Sans grande surprise, le Conseil constitutionnel a débouté hier Marine Le Pen, rejetant ainsi sa demande de ne pas publier les parrainages des maires. A mon sens, il s'agit là d'une bonne décision dans la mesure où je crois que la question de l'accès à l'élection présidentielle mérite d'être débattue publiquement. Aussi, un avis favorable du Conseil constitutionnel à deux mois du scrutin n'aurait fait qu'envenimer les choses.
A l'heure actuelle, et au moins jusqu'à la prochaine échéance présidentielle, tout candidat voulant se présenter doit recueillir au moins 500 parrainages de la part d'un collège d'élus (maires, députés, sénateurs ...) dont 500 seront tirés au sort et publiés au Journal Officiel.
Et c'est bien cette publication qui semble poser problème aujourd'hui. En effet, certains maires rechignent à parrainer un candidat, notamment les plus petits, car ils ont peur des représailles éventuelles de la part de leurs administrés et/ou des grands partis en place. De plus, ceux-ci envisagent le parrainage comme un acte de soutien politique alors même qu'il ne s'agit, initialement, que d'une formalité purement administrative.
Si l'on remonte quelque peu dans le passé, il apparait que ce système a été mis en place par le général de Gaulle afin d'éviter les candidatures fantaisistes. A l'origine, le filtre était de 100 signatures avant que Valéry Giscard d'Estaing le relève à 300/500 en 1976 et n'impose leur publication.
Clairement il me semble nécessaire qu'il existe une forme de filtrage des candidats afin de se prémunir d'une multiplication à outrance des candidatures farfelues. Pour autant, celui-ci ne doit pas non plus être trop strict afin de permettre l'expression du pluralisme politique. Or on peut remarquer que le système actuel a été dévoyé n'est donc plus vraiment adapté à la situation.
Une réforme paraît donc nécessaire et souhaitable afin de revenir à l'esprit originel du dispositif. Mais cela devra se faire dans un contexte apaisé donc hors période électorale afin d'éviter les luttes partisanes.
Pour le moment, deux solutions ont été avancées. La première étant de garantir l'anonymat des parrainages et la seconde consistant à donner la possibilité de parrainer deux candidats tout en maintenant la publication au journal officiel.
A mon sens, les deux propositions se défendent et permettront, je pense, de résoudre la difficulté actuelle. Il apparaît cependant que celles-ci n'agissent pas au même niveau puisque la première vise à augmenter le nombre de parrains alors que la seconde permet d'accroître la quantité de parrainages.
S'agissant de la question de l'anonymat en particulier, je dois reconnaître que je suis plutôt partagé. En effet, certains justifient cette mesure en invoquant le fait que le vote est secret, ce qui est tout à fait vrai. Mais le parrainage n'est pas un vote ni un soutien même si certains l'appréhendent comme tel. De plus, je crois que cette modification irait à l'encontre de la volonté de transparence de la vie publique.
Parallèlement à ces deux solutions qui ne sont en réalité qu'une évolution du mécanisme actuel, il pourrait être envisagé de faire appel aux Français dans le cadre d'un parrainage citoyen. Ainsi, un candidat devrait alors recueillir la signature d'un nombre préalablement défini de citoyens afin de se présenter.
Mais on pourrait également envisager de panacher les deux systèmes c'est-à-dire de conserver le dispositif en vigueur en lui adjoignant une part de parrainages citoyens. Concrètement, le candidat aura toujours besoin de 500 signatures qu'il pourra aller chercher auprès des grands électeurs comme c'est le cas actuellement mais également auprès des citoyens qui se verraient appliquer un ratio (par exemple, 1 parrainage pour 1000 signatures).
Pour moi il n'existe pas de solution miracle. Voila pourquoi il me semble nécessaire d'organiser un grand débat public sur ce sujet, associant à la fois la société civile et les forces politiques.