Les 906 sénateurs et députés, réunis aujourd'hui en congrès, ont adopté, par 539 voix pour, 357 voix contre et 9 abstentions, le projet de loi de modernisation des institutions. La réforme a donc été votée à 1 voix près.
Il apparaît également que cette réforme (la 24ème depuis 1958) n'est pas forcément indispensable, comparativement à tous les chantiers, autrement plus important, devant être entrepris.
Voici les principales mesures que les parlementaires ont approuvées ainsi qu'un bref commentaire sur chacune d'elles.
- Limitation du nombre de mandats présidentiels à deux consécutifs
- Possibilité pour le Président de s’exprimer devant le parlement réuni en Congrès
Ce dispositif me paraît assez juste car elle maintient la grâce à titre individuel tout en empêchant des grâces massives, telles que celles du 14 juillet, qui ne sont pas forcément raisonnables.
- Encadrement des pouvoirs exceptionnels du président
- Droit de veto du parlement (majorité des 3/5) pour les nominations les plus importantes
Je pense sincèrement que ce point est très important et aurait dû être mis en place bien avant. Pourtant, il faudrait également plafonner le nombre de collaborateurs ministériels afin d’éviter de creuser encore plus le déficit public.
- Reprise du mandat de parlementaire pour les membres du gouvernement cessant leurs activités ministérielles
- Obligation d’informer, dans les trois jours, le Parlement de l’envoi de troupes à l’étranger et d’obtenir son approbation au-delà de quatre mois d’intervention
- Examen des textes issus des commissions et non ceux du gouvernement, à l’exception du budget
- Maitrise de la moitié de l’ordre du jour par les assemblées
- Limitation du recours de l’article 49-3 (permet de faire adopter une loi sans vote en mettant en jeu la responsabilité du gouvernement) aux seules lois de finances, de sécurité sociale et à un autre texte par session
L’article 49-3 étant assez peu utilisé, sa limitation est plus symbolique qu’autre chose.
- Augmentation du nombre de commissions permanentes de six à huit
Cette résolution est utile si ces nouvelles commissions sont réellement nécessaires.
- Création d’un référendum d’initiative populaire initié par 1/5 des parlementaires et soutenus par 1/10 des électeurs
La création de ce référendum est, à mon avis, le point central de ce projet de loi. L’idée est formidable mais il faut veiller à ce que sa mise en pratique ne soit pas trop compliquée. En outre, il faut également faire attention à ce que ce référendum soit utilisé à bon escient et non pour des sujets futiles.
- Maintien du référendum pour toute nouvelle adhésion à l’Union Européenne sauf si la majorité des 3/5 des parlementaires ne saisisse le président
Cet article a finalement peu d’incidence sur le cours des choses mais il a le mérite de calmer les contestations relatives à l’entrée de la Turquie dans l’UE.
- Augmentation du nombre de sénateurs (de 331 à 348)
Ce dispositif semble assez malvenu quand on voit le déficit du pays. Aussi, une hausse du nombre de sénateurs va immanquablement creuser ce déficit.
- Représentation des Français de l’étranger au Sénat et à l’assemblée Nationale
Cette mesure ne me semble pas forcément justifiée car même si le Parlement doit représenter tous les Français, je crois que les Français vivant loin du territoire national (les DOM-TOM font parti de ce territoire) n’ont pas à interférer dans les lois du pays car ils ne seront pas concernés par celles-ci.
- Possibilité pour tout citoyen de saisir le Conseil Constitutionnel à travers le filtre du Conseil d’Etat et de la Cour de Cassation
C’est une bonne chose que la Cour de Cassation et le Conseil d’Etat filtrent les demandes mais il ne faut pas que cela complique et allonge trop la procédure.
- Création d’un défenseur des droits des citoyens qui recueillera les réclamations des personnes s’estimant lésées par un service public
Il faudra voir en pratique si cela est plus avantageux de recourir à ce défenseur que de s’adresser au tribunal administratif.