

Le moins que l'on puisse dire est que la vie de cette femme fut très, très mouvementée. Initialement membre du Front National par amitié pour Jean-Marie Le Pen, elle fut élue député du Var en 1986 puis réélue en 1988. Par la suite, elle fut exclut du FN et rejoint l'UDF avant de voir son mandat renouvelé en 1993. Tout au long de sa carrière, Yann Piat s'est battue contre la corruption et la collusion entre mafia et classe politique. Sa volonté de transparence et son entêtement à lutter pour la justice lui ont coûté cher puisque celle-ci fut assassinée le 25 février 1994.

 

Peut-être à tort, il me semble que Yann Piat fut une femme bien et digne d'admiration. En m'appuyant sur les éléments de ce film, je pourrais tout à fait prendre la députée du Var comme modèle. En effet, celle-ci possède toutes les qualités que j'apprécie chez une personnalité politique : courage, abnégation, constance ...

Ce qui m'a le plus marqué chez cette femme c'est sa fidélité à ses idées. Ainsi, celle-ci a pris ses distances avec le FN et Jean-Marie Le Pen, pourtant son parrain, lorsque la ligne du parti ne correspondait plus avec ses valeurs. De même, c'est au péril de sa vie que la député a mené son combat contre la corruption.

 

Et s'il est un autre élément récurrent du film, outre le parcours personnel de Piat, c'est bien cette collusion qui existe entre le milieu mafieux et la classe politique varoise. Si cela était vrai dans les années 1990, il faudrait être naïf pour croire que le passé est révolu. Malheureusement aujourd'hui de telles combines perdurent toujours avec la mafia mais aussi avec le monde des affaires.

 

A mon plus grand regret, les François voient la classe politique comme une caste de tricheurs corrompus qui cherchent s'en mettre plein les poches aux dépens de l'intérêt général. Évidemment cela n'est pas totalement faux et différents scandales récents sont venus entacher encore un peu plus l'image  de la politique, tant à gauche (Bouches-du-Rhône, Nord-Pas de Calais) qu'à droite (Karachi, Bettencourt).

 

Dans la lignée de la députée du Var, il me semble donc nécessaire de chercher à nettoyer les écuries d'Augias comme disait Patrick Devedjian. Clairement la tâche n'est pas aisée et le décrassage ne se fera pas un jour. Mais c'est par un travail de longue haleine que nous pourrons aboutir à assainir la politique de tous ses éléments indésirables qui s'enrichissent sur le dos du peuple.

En ce sens, il est donc dommage qu'il n'y ait pas davantage de Yann Piat. On peut alors seulement souhaiter que la jeune génération prenne exemple sur cette femme tombée pour ses idées.

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24 décembre 2011 6 24 /12 /décembre /2011 13:53

Dans la continuité de mes lectures estivales, je me suis attaqué au dernier livre de Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout La République. Je ne vais pas ici résumer l'intégralité de l'ouvrage tant celui-ci est fourni mais, en revanche, je vais revenir sur quelques points qui me paraissent intéressants.

 

Tout d'abord, il fut question de la campagne pour l'adoption du traité de Maastricht en 1992. A l'époque ses partisans promettaient plus d'emplois, plus de croissance, plus de protection sociale ainsi qu'une unification économique et sociale de l'Europe. Malgré le soutien de la gauche et de la droite, le traité ne fut adopté qu'à une courte majorité de 51,05 %, faisant alors naître un premier clivage entre fédéraliste et souverainiste.

En 2005, tout recommença et on nous promis à nouveau monts et merveilles : prospérité, protection ... comme 13 ans plus tôt. Ainsi, ce que le traité de Maastricht n'avait pas su/pu faire serait possible avec le TCE. Or les Français, échaudés par les mensonges des fédéralistes, ne sont pas fait avoir une seconde fois et ont dit NON à 54,67 % tout comme les Hollandais.

