Ayant un peu de temps en ce moment, j'ai décidé de me lancer dans la lecture de tout un tas de livres politiques. Aujourd'hui, j'ai choisi de vous faire partager mes remarques sur l'ouvrage "votez pour la démondialisation" d'Arnaud Montebourg.
Actuellement, Arnaud Montebourg incarne, au sein du parti socialiste, le courant de pensée dont je me sens le plus proche. Il s'agit, grossièrement, de ce que l'on appelle l'aile gauche du parti.
Bien qu'ayant des points de divergences, je dois reconnaître que je me retrouve dans un certain nombre de propos d'Arnaud Montebourg. D'ailleurs, j'envisage même d'aller voter pour lui à la primaire socialiste. C'est dire ! Mais j'y reviendrai en temps et en heure.
Pour le moment, penchons nous sur ce petit livre de 90 pages vendu au prix de 2 €.
Dans un premier temps, on retrouve une préface rédigée par Emmanuel Todd. Disons le tout net, celle-ci est assez inutile. Pour moi, son principal objectif est de montrer que Montebourg n’est pas tout seul et qu’il est potentiellement soutenu par des personnalités de renom et ici en l’occurrence un économiste.
Durant les premiers chapitres, l'auteur s'attelle à poser le cadre de son argumentation. Pour cela, celui-ci cherche à montrer les méfaits de la mondialisation par des exemples précis pris sur tous les continents (France, Allemagne, Etats-Unis, Chine, Inde …). Il en tire alors toute un série de conséquences : délocalisations, concurrence entre travailleurs, pression sur les salaires. Bref, ce ne sont ni plus ni moins que de chapitres de constats.
Par la suite, le député socialiste aborde les effets de la mondialisation sur l’emploi mais également et surtout la montée en puissance des multinationales qui se fait aux dépens des Etats. Clairement, il s'agit d'une véritable charge contre ces entreprises qu’il accuse d’affaiblir la France. Montebourg nous explique ensuite que la mondialisation a conduit à mettre en compétition les différents Etats qui ont alors cherché à accroître leur attractivité par une course à la moins-disance (fiscale, sociale …).
Jusqu'alors, je ne peux que souscrire à ces propos tant j'ai déjà fait des constats identiques. Pour autant, c'est dans les chapitres suivants que les choses vont devenir intéressantes. En effet, Arnaud Montebourg esquisse une critique de la gauche qui, selon lui, n’a pas su répondre aux attentes des citoyens. Il estime alors que le politique doit reprendre la main afin de changer le système et non pas de le gérer comme cela a été le cas par le passé.
C'est à l'aune du sixième chapitre que l'on rentre réellement dans le vif du sujet avec le développement de propositions. L'une d'entre elles, qui s'avère être le point central du raisonnement, étant un protectionnisme vert et européen dont le but est de se protéger contre le libre-échange afin de recréer un tissu industriel en Europe.
Mais cessons de résumer le livre afin de nous intéresser davantage aux limites desdites propositions.
La première qui me vient à l'esprit est qu'Arnaud Montebourg entend changer le système actuel. Pour autant, ce dernier continue à raisonner à l’intérieur de ce système puisqu'il ne semble pas souhaiter pas de véritable rupture. Ainsi, l'élu socialiste s'inscrit pleinement dans le cadre européen et au sein de l'OMC. Reconnaissons toutefois que les changements envisagés sont importants et sont déjà considérés pour certains comme de la pure folie.
Ensuite, et comme nous venons de le voir, Montebourg souhaite en particulier un protectionnisme aux frontières de l'Europe. Personnellement, j'y adhère à 100 %. Là où le bât blesse est que l'Union Européenne compte 27 Etats. Un consensus semble donc quelque peu utopique, bien que certains pays puissent se rallier à notre cause.
Pour autant, aucune alternative ne semble être dans les cartons pour pallier une éventuelle fin de non recevoir de la part de nos partenaires.
D'ailleurs, Arnaud Montebourg semble rejeter toute solution purement nationale. Pour dire vrai, j'étais exactement dans la même position il y a quelques mois de cela puisque je préférais un accord au niveau européen. Malgré tout, je dois bien avouer qu'en l'état actuel des choses la mise en place de mesures unilatérales doit être très sérieusement envisagée tant la situation a dégénéré. En outre, rien ne nous dit que d'autres Etats ne nous imiteraient pas peu de temps après. Le tout est d'ouvrir la voie et de "montrer l'exemple".
Par ailleurs, je regrette que la question de l'euro n'ait pas été abordée de manière approfondie. En effet, je crois qu'il s'agit aujourd'hui d'un point très important qui conditionne en partie la suite des évènements. Pour autant, on peut légitimement supposer qu'Arnaud Montebourg est un partisan de la monnaie unique et souhaite uniquement une modification dans sa gestion.
Enfin, Montebourg est bien conscient que sans l'aval de l'Allemagne, ce projet ne verra jamais le jour. Autrement dit, le gros du programme de démondialisation repose en très grande partie sur la bonne volonté ou non de l'Allemagne. C'est pourquoi, celui-ci propose une "grande explication européenne" avec cette nation qui depuis quelques années a adopté une attitude non-coopérative, voire même égoïste.
Indubitablement, cela est impératif tant le couple franco-allemand n'est plus qu'une illusion. D'ailleurs, l'instauration du pacte de compétitivité imposé par l'Allemagne montre bien que l'Union Européenne est à sa botte.
Une remise à plat de nos relations est donc tout à fait souhaitable afin que l'Union Européenne ne devienne pas une Union Allemande. Rien ne serait pire que de mettre en place le modèle allemand partout en Europe !
Au final, ce petit livre largement accessible au grand public est une assez bonne surprise. J'attends donc maintenant avec impatience l'intégralité du programme d'Arnaud Montebourg. Car même si l'aspect est primordial, il ne se suffit pas à lui-même.