Mes réactions à l'actualité nationale, internationale et aux événements politiques, économiques ou sociaux.
Dans le numéro 684 de Marianne, un article était consacré à Bernard Kouchner et à sa présence au sein du gouvernement Fillon. Selon l'auteur, cette présence, somme toute inutile, s'opposait fondamentalement à ses principes et aux idées qu'il avait défendues durant sa carrière.
Pour autant, ce n'est pas l'homme qui m'intéresse, ni son parcours mais plutôt une phrase que celui-ci a prononcé et qui est citée dans l'article. Ces propos les voici :"Je pense que j'ai eu tort de demander un secrétariat d'Etat aux droits de l'Homme. C'est une erreur. Car il y a contradiction permanente entre les droits de l'Homme et la politique étrangère d'un Etat, même en France".
Pour rappel, Rama Yade est nommée secrétaire d'État chargée des Affaires étrangères et des Droits de l'Homme auprès du ministre des Affaires étrangères le 19 juin 2007. Ce secrétariat disparaîtra deux ans plus tard, le 23 juin 2009, à l'occasion d'un remaniement ministériel au cours duquel Rama Yade prendra en charge le secrétariat d'Etat aux sports.
Revenons donc aux propos du "French Doctor". Celui-ci avait opposé droits de l'Homme et politique étrangère, ce qui avait, à l'époque, suscité un tollé dans la classe politique, tant à droite qu'à gauche. Personnellement, je trouve que cela n'a rien de choquant car il s'agit simplement d'un constat objectif, sans parti pris. En effet, la politique étrangère se définit, selon wikipédia, comme l'action menée par un Etat visant à établir des relations diverses avec d'autres Etats, notamment en termes de rapports commerciaux, militaires et diplomatiques afin de favoriser ses intérêts géostratégiques, politiques et économiques.
Cette définition est donc sans équivoque. Un Etat doit donc défendre, en particulier par le biais de son ministère des affaires étrangères et de son réseau diplomatique, ses propres intérêts. Concrètement, l'objectif est de développer avec l'étranger des échanges politico-économiques qui lui sont favorables. Cela induit alors de privilégier l'aspect commercial et financier aux dépens de considérations plus morales. C'est ainsi que le colonel Kadhafi, le dirigeant de la Lybie, a été reçu en grande pompe en France au mois de décembre 2007 dans le but de signer quelques juteux contrats.
A l'opposé de cette vision purement économique de la diplomatie, certains, dont moi-même, considèrent que la politique étrangère doit être un moyen de faire entendre sa voix et sa différence hors du territoire national, de participer à un certain rayonnement du pays dans le monde. De fait, le ministre des affaires étrangères doit représenter la France à l'étranger en portant ses valeurs et non chercher à tout prix à conclure toujours plus de contrats tel un vulgaire VRP. On peut notamment citer Hubert Védrine et Dominique de Villepin qui ont accompli leur mission avec brio mais aussi Nicolas Sarkozy qui s'illustre parfaitement dans la seconde catégorie.
Pour moi, notre diplomatie doit donc défendre les intérêts de la France à l'étranger, notamment au niveau économique et militaire. Néanmoins, cela ne doit pas conduire à renier nos valeurs, et ce quelles que soient les sommes en jeu.
Malgré tout, l'accomplissement de ce dessein n'est possible qu'à condition d'avoir une réelle volonté politique. Cela passe notamment par le maintien d'ambassades partout dans le monde avec un personnel qualifié et en nombre suffisant mais aussi par le développement de coopération avec des partenaires privilégiés.
Pour autant, cette "volonté de pureté et de vertu" dans les relations diplomatiques doit-elle nous empêcher de dialoguer avec les Etats peu regardants concernant les droits de l'Homme ? Ou doit-on justement leur tendre la main pour espérer un changement de cap ? La politique étrangère américaine est le parfait exemple de cela. Effectivement, Bush menait une politique plutôt guerrière avec son "axe du mal" et le credo "on ne négocie pas avec les terroristes". Au contraire, Obama a entrepris un virage à 180°, privilégiant le dialogue et les négociations avec d'autres Etats et notamment l'Iran.
Cette question n'est pas simple tant la diplomatie s'avère un art complexe. Toutefois, je crois qu'il faut donner une chance à ces Etats tout en étant ferme et intraitable sur les points cruciaux. En effet, je pense que la pression de la communauté international et le regard du reste du monde peuvent permettre une inflexion de la part de ces Etats.
Et si nous ne le faisons pas pour les gouvernants, tentons au moins quelque chose pour ces peuples qui pâtissent de ces pouvoirs autocratiques. D'ailleurs, ne dit-on pas que la France est le pays des droits de l'Homme ? Il me semble bien que si donc tâchons d'être à la hauteur de l'espoir et de l'attente que notre pays suscite de par le monde.