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17 janvier 2012 2 17 /01 /janvier /2012 17:30

Vendredi dernier, le 13 janvier (coïncidence ou facétie de l'agence de notation ?), Standard and Poor's a dégradé la note de la France de AAA à AA+. S'en est alors suivi toute une série de lamentations de la part des médias et de nos politiques préférés et en premier lieu Nicolas Sarkozy et François Fillon.

Pour le président de la République et son premier ministre cette dégradation est un échec personnel tant ceux-ci avaient sacralisé cette note quitte à la transformer en veau d'or. Pire, la politique gouvernementale de ces derniers mois était orchestrée dans le but de conserver ce triple A. Il s'agit donc la d'un double échec qui vient en réalité sanctionner la politique de Nicolas Sarkozy.

Comme je le disais, le maintien de cette note était un combat de chaque instant. Sous prétexte de ne pas perdre ce fameux AAA, le peuple devait se serrer la ceinture et faire des efforts pour ne pas sombrer dans le tourment à l'image de la Grèce.
Depuis ce week-end, on nous explique alors qu'il va falloir toujours plus d'efforts pour ne pas aggraver la situation et espérer récupérer notre note dans un futur plus ou moins proche.
En somme, avec le AAA le peuple trinque et sans le AAA le peuple trinque aussi. Ce qui est bien avec ces gens là c'est que dans tous les cas ce sont toujours les mêmes qui payent les pots cassés.

En fait, il apparaît clairement que la note des Etats est devenue l'alpha et l'oméga des politiques menées par les différents gouvernements en place. Ainsi, les réformes entreprises n'ont plus pour objet de servir le collectif et de contribuer à l'intérêt général. A l'inverse, leur but est de plaire aux agences de notation et d'aller dans leur sens (privatisation, libéralisation …) afin de gagner un court sursis avec la dégradation.

Un tel comportement est clairement contre-productif car dans la situation actuelle toutes les économies, en particulier européennes, seront dégradées à terme. Seul le moment auquel cela interviendra est incertain. Chercher à lutter reviendrait à écoper le Costa Concordia à la petite cuillère.

Pour autant, cela signifie-t-il que tout est perdu ? Je ne le crois pas. Bien au contraire. En effet, les agences de notation n'ont pas été créées hier. Or cela fait seulement quelques années que l'on en entend parler. Pourquoi alors se préoccuper de l'avis de ces entités qui n'ont aucune légitimité ? Pourquoi tenir compte de l'avis de sociétés privées qui ont aggravé la crise financière en notant AAA les subprimes ?

Il est clair qu'aujourd'hui ces agences de notation ont une réelle responsabilité dans l'ampleur de la crise de la dette comme l'appellent certains. De fait, celles-ci sont le centre d'un véritable cercle vicieux dans la mesure où la note attribuée influe sur les taux d'intérêt auxquels les Etats empruntent, taux ayant eux-mêmes une incidence considérable sur la situation économique d'un pays.

Indéniablement, et selon toute logique, il semble urgent de sortir de cet engrenage. Pour ce faire, une solution simple existe. Celle-ci n'est toutefois pas orthodoxe puisqu'elle implique de remettre en cause le système actuel.
La dette est aujourd'hui un fléau pour les économies modernes. Pas sur son principe bien évidemment mais plutôt sur son volume qui a atteint des niveaux faramineux. Or il s'avère que la dette de l'Etat Français (environ 1 700 milliards d'euros) correspond peu ou prou à la somme cumulée des intérêts pays depuis 1973, date de la loi Pompidou-Giscard interdisant le financement de l'Etat auprès du Trésor public.

Pour faire simple, la France et les autres nations européennes empruntent sur les marchés financiers à un taux compris entre 3 et plus de 10 % de l'argent prêté par la BCE (Banque Centrale Européenne) aux banques privées à 1 %.
L'alternative "light" serait alors d'obliger la BCE à financer directement les Etats en se passant des intermédiaires privés qui réalisent au passage des bénéfices record. Dans la version plus "extrême", cela consisterait à ce que chaque Etat puisse emprunter à leur banque centrale (la banque de France en ce qui nous concerne) à des taux très faibles voire nuls.

A l'heure actuelle nos dirigeants ne semblent pas vouloir entendre parler de ces solutions qu'ils évacuent sans en discuter alors même qu'elles sont avancées à la fois par des économistes (Jacques Sapir, Jacques Généreux …) et des politiques (Nicolas Dupont-Aignan, Jean-Luc Mélenchon …).
La remise en cause de notre triple A, synonyme d'emprunts bon marchés, pourrait alors complément changer la donne et relancer le débat autour de ces questions.

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