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10 mai 2011 2 10 /05 /mai /2011 19:55

Aujourd'hui, cela fait 30 ans jour pour jour que François Mitterrand fut élu à la présidence de la République. Ainsi, ce dernier devint le 10 mai 1981 le premier président socialiste de la Vème République.

Aujourd'hui, de nombreuses manifestations sont organisées partout en France afin de célébrer cet anniversaire, au risque de tomber dans la nostalgie et le stérile "c'était mieux avant".

 

Mais revenons quelques instants sur le règne de Tonton. Loin de moi l'idée de dérouler les deux mandats mais il me semble important de relever deux aspects importants de ce double septennat qui ont des conséquences directes sur le présent.

 

Le premier élément concerne la mise sur orbite du Front National. En effet, François Mitterrand a été un grand artisan de la montée en puissance de Jean-Marie Le Pen et de son parti, permettant ainsi de "diviser" la droite et de rassembler la gauche autour de sa personne. Clairement le FN a été l'idiot utile du Mitterrandisme et a été utilisé tel un épouvantail pour jouer sur les peurs des électeurs.

Que serait aujourd'hui le potentiel électoral du Front National si le PS de l'époque ne lui avait pas mis le pied à l'étrier ? Evidemment personne ne peut savoir mais on peut supposer que les choses auraient été différentes.

 

Le second point est relatif au tournant de 1983. L'élection de François Mitterrand a suscité un grand espoir parmi la population, en lien avec son "programme de gauche" mais aussi et surtout grâce au symbole de l'alternance. Rapidement d'importantes réformes ont été entreprises (abolition de la peine de mort, lois sociales ...).

Pour autant, l'état de grâce ne fut que de courte durée et le rappel à la réalité fut brutal. En effet, dès 1983 le "tournant de la rigueur" est amorcé. Dès lors, la politique économique mise en oeuvre sera considérablement corrigée sous l'impulsion notamment de Laurent Fabius. Ainsi, le libre-échange et le libéralisme deviendront la norme et une fuite en avant européenne sera organisée. La page des idéaux était belle et bien tournée ...

 

En ce mardi 10 mai 2011 donc, le PS de Martine Aubry a célébré en grande pompe cet anniversaire. Malgré tout, au lieu de festoyer, nos amis socialistes feraient mieux de préparer de manière rigoureuse l'élection présidentielle de 2012 qui approche à grand pas.

Bien loin de cela, on constate que le Parti Socialiste retombe dans ses travers. Ainsi, le parti est empêtré dans des primaires sans fin où la bataille des egos et des personnes l'emporte sur le débat de fond. J'ai d'ailleurs du mal à comprendre comment on peut élaborer un programme alors même que le candidat qui devra l'incarner n'est pas encore connu. Dans la même veine, il me semble quelque peu étrange que ce ne soit pas le chef du parti qui soit le candidat naturel à la présidentielle.

 

Mais cela ne me semble pas être le plus grave, tant d'autres problèmes pèsent sur la gauche. Déjà en 2007, le PS aurait largement du remporter les élections. Pourtant, pour des raisons purement internes, ce fut un nouvel échec. Or il semblerait que 2012 tende à s'inscrire dans la même lignée. Le principe même de primaire en est une des raisons mais ce n'est bien évidemment pas la seule.

 

Pour moi, le principal obstacle à la victoire du PS est son positionnement ambigu. Effectivement, on peut remarquer que la direction du parti doit constamment veiller à respecter les équilibres entre courants, conduisant ainsi des consensus mous ou des compromis douteux comme François Hollande savait si bien le faire en son temps.

 

Comme j'ai pu en discuter brièvement avec des membres des Jeunes Socialistes, le PS souffre de sa grande diversité idéologique. En effet, il ne me semble pas viable sur le long terme de réunir en une même structure des individus ayant des idées particulièrement éloignées. Concrètement, j'ai du mal à comprendre comment la gauche du parti étatiste, protectionniste (Hamon, Montebourg, Emmanuelli) arrive à cohabiter avec l'aile droite plus libérale (DSK, Valls, Hollande). Les propositions avancées ne peuvent alors qu'être fades et banales puisqu'elles doivent convenir à toutes les sensibilités.

 

Quoi que l'on en dise, cela ne sera évidemment pas la même chose si le vainqueur de la primaire est Arnaud Montebourg ou Dominique Strauss-Kahn. D'ailleurs, ce n'est pas pour rien si des électeurs de droite et de Nicolas Sarkozy admettent pouvoir aisément voter pour le second.

Cela montre donc bien toutes les contradictions du Parti Socialiste qui manque, selon moi, de courage dans son programme. D'ailleurs, en n'allant pas au bout de leur raisonnement et de leurs idées en s'affranchissant des contraintes auxquelles est soumis notre pays, il est fort probable que certaines propositions ne puissent être appliquées.

 

Après cinq ans de présidence Sarkozy, la gauche a une nouvelle chance d'accéder aux fonctions suprêmes. Néanmoins, en cherchant à ménager à la fois la chèvre et le chou comme c'est actuellement le cas, le Parti socialiste risque une fois de plus de perdre sur tous les tableaux.

Si aucun changement de cap n'intervient  d'ici 2012, l'unique moyen de gagner pour les socialistes est de capitaliser sur le rejet du président sortant. En clair, les seules armes dont dispose la rue de Solférino pour le moment sont le vote sanction et le vote utile. Vaste programme ...

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