Mais ces échecs à deux référendums en 2005 n'allaient pas décourager nos dirigeants dans leur fuite en avant fédéraliste. Ainsi, si les peuples ont rejeté le TCE, ce n'est pas car ils y étaient opposés mais car ils n'avaient pas compris ou qu'ils exprimaient leurs mécontentements vis-à-vis de leurs gouvernements respectifs. En conséquence, et puisque le peuple ne sait visiblement pas ce qui est bon pour lui, les futurs traités européens seront approuvés par le Parlement, jugé plus sage et responsable. C'est donc ainsi que le traité de Lisbonne, copie conforme du TCE, fut adopté par tous les Etats de l'Union Européenne. Un viol de la démocratie, vraiment ? Pas selon Nicolas Sarkozy en tout cas.

 

Ensuite, il apparaît que l'auteur consacre un grand nombre de chapitres à l'euro. J'en retiendrais principalement deux points. Le premier est que l'euro a été calqué sur le deutschemark pour le faire accepter à l'Allemagne. De fait, tout a été fait pour que l'Allemagne ne soit pas pénalisée par cette monnaie unique et consente donc à sa création : monnaie forte, refus de l'inflation, indépendance de la BCE, équilibre budgétaire. En somme, l'euro est un mark bis qui sert avant tout les intérêts d'une seule nation : l'Allemagne. D'ailleurs, on voit bien aujourd'hui que la suprématie allemande s'est considérablement renforcée et se traduit maintenant par une domination nette.

Le second est relatif à la création même de l'euro. Comme je l'ai déjà écrit à plusieurs reprises sur ce blog, l'Europe n'est pas une zone monétaire optimale ce qui devrait donc exclure de fait l'existence même d'une monnaie unique. Une telle chose serait envisageable dès lors qu'il existerait une mobilité des travailleurs, un budget central et des convergences macro-économiques. Malgré tout cela, nos chers dirigeants se sont obstinés avec les résultats que l'on connaît. Une sortie de l'euro est donc de plus en plus envisagée comme un scénario plausible dans les mois voire les semaines à venir.

 

Enfin, il a été question de la loi de 1973 reprise dans l'article 104 du traité de Maastricht et l'article 123 du traité de Lisbonne. Cette loi induit en fait une privatisation du pouvoir de création monétaire en ce sens qu'elle interdit aux banques centrales de financer directement les Etats. Cela a alors pour conséquence d'obliger les Etats à emprunter sur les marchés financiers, à des taux parfois prohibitifs, au lieu d'obtenir des prêts sans intérêts ou à intérêts faibles par le biais des banques centrales.

Cet état de fait est clairement une aberration dont les effets néfastes sont parfaitement visibles aujourd'hui. Il est tout de même extravagant, et c'est peu dire, que les Etats empruntent à des banques privées à 3, 7 ou 12 % de l'argent prêté à 1 % par la BCE. Le contribuable n'a pas à financer les profits des banques ni les dividendes de leurs actionnaires.

Mais il est bien connu que les banques ne sont pas réputées pour leur philanthropie. A l'inverse, celles-ci s'illustrent davantage par leur cupidité et leur avidité, voire même pour les conflits d'intérêt dans lesquels elles excellent. L'un d'entre eux est d'ailleurs mentionné dans le livre du député de l'Essonne.

Il s'agit du cas de l'agence France Trésor. Cette agence publique a pour but de placer les obligations émises par l'Etat français sur les marchés financiers. Or il apparaît que la plupart des membres de cette agence sont des banquiers. En clair, des banquiers prêtent au nom de la France des fonds empruntés par leurs banques. Mais tout va bien madame la marquise !

 

Bref pour conclure sur ce livre, on peut dire qu'il s'agit d'un ouvrage tout à fait d'actualité que je conseille à tous ceux qui s'intéressent à notre situation économique.

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10 novembre 2011 4 10 /11 /novembre /2011 19:52

Hier soir je suis allé voir le film Intouchables avec François Cluzet et Omar Sy. Celui-ci, basé sur des faits réels, raconte la rencontre et la cohabitation entre deux individus que tout oppose, l'un garçon des cités sans emploi et l'autre homme tétraplégique des beaux quartiers.

