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5 avril 2012 4 05 /04 /avril /2012 19:32

Dans moins de trois semaines maintenant, les Français seront appeler à voter pour le premier tour de l'élection présidentielle. Bien que les sondages nous annoncent un duel Hollande-Sarkozy pour le 6 mai, rien ne semble encore fait tant un grand nombre d'électeurs sont indécis. S'ajoutant à cela la probabilité d'une forte abstention.

 

En ce moment, c'est d'ailleurs la question du niveau d'abstention qui fait la une des journaux. Qui ? Combien ? ... En réalité le plus intéressant est clairement le pourquoi. Pourquoi les gens refusent de se rendre aux urnes ?

 

Evidemment l'abstention n'est pas un phénomène nouveau dans la mesure où son taux est longuement analysé et décortiqué à chaque élection. Pour autant, les présidentielles suscitent traditionnellement un engouement, ce qui ne semble pas être réellement le cas cette fois-ci. Les causes sont incontestablement multiples mais je crois que trois se dégagent particulièrement.

 

Tout d'abord, il apparaît que la crédibilité des candidats et l'espoir qu'ils occasionnent tend à s'éroder avec le temps et les promesses non tenues. Ainsi, en 2007, Nicolas Sarkozy avait fait une excellente campagne, se posant en chantre du renouveau, de la rupture ... avant de doucher l'enthousiasme des Français par son comportement et ses réformes douteuses. Cette énième déception incite donc les électeurs à faire preuve de davantage de prudence et de retenue, quitte à se réfugier dans l'abstention.

 

Ensuite, le sectarisme affligeant, honteux et même antidémocratique des médias n'arrange en rien les choses. De fait, on nous rebat sans cesse les oreilles avec François Hollande et Nicolas Sarkozy, comme si le premier tour était joué d'avance et que son issue était inéluctable. Or il ne faut pas oublier qu'il y a bien dix candidats en course et pas seulement deux comme les partisans d'un bipartisme aimeraient nous le faire croire. Comment espérer voir émerger une alternative à l'UMP et au PS dès lors que ces deux partis s'accaparent sans vergogne la majorité du temps de parole ?

 

Enfin, il est clair que le niveau de la campagne n'incite en aucun cas à se déplacer pour aller voter. De fait, les soi-disant "grands candidats" comme on les appelle préfèrent se tirer dans les pattes plutôt que débattre des sujets qui intéressent vraiment les Français. Sarkozy comme Hollande, candidats somme toute peu enthousiasmants, ont tout à gagner à privilégier le futile sur l'essentiel puisque cela leur permet de ne pas prendre de risque. Remarquons d'ailleurs que les médias les confortent en cela en les ménageant grandement lors de leurs interventions. Il est tellement plus facile et plus confortable de parler de viande halal que de s'exprimer sur la question de l'euro, du protectionnisme ou encore du sort de la Grèce.

 

En fait, les premiers responsables de l'abstention ce sont nos responsables politiques qui se complaisent dans leur médiocrité. Il n'est d'ailleurs pas étonnant que la candidature de Jean-Luc Mélenchon prenne de l'ampleur. En effet, c'est l'un des rares candidats, avec quelques autres, à mettre sur la table les solutions qu'il propose pour relever notre pays. On peut être d'accord avec lui ou non, là n'est pas le problème, mais il a au moins le mérite de bousculer un peu ceux qui font la course en tête et en particulier François Hollande doit son succès essentiellement sur le rejet de Sarkozy.

 

Pour finir, je ne peux m'empêcher de faire allusion à la polémique autour du temps de parole des différents candidats. Cela serait d'un comique à toute épreuve si la situation n'était pas aussi grave. Après une période d'équité plus que douteuse où chaque candidat se voyait attribuer un temps d'antenne proportionnel à ses sondages, nous sommes entrés dans une période d'égalité de temps de parole. Celle-ci doit normalement permettre à chaque candidat d'avoir un accès égal aux médias afin de se faire connaître de la population.

 

Or sous prétexte de complexité d'organisation, la plupart des chaînes de télévision ont supprimé leurs émissions politiques, interdisant ainsi l'expression légitime du pluralisme politique. De là à penser que cela a été fait à dessein pour favoriser les deux favoris, il n'y a qu'un pas ... que l'on peut aisément franchir je crois. Cela d'autant plus que les chiffres du CSA sont accablants : Hollande et Sarkozy ont accaparé 60 % du temps d'antenne depuis le 1er janvier 2012, laissant des miettes aux autres.

 

Par chance, et grâce à l'intervention de Nicolas Dupont-Aignan rejoint ensuite notamment par François Bayrou, France 2 va organiser deux émissions en prime time réunissant chacune cinq candidats. Evidemment cela n'est pas la panacée, particulièrement du fait de l'ingérence des candidats de l'UMPS qui ont refusé d'être confrontés l'un à l'autre, dans la mesure où il n'y aura pas réellement de débat mais une succession d'interviews. Pour autant, il faudra s'en contenter car c'est, semble-t-il, la seule chose que nous aurons. A moins que les journalistes se décident enfin à faire leur métier, c'est-à-dire informer les gens.

 

En cela il faut se féliciter de l'existence d'internet qui permet aujourd'hui (mais pour combien de temps encore ?) d'accéder librement à un contenu riche et varié sans censure ni orientation comme le font la plupart des médias dont les patrons sont des industriels proches du pouvoir. 

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