De manière assez surprenante en vérité, le référendum revient actuellement en grâce à l'occasion de l'élection présidentielle. En effet, Nicolas Sarkozy a annoncé vouloir consulter les Français sur deux sujets : la formation des chômeurs et le droit des étrangers.
Comme beaucoup j'ai bien évidemment été plus qu'interloqué, à double titre, par cette annonce. Tout d'abord, il apparaît que ces sujets sont plutôt mineurs au vu de la situation économique. Et de plus, je ne crois pas que ces éléments doivent relever d'une décision du peuple. Ensuite, je n'oublie d'où vient cette proposition de référendum, qui ne s'avère finalement être qu'un leurre. Car je vous rappelle que c'est le même Nicolas Sarkozy qui est passé outre le Non des Français en 2005 et qui refuse de soumettre les nouveaux traités européens à l'approbation populaire.
Il est alors plus qu'étrange de vouloir consulter la population sur des sujets insignifiants de politique intérieure et de ne pas le faire pour des problématiques internationales qui engagent le pays pour l'avenir. On ne peut alors que sérieusement douter de la sincérité de la démarche de la part d'un homme qui n'a que peu de considération pour la démocratie directe.
Mais Nicolas Sarkozy n'est pas le seul à vouloir recourir au scrutin référendaire. Ainsi, François Bayrou a lui aussi exprimé une telle volonté. Effectivement, le président du Modem a récemment indiqué vouloir soumettre aux Français un projet de moralisation de la vie publique (interdiction du cumul des mandats, reconnaissance du vote blanc …). Si le référendum est ici davantage approprié dans la mesure où cela concerne les institutions, je ne crois pas, là encore, que la démarche soit sincère. En effet, on peut considérer que Bayrou se sert du référendum pour court-circuiter le Parlement. Or cela va, d'une certaine manière, à l'encontre de l'objectif voulu. De plus, l'accession au pouvoir du centriste signifierait une certaine adhésion à son programme qui n'aurait alors pas besoin d'être à nouveau approuvé. Je rejoins alors François Hollande, au moins partiellement quand il nous explique que le prochain référendum sera l'élection présidentielle.
Alors même que le recours au référendum a été plus que limité ces dernières années, accentué en cela par la suppression sous Nicolas Sarkozy de la consultation obligatoire pour les questions européennes, je crains que l'on se dirige vers une inflation référendaire contre-productive. Et c'est malheureusement la tendance qui semble se dessiner.
Fervent défenseur de la souveraineté populaire, je ne peux qu'être un partisan du référendum. Pour autant, je crois que celui-ci doit être utilisé à bon scient et avec parcimonie afin de ne pas le dévoyer. Donc oui au référendum mais seulement sur les sujets qui engagent vraiment le pays (institutions, politique étrangère, questions de société ...).