 

Revenons d'abord sur l'aspect cinématographique du film. Clairement, je le recommande vivement pour ses qualités intrinsèques. Bien que le sujet touche au handicap, cette comédie remplit pleinement son rôle puisqu'elle nous pousse à rire du début à la fin. En outre, il faut noter l'excellente prestation des deux acteurs principaux qui réussissent à nous séduire par leur jeu finement ciselé. Le duo Cluzet-Sy fonctionne alors à merveille et l'on se prend rapidement au jeu.

 

Mais parallèlement à son côté purement artistique, ce film est également d'un point de vue sociologique. Ainsi, celui-ci aborde de front le thème du handicap. Bien que d'autres sujets soient quelque peu évoqués, en particulier la question des cités d'où vient le personnage joué par Omar Sy, il n'en reste pas moins que le handicap reste le fil conducteur et même plus le coeur même du scénario.

 

Comme je l'ai dit, François Cluzet interprète le rôle d'un homme devenu tétraplégique à la suite d'un accident de parapente. Celui-ci est donc totalement paralysé et doit alors être assisté pour toutes les tâches du quotidien. D'où l'irruption d'Omar Sy dans sa vie en tant qu'aide ou plus exactement de remède. Grâce à lui, un renouveau intervient et permet de dépasser le handicap pour retrouver une vie presque normale.

 

Et c'est bien là le point d'orgue du film. Cluzet a choisi Omar car "dans les cités, ils sont sans pitié". Par ce choix délibéré, notre tétraplégique nous fait part de sa souffrance psychologique : outre la douleur physique, il faut supporter le regard et la miséricorde des autres, ce qui ajoute du mal au mal. En effet, alors même que ces derniers cherchent à gagner en autonomie et revendiquent une certaine indépendance, les handicapés sont toujours renvoyés à leur condition et à leur affection.

 

Par ailleurs, il est intéressant de noter la multitude de soins nécessaires au quotidien, soins nécessitant bien évidemment du personnel compétent, qualifié et en nombre suffisant. Dans le film, le personnage principal est très aisé et peut donc s'offrir des traitements de qualité.

Or, à l'image de notre société, toutes les personnes handicapés ne roulent pas sur l'or et n'ont donc pas les moyens de prendre soin d'eux correctement. Ceux-ci ont alors pour unique ressource l'allocation adulte handicapé (AAH) qui s'élève au maximum à 743,62 € (jusqu'au 31/03/12). Ce montant, inférieur au seuil de pauvreté (954 €), est donc clairement insuffisant pour subvenir à ses besoins.

 

Plus largement, et bien que la France soit jugée comme pays généreuse en aides sociales, on peut observer qu'un grand nombre de minima sociaux servent non pas à vivre mais bien à survivre. Alors certes la dette est importante en France et l'assistanat n'est pas une solution. Pour autant, il me semble légitime de privilégier l'humain à l'économie donc de fournir à tous nos concitoyens un niveau de ressources décent.

 

Concrètement, il me semble impératif d'augmenter dans un premier temps l'ensemble des minima sociaux sur le seuil de pauvreté à très court terme tout en cherchant à les aligner sur le SMIC à moyen terme. Bien sûr cela aura un coût pour la nation et donc un impact sur les finances publiques. Néanmoins, je crois que cela est une nécessité, tant d'un point de vue moral et éthique qu'au niveau économique afin de relancer la consommation.

 

Aujourd'hui, et du fait de la crise économique et financière, je crois que nous sommes à un tournant de notre histoire. En effet, il paraît clair qu'il existe une réelle opposition voire même un conflit ouvert entre les peuples et les institutions financières et acteurs de marché en tout genre.

