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2 octobre 2010 6 02 /10 /octobre /2010 12:14

Le week-end dernier, à l'occasion des universités de rentrée du Modem, François Bayrou a officiellement intronisé son gouvernement fantôme ou shadow cabinet en anglais. Sa composition est disponible sur le site officiel du parti.

 

Bien que la pratique ne soit pas courante en France, le Modem n'est pas le premier à se lancer dans cette entreprise. En effet, plusieurs contre-gouvernement ont vu le jour dans l'histoire de la cinquième République. Le premier a été instauré par François Mitterrand suite à l'élection de Charles de Gaulle à la présidentielle de 1965. La seconde expérience a été menée par Michèle Alliot-Marie et le RPR à partir de 2000. Enfin, plus récemment, les socialistes, par le biais de Jean-Marc Ayrault (président du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche à l'Assemblée nationale), ont à nouveau tenté leur chance en réponse à l'élection de Nicolas Sarkozy.

Malgré tout, il s'avère que toutes ces tentatives ont échoué et n'ont pas réussi à s'inscrire dans la durée. Il sera donc intéressant de voir si le Modem réussira là où les autres formations politiques ont chuté.

 

Mais de quoi parle-t-on réellement lorsqu'il est question de gouvernement/cabinet fantôme ?

Cette pratique, peu en vue chez nous, est en revanche très utilisée dans les Etats dont la démocratie parlementaire fonctionne sous le système de Westminster. C'est notamment le cas des nations membres du Commonwealth avec en particulier l'Australie ou bien évidemment le Royaume-Uni.

Concrètement, le cabinet fantôme est un gouvernement virtuel formé par l'opposition. L'objectif est que les ministres de ce contre-gouvernement fassent des propositions et proposent une alternative à la politique menée dans le pays. En outre,  les membres du cabinet fantôme sont censés devenir ministres du nouveau gouvernement en cas de victoire de l'opposition. Toutefois, cela n'est pas toujours le cas du fait des alliances et autres arrangements politiques.

En somme, cette pratique vise à structurer l'opposition et à organiser l'élaboration d'alternatives.

 

Comme nous l'avons vu, la plupart des tentatives de mise en place d'un tel gouvernement virtuel en France ont échoué. Il serait intéressant de savoir pourquoi les choses n'ont pas marché afin de ne pas reproduire les mêmes erreurs. Les raisons peuvent être multiples mais on peut penser que l'une d'elles est le fait d'être inaudible en raison du fossé culturel qui existe entre cette pratique et nos traditions. En effet, je crois que la France conserve, en raison de son Histoire, une certaine tendance au culte du chef et à l'attente de l'homme providentiel. Aussi, la multiplication des protes-paroles peut tendre à "perturber" les Français ou tout du moins à les déstabiliser. En outre, il ne serait pas étonnant qu'une histoire d'égos ait contribué à ces échecs.

 

Quelles qu'en soient les causes, ces revers me semblent préjudiciables. Effectivement, je crois que l'opposition (au sens large, c'est à dire non seulement le PS mais aussi tous les partis, de gauche et de droite, qui s'élèvent contre le gouvernement en place) aurait grandement à gagner en constituant un gouvernement virtuel. Cela permettrait de passer d'une opposition stérile consistant uniquement à critiquer à une opposition constructive visant à faire des propositions et à élaborer une réelle alternative.

Alors bien sûr, la constitution d'un cabinet fantôme est plus facile pour les grands partis type PS dans la mesure où ils bénéficient de davantage de moyens, tant humains que financiers ou encore médiatiques. Néanmoins, ce type d'opposition peut constituer une chance pour les petites formations dans le sens où cela leur permettrait de gagner en crédibilité et en notoriété.

 

Espérons donc que la démarche initiée récemment par le Modem soit un succès. Il en va de la démocratie tout autant que de la légitimité de l'opposition dans notre pays.

 

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