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14 juin 2012 4 14 /06 /juin /2012 18:24

Hier Pierre Moscovici, ministre de l'Economie, a dévoilé en conseil des ministres le décret venant limiter le salaire des dirigeants des entreprises publiques. Prévu pour le mois de juillet, ce décret plafonnera ce salaire à 450 000 € par an, ce qui correspond à 20 fois la moyenne des 10 % des salaires les plus bas dans ces entreprises soit 1 875 €  bruts par mois.

 

Si la mesure peut paraître extraordinaire à première vue, il apparaît que celle-ci se révèle être, tout en étant une avancée considérable par rapport au passé, quelque peu petit bras. En effet, ce décret ne concernera, pour l'heure, qu'une vingtaine de personnes puisque celui-ci se limite aux mandataires sociaux donc aux dirigeants de sociétés publiques. Ainsi, cela exclut de fait l'ensemble des cadres de ces entreprises qui pourront donc être davantage payés que leur patron, ce qui est assez ubuesque.

 

Par ailleurs, il faut bien savoir de quoi on parle dans cette histoire. Il est ici question de salaire et non de rémunération. En conséquence, rien n'empêche les entreprises de compenser cette limitation salariale en agissant sur les rémunérations accessoires telles que les parachutes dorés, les retraites chapeaux ou encore les stock-options. Bien qu'un projet de loi soit en préparation pour l'automne prochain afin de régler ces questions, le problème n'est aujourd'hui pas tranché.

 

Évidemment cette annonce a créé une polémique tant dans la sphère politique qu'économique. Ainsi, si certains crient au retour du bolchevisme et de l'économie administrée, d'autres nous expliquent que cela risque de faire fuir les talents vers le privé. Clairement je m'inscris en faux contre ces allégations caricaturales et maintes fois entendues. En effet, je crois qu'il est grand temps d'ouvrir les yeux concernant notre système économique et surtout d'apprendre de la crise que nous traversons. La supériorité des marchés est une utopie qui conduit à enrichir une minorité de privilégiés. Seul les États ont la capacité et la légitimité pour réguler la finance et son fonctionnement. De plus, je refuse de croire que l'argent est la seule motivation des dirigeants du public. Considérer qu'une baisse même substantielle des rémunérations conduirait à un exode massif me semble donc réducteur.

 

Malgré ces critiques il faut avoir l'honnêteté de reconnaître que ce décret constitue un progrès majeur et est un énorme pas dans le bon sens pour plus d'égalité. Pour autant, je crois qu'il ne faut pas s'arrêter en si bon chemin et qu'il faut aller encore plus loin. Ainsi, ce plafond ne doit pas être réservé aux seuls dirigeants mais doit au contraire être étendu à l'ensemble des salariés quel que soit leur statut.

 

De même, se limiter aux entreprises publiques ne me paraît être suffisant. Cela ne doit être qu'une première étape vers une généralisation à toutes les entreprises. En revanche, cela sera nettement plus compliqué dans la mesure où l'Etat ne possède pas d'influence directe sur ces entités. Hormis ben évidemment le recours à l'impôt qui constitue l'arme absolue en termes de redistribution des richesses. La tranche à 75 % souhaitée par François Hollande va d'ailleurs dans ce sens et je ne peux donc que m'en réjouir.

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