Or dans cette lutte pour la démocratie et la souveraineté nationale et populaire, chacun doit prendre position et choisir son camp. Certains l'ont déjà fait alors que d'autres dissimulent leur préférence jusqu'à ce que les choses s'éclaircissent. Il faudra alors s'en souvenir pour 2012 et sanctionner les suppôts et autres vassaux des marchés financiers.

Personnellement, mon choix est fait depuis longtemps et je l'ai clairement exprimé à maintes reprises sur ce blog. Il est bien évident que je me place du côté des peuples malmenés par la crise qui subissent le courroux de leurs dirigeants aux ordres des agences de notation.

 

En ce lendemain du 41ème anniversaire de la disparition du général de Gaulle et en cette veille de la célébration de l'armistice de 1918, il me semblait alors de circonstance de louer l'esprit de résistance de ces hommes et de ces femmes de par le monde qui s'élèvent contre la dictature de la finance.

Oui le combat de ces personnes est juste et légitime.

Oui nous devons être solidaires de ces luttes pour la démocratie.

Oui nous avons le devoir reprendre le pouvoir à ceux qui nous l'ont confisqué.

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12 septembre 2011 1 12 /09 /septembre /2011 16:51

Les primaires socialistes approchant à grand pas, et ayant la volonté d'y participer, je m'attelle à m'informer sur tous les candidats. Après l'ouvrage d'Arnaud Montebourg, "votez pour la démondialisation", j'ai donc décidé de lire la "lettre à tous les résignés et indignés qui veulent des solutions" de Ségolène Royal.

 

A priori, je n'ai pas plus d'affinités que cela avec l'ancienne candidate à la présidentielle socialiste. En effet, je la trouve plutôt nunuche, voire même naïve dans certaines de ses prises de position. De plus, son volte-face concernant son programme de 2007 m'a quelque peu refroidi.

Pour autant, certaines idées émises par la candidate socialiste m'ayant interpellé, j'ai choisi de passer outre mes préjugés et de creuser un peu plus avec ce livre.

 

Pour commencer, Ségolène Royal met en avant toute l'étendue de son expérience. Cela va de ses relations avec François Mitterrand à sa campagne présidentielle en passant par ses postes de ministre. Sans oublier évidemment ses responsabilités en Poitou-Charentes, véritable laboratoire régional pour ses solutions.

Cette mise en exergue n'est bien évidemment pas innocente et a même trois objectifs. Le premier est de répondre aux critiques émises sur sa prétendue incompétence, notamment en 2006. Le second concerne directement 2011 et plus particulièrement la primaire socialiste puisqu'il s'agit de mettre en avant une expérience que n'ont pas les autres candidats, hormis peut-être Martine Aubry. Enfin, le troisième et dernier but est de s'inscrire dans les pas de Mitterrand. De fait, ce dernier est en quelque sorte un héros pour les socialistes et chacun cherche à se prévaloir de son héritage. En rappelant ses relations avec lui, Ségolène Royal prend ainsi une longueur d'avance sur les autres.

 

Outre l'aspect compétence, la présidente du Poitou cherche à se démarquer de ses camarades en allant là où on ne l'attend pas. Le passage suivant en est ainsi la preuve :

"Alors que ce n'était pas dans les habitudes du PS, j'avais décidé de mettre mes réunions publiques aux couleurs de la France  car elles appartiennent à tous, et je ne veux plus que l'extrême droite s'en attribue le monopole."

Par ces propos, je crois que Ségolène Royal touche du doigt l'explication du succès du FN. En effet, il semble clair que ce parti se développe sur les thèmes laissés de côté par les partis traditionnels alors mêmes qu'ils intéressent grandement les Français. Cela est notamment le cas de l'immigration, de la laïcité ou encore de l'euro. Mais l'exemple du drapeau Français est également un bon exemple tant celui-ci avait été accaparé par l'extrême-droite. De fait, il n'était plus possible d'exprimer l'amour de son pays ou un quelconque patriotisme sans être accusé de fascisme ou de racisme.

 

S'il est un autre sujet sur lequel la gauche a fait des progrès, c'est bien la sécurité. Ainsi, tous les candidats se sont saisis de la question et mettent en avant des solutions. Alors bien sûr l'angélisme n'a pas complètement disparu du PS mais les choses semblent évoluer dans le bon sens. D'ailleurs, Ségolène Royal fait une excellente analyse de l'échec de la politique de sécurité de Nicolas Sarkozy en développant cinq points: abandon du terrain, politique du chiffre, manque de moyens, insécurité juridique et inflation législative et manque de prévention. Il restera à voir ce que seront les mesures mises en oeuvre car trop souvent le constat est juste mais les solutions inadaptées.

 

De même qu'Arnaud Montebourg, Ségolène Royal souhaite un retour des états et du politique dans l'économie. De plus, ses charges multiples et virulentes contre les banques et le système financier vont en ce sens. Malgré tout, et je fis la même remarque s'agissant du concept de démondialisation, une telle volonté ne pourra se réaliser dès lors que l'on restera dans le cadre du système actuel. En effet, ces deux dirigeants socialistes veulent mettre en place des mesures qui s'opposent au fonctionnement des instances européennes sans vouloir faire sécession avec ces organisations supranationales. C'est là une grande contradiction que l'on peut leur opposer.

 

Enfin, Ségolène Royal termine son livre par une ode à la culture. Celle-ci exprime son souhait de maintenir un budget conséquent, même en temps de crise, afin de démocratiser la culture et de la rendre accessible à tous.

Il est vrai que mon intérêt pour la Culture avec un grand C est assez limité. C'est pourquoi j'ai du mal avec les individus qui prônent toujours plus de moyens pour ce ministère. Alors bien sûr, je crois que la culture revêt son importance mais il me semble préférable, notamment en période de disette budgétaire, de privilégier d'autres dépenses plus essentielles.

 

Pour conclure sur ce livre, je dirais ne pas avoir été déçu par ce que j'ai lu. Je dirais même plus que je suis d'accord avec la plupart des propos tenus. Malgré tout, deux éléments m'ont gêné.

Sur le fond, je regrette que les socialistes persistent dans leur idéologie de fédéralisme européen qui n'est qu'une utopie stérile et sans avenir. Il faut arrêter de croire que l'intégration européenne est la solution à tous nos maux.

Sur la forme, je dois reconnaître que l'utilisation intempestive du "je" m'a dérangé. Certes la cinquième République implique une personnalisation du débat et que l'élection présidentielle est la rencontre entre un peuple et un Homme. Mais je pense qu'il aurait été préférable d'utiliser davantage le "nous", ou à défaut la forme impersonnelle, afin de fluidifier le tout.

D'ailleurs, il est surprenant de constater ce phénomène chez une personnalité de gauche alors même que la tradition est de privilégier le groupe. Par ce biais, Ségolène Royal se distingue un peu plus des autres candidats et se rapproche en ce sens de Nicolas Sarkozy, grand adepte de ce procédé.

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21 juillet 2011 4 21 /07 /juillet /2011 19:25

Comme je l'avais annoncé dans un précédent article, je vais profiter de l'été pour lire. Après, "votez pour la démondialisation" d'Arnaud Montebourg, voilà maintenant mes remarques concernant le dernier ouvrage de Jean-Pierre Chevènement : "la France est-elle finie ?"

 

Disons le tout de suite, ce livre est en quelque sorte un livre de témoignage. En effet, l'ancien ministre de l'Intérieur retrace de manière critique les dernières décennies de notre pays. C'est notamment le cas dans les premiers chapitres qui m'on semblé particulièrement long et somme toute peu intéressants dans la mesure où l'auteur énumère des faits historiques.

 

Alors bien sûr les différents évènements sont choisis à dessein. Ainsi, ils permettent de réaliser une forte critique du tournant libéral pris par la gauche en 1983, deux ans après l'espoir suscité par l'élection de 1981.

Dans ces propos, il apparaît que Jean-Pierre Chevènement épargne relativement François Mitterrand mais charge Jacques Delors qui est, selon lui, le responsable de cette politique. Il explique également que c'est à cette période que la fuite en avant européenne commence, notamment avec l'Acte unique (1987).

Chevènement nous explique alors comment une "alliance" entre la commission européenne et le ministère des finances de l'époque a réussi à imposer la dérégulation, la libéralisation et la financiarisation de notre économie.

 

Clairement Chevènement réalise un véritable réquisitoire contre Jacques Delors. Ce dernier est ainsi accusé d'être l'instigateur du libéralisme en France et d'avoir grandement contribué à la "parenthèse libérale" des années 1980. En outre, son action à la tête de la Commission européenne (1984 - 1994) est sévèrement jugée dans la mesure où il lui est reproché  d'avoir fait de l'Europe le cheval de Troie de la mondialisation.

 

Mais décrochons maintenant du fil des pages pour nous intéresser à quelques phrases ou passages en particulier qui, je crois, méritent d'être commentés :

 

- Les écarts de richesse se réduisent entre nations mais s'accroissent au-dedans

Il fut un temps où il existait une réelle frontière entre les pays du nord, riches et industrialisés et les pays du sud, plus pauvres et moins développés. Aujourd'hui, et même si des différences persistent, la situation a grandement évolué puisque les seconds tendent à rattraper les premiers. C'est notamment le cas de la Chine et de l'Inde ou encore du Brésil.

Pour autant, malgré une croissance très importante et souvent à deux chiffres, ces nations dites émergentes ou en développement conservent encore de grosses lacunes. De fait, cette croissance s'est souvent faite aux dépens du peuple, voire même contre lui. Cela s'explique notamment par le type de développement choisi qui consiste à attirer des capitaux extérieurs en jouant sur une main d'œuvre servile et bon marché. On assiste alors à une opposition entre des travailleurs pauvres et, en particulier dans les terres, et des "élites" aisées et cultivées.

Mais ce contraste existe également en France et en Europe. On le voit bien depuis quelques années et cela risque de s'intensifier dans le futur. Bien que la France soit un pays riche, il n'en demeure pas moins que d'importantes inégalités subsistent et que la pauvreté n'épargne pas une partie de nos concitoyens. Alors bien sûr cet état de fait ne date pas d'hier mais il apparaît clairement que la situation empire malgré les postures et autres incantations de nos dirigeants. Ainsi, cohabitent dans notre pays des personnes gagnant moins de 600 € par mois et des individus émargeant à plusieurs centaines de milliers d'euros par an. Cela pose donc clairement la question de l'égalité et de la justice sociale. L'idée d'instaurer un "salaire maximal", notamment avancée par Jean-Luc Mélenchon, ne semble donc pas forcément être une hérésie, bien au contraire.

 

- L'Europe est "germanocentrée"

Dans ce livre, la question de l'Allemagne et de la relation franco-allemande est abondamment traitée. Ainsi, un long chapitre est consacré à l'explication des raisons de son succès. Pour faire simple, l'Allemagne dirige l'Europe et impose sa volonté aux autres nations (traité de Lisbonne, pacte de stabilité …). De plus, elle mène une politique peu coopérative voire même égoïste sans que cela ne semble déranger personne.

Cette stratégie s'exprime ainsi parfaitement durant la crise de l'euro et des dettes souveraines puisque Mme Merkel souhaite de drastiques plan de rigueur en contrepartie de prétendus plans de sauvetage. En fait, la chancelière allemande fait fi de la solidarité européenne et, sous des airs de chevalier blanc, cherche uniquement à défendre les intérêts de son pays.

Pour autant, il n'est pas illégitime que l'Allemagne protège ses intérêts. J'ajouterais également que si ce pays se comporte d'une telle manière est que la France l'a, de façon plus ou moins consciente, encouragé ou tout du moins accepté. En réalité, nous sommes passés d'un discours de vainqueur à vaincu après la seconde guerre mondiale à un échange respectueux d'égal à égal pour finalement aboutir à un complet retournement de situation, nous retrouvant alors en position de dominé.

 

- Le couple franco-allemand est l'avenir de l'UE

Aujourd'hui il est clair que l'Union Européenne va mal. Pour survivre et redevenir une puissance qui compte, cette dernière va impérativement devoir se remettre en question, tant au niveau de son fonctionnement et de son organisation que de ses valeurs et de ses principes fondateurs.

Quoi que certains en disent, cela ne se fera pas sans les nations. Durant trop longtemps l'Europe s'est construite en faisant abstraction des peuples et en niant le cadre national. Pour Jean-Pierre Chevènement, ce renouveau passera obligatoirement par un partenariat entre la France et l'Allemagne, comme cela a toujours été le cas depuis le commencement. Malheureusement, et comme nous l'avons vu précédemment, cela n'est pas possible ni envisageable en l'état actuel des choses. Pour ce faire, il faudrait remettre cette relation à plat et repartir sur des bases saines et solides.

Personnellement, je ne suis pas spécialement optimiste quant à la réussite d'une telle entreprise. Enfin pas avec ces dirigeants là qui ne me semblent pas être capables de s'asseoir autour d'une table et de tenir un discours de vérité. Les prochaines élections dans nos deux pays risquent alors d'être déterminantes pour la suite.

En revanche, il est une alternative que Jean-Pierre Chevènement n'aborde que trop peu. Je pense bien évidemment à la possibilité d'une union latine restreinte qui deviendrait le pilier de l'Union Européenne. Ainsi, il existe une proximité forte, tant au niveau de la culture que de l'Histoire mais également géographique, entre les pays du bord de la Méditerranée. Il ne me semble donc pas si impossible que la France, l'Italie, l'Espagne, le Portugal voire la Grèce décident de s'entendre pour relancer la machine européenne.

 

 

- Si la crise est le problème, elle est aussi la solution pour sortir de l'impasse néolibérale

Je ne vous ferais pas l'affront de revenir sur la crise que nous connaissons depuis plusieurs années tant les médias ne cessent d'en parler. De même, je ne pense pas qu'il soit nécessaire d'expliciter davantage la première partie de la phrase. En revanche, la suite de cette déclaration me semble tout à fait intéressante.

En toute logique, et cela n'est pas seulement vrai en économie, l'erreur fait partie de l'apprentissage. De fait, et de manière assez naturelle, nous cherchons tous à ne pas reproduire deux fois la même bêtise. Pour ce faire, une analyse du problème permet d'identifier les dysfonctionnements en vue de les corriger et donc de progresser.

Malgré tout, cela ne semble pas avoir été le cas dans le cadre de la crise, ou tout du moins pas entièrement. Il semblerait bien que les causes de la crise aient effectivement été identifiées, le constat étant sensiblement le même toute sensibilité confondue. Là où le bât blesse est que les dirigeants en place ne mettent pas en place les mesures correctives visant à nous prémunir d'une éventuelle rechute. Ainsi, et malgré de belles envolées lyriques, les promesses de l'UE ou du G20 restent lettres mortes.

Depuis la crise, rien n'a donc fondamentalement changé, ou alors à la marge, et cela pour la plus grande joie des marchés financiers et des banques qui sont les grands gagnants de l'histoire. A l'inverse, les Etats donc les contribuables sont les dindons de la farce puisqu'ils doivent se sacrifier pour ceux qui sont responsables de tout ce bordel. L'exemple de la Grèce illustre cela de manière fabuleuse, pour le plus grand malheur du peuple.

Clairement la crise a été un choc terrible. Mais il faut maintenant chercher à tourner la page en reprenant le pas sur l'économie. Cela ne se fera probablement pas sans heurts mais les politiques doivent avoir le courage de présenter la facture à qui de droit et non comme toujours à leur population.

Notre système économique, financier mais aussi politique a distinctement montré ses limites. C'est donc l'occasion rêvée pour en changer et reconstruire un nouveau modèle